Oryx algazelle

Oryx dammah (Cretzschmar, 1826)

Scimitar-horned oryx, White oryx, SaharaOryx

Ordre des Cétartiodactyles, famille des Bovidés, genre Oryx

Hauteur au garrot: 110 à 125 cm
Poids du mâle: 165 Kg en moyenne, 200 Kg maximum.
Poids de la femelle: 150 Kg en moyenne.
Longueur des cornes: 100 cm (70 à 127 cm).
Gestation: Environ 8,5 mois.
Nombre de petits par portée: 1
Longévité: 19 à 20 ans en captivité (record 27 ans).

Lien vers fiche IUCN.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelleOryx dammah – Réserve de faune de Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

1. Description, sous espèces et variantes géographiques

1.1. Description
L’oryx algazelle appelé aussi oryx de Lybie, Oryx à cou roux ou encore Algazel est une antilope robuste au pelage court blanc crème avec le poitrail et le cou roux.
Une bande rousse est également présente sur le chanfrein ainsi qu’une tache sur le front à la base des cornes.
Le ventre est blanc, la queue est terminée par une touffe épaisse avec les poils terminaux foncés.
Le dimorphisme sexuel est peu marqué en dehors d’un corps moins massif chez la femelle ainsi que des cornes plus fines.
Les oryx algazelle mâles comme femelles sont dotés de longues cornes aux pointes très effilées, peu divergentes et recourbées vers l’arrière chez les deux sexes.
Ces cornes sont striées sur le tiers ou la moitié inférieure puis lisses jusqu’à la pointe.
Trophée record, 127 cm chassé au Tchad dans la région de Fada en 1959. (source : Les antilopes d’Afrique P-J Corson)

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelleoryx dammah – Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

1.2. Sous espèces et variantes géographiques
Espèce mono-typique.

2. comportement

L’algazelle est un mammifère grégaire, qui vivait en groupes de 10 à 20 individus.
Lors de migrations saisonnières à la recherche des pâturages, ils se regroupaient parfois en bandes de plusieurs centaines voire plus d’un milliers d’individus.
En 1936 un groupe d’environ 10.000 individus a été observé au Tchad (Source The antelope of Africa, Willem Frost 2014).
Seuls quelques vieux mâles vivaient de manière isolée, il arrivait parfois que certains rejoignent des groupes de gazelles dama.
La dominance entre mâle peut aller jusqu’à des affrontements et des combats violents. (cornes cassées, blessure graves).
En saison chaude l’oryx cherche l’ombre de petits arbres tels que les acacias.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahGroupe d’oryx algazelleoryx dammah – Réserve de faune de Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

3. reproduction

La gestation dure environ 250 jours.
Les femelles se séparent du troupeau pendant environ 1 à 3 semaines autour de la période de mise bas.
Les veaux pèsent en moyenne environ 8 à 9 kg à la naissance et sont de couleur brun roux clair pendant les 2 à 3 premiers mois, le pelage atteint la coloration adulte entre 3 et 6 mois.
Les bourgeons de corne (2 à 5 cm) sont visibles à la naissance.
Pendant les 3 à 8 premières semaines, entre les périodes d’allaitement les veaux passent la plupart de leur temps cachés dans la végétation avec d’autres veaux du même âge.
Le sevrage a lieu entre 6 et 10 mois.
Les oryx dammah atteignent la maturité sexuelle entre 1 et 2 ans et demi.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahJeune oryx algazelleoryx dammah – Zoo African Safari – Plaisance du Touch

4. biologie et anatomie

Les reins spécialisés des oryx algazelle empêchent la perte excessive d’eau par l’urine, tandis que la transpiration est minimisée par l’augmentation de la température corporelle.
Le pelage clair de l’oryx limite l’échauffement par le rayonnement solaire.
Pour limiter l’échauffement, l’algazelle reste inactif aux heures chaudes.
Contrairement aux autres oryx, l’algazelle possède des glandes pré-orbitales.
Ses sabots sont assez larges et adaptés à la marche sur un sol sableux.
La vue et l’odorat de cette antilope sont très développés.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahCornes de l’oryx algazelleoryx dammah – Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

5. regime alimentaire

Le régime de base des oryx algazelle est composé de graminée, de légumineuses. Ils consomment aussi lorsque cela est possible des gousses d’acacias tortillis.
Ils broutent plutôt le matin de bonne heure, le soir et la nuit, bénéficiant d’un peu de rosée sur les végétaux et ruminent pendant la journée.
L’algazelle est non dépendant de l’eau, il s’hydrate par l’eau contenue dans son alimentation. Cependant, il boit si de l’eau est disponible, mais peut passer des mois sans en consommer.
La consommation de courges sauvages du désert Citrullus colocynthis (coloquinte officinale) leur apporte une grande partie de l’eau nécessaire.
Les oryx algazelle migraient du Nord au Sud et du Sud au Nord en fonction des pluies et de la disponibilité en nourriture.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelle mangeant Citrullus colocynthisOryx Dammah – Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

6. prédateurs

Originellement le guépard, l’hyène tachetée et le lycaon qui partageaient autrefois son aire de répartition.
Eventuellement chacals et hyène rayée pour les jeunes et les animaux défaillant.
Pas de prédateur pour les sujets adultes (à part l’homme).

7. Habitat, distribution et évolution de la répartition

7.1. Habitat
Régions subdésertiques arides et semi arides.
Plaines herbeuses bordant le désert (Au Nord et au Sud du Sahara).

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelle dans son milieux de vieoryx dammah – Réserve de faune Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

7.2. Distribution
Originellement présent du Maroc à l’Egypte et de la Mauritanie au Soudan.
L’oryx algazelle était autrefois très répandu dans les zones semi-arides sahélo-sahariennes au nord et au sud du désert du Sahara, de l’océan Atlantique à la rivière du Nil.
L’aire de répartition de l’oryx dammah a été en constante régression depuis l’antiquité.
Les pays de l’aire de répartition originelle sont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte au nord du Sahara, la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Nigéria, le Tchad et le Soudan en Afrique subsaharienne.

7.3. Evolution des populations sauvages
Considéré comme commun vers 1900, il avait déjà disparu d’Egypte vers 1850, puis de Tunisie en 1906.
Au Maroc en zone frontalière avec la Mauritanie, les derniers individus ont été observés en 1959.
Une population de plus de 3.500 individus a survécu sous protection au Tchad dans la réserve de faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim jusqu’en 1978, mais entre 1978 et 1986, la protection dans la réserve a été abandonnée en raison de troubles politiques et de guerre civile.
Ce fût le dernier bastion des oryx algazelle sauvages.
Il ne restait vers 1985 qu’environ 500 individus répartis entre le Tchad (Ennedi) et le Niger (Aïr).
Depuis 1983, aucun individu n’a été observé dans la nature.
Officiellement déclaré éteint à l’état sauvage par l’IUCN en 2009.

7.4. Evolution des populations captives
Au milieu des années 60, des oryx algazelle (entre 40 et 50 individus) ont été capturés au Tchad et ont été placés dans différents parcs zoologiques à travers le monde.
Des programmes d’élevage ont été mis en place, programme Européen sur les espèces menacées (EEP) et plan de survie des espèces des zoos et aquarium Américains.
La majorité des oryx dammah vivant actuellement dans les zoos sont les descendants de ces animaux.
Une importante population d’Oryx algazelle vit également dans des collections privées aux Emirats Arabes Unis (Abu Dabi), celles-ci, constituées dans les années 70 descendent d’animaux capturés dans le Nord du Soudan et représente une lignée génétiquement distincte de celle des zoos Européens et Américains.
L’Oryx algazelle a prospéré en captivité et en 2018, on estimait qu’il y avait 1675 animaux dans 204 institutions. Il y en a peut-être aussi plus de 4.000 dans des collections privées.
Cependant, bien qu’ils soient bien représentés dans les populations captives, presque tous les individus sont issus d’une base génétique de moins de 40 à 50 animaux capturés au Tchad.

D’autres Oryx dammah sont maintenus captifs et élevés pour la chasse dans un ranch du Texas (Pamandan Ranch) !!!!!

Sur la base des groupes élevés dans les zoos Européens et Américains, des oryx algazelle ont été réintroduits en semi liberté dans des pays de l’aire de répartition originelle.
Ces animaux sont placés dans de vastes enclos au sein de parcs nationaux ou d’aires protégées.
– Tunisie: Première réintroduction en 1985 dans le parc de Bou Hedma, puis en 2007 quelques animaux ont été relâchés dans le parc de Dghoumes.
– Sénégal: Des groupes sont maintenus dans de larges enclos au sein des aires protégées de Guembeul et de Ferlo Nord.
– Maroc: Réintroduits dans le parc de Sous Massa.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelle en captivitéoryx dammah – Réserve de la Haute Touche – France

7.5. Cause de la disparition de l’oryx dammah
Les raisons du déclin catastrophique de l’Oryx algazelle sont bien documentées et comprennent :
– Perte d’habitat et dérangement humain, concurrence avec le bétail.
– Conflits divers et guerres civiles.
– Chasse de subsistance et de loisir.
– Grandes sécheresses.

7.5.1 Chasse et conflit
Déjà dans l’antiquité les égyptiens et les romains chassaient les Oryx algazelle.
Cette belle antilope était un gibier traditionnel pour les Touaregs et une cible de choix pour les chasseurs occidentaux qui les tuaient pour leurs magnifiques cornes.
(Relevé sur internet en 2022: « A vendre, corne d’oryx algazelle, trophée de chasse de 1907, 1.700 € »)
La pression sur l’espèce s’est accentuée pendant la période coloniale où de véritables massacres eurent lieu.
Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahLes parties de chasse utilisant des véhicules tout-terrain et des armes à feu modernes ont remplacé les méthodes traditionnelles reposant sur l’usage de lances, de dromadaires, de chevaux et de chiens, ce qui accéléra la disparition de l’espèce.
L’oryx dammah était aussi braconné par les nomades, les prospecteurs  pétroliers et miniers ainsi que les militaires présents sur son aire de répartition.
Ils ont été chassés jusqu’à leur extinction en 1914 au Sénégal, en 1950 au Burkina Faso, en 1960 en Mauritanie.
Actuellement il est possible de tuer des oryx algazelle dans des ranchs privés comme le Pamandan Ranch au Texas où ces bovidés sont élevés pour cela.
Situation paradoxale où certains vouent leur existence à la survie des oryx pendant que d’autres les flinguent pour se distraire et satisfaire leur vanité !!!!!!!
Durant la seconde guerre mondiale, les oryx ont servi à approvisionner les troupes en viande, mais le glas de l’algazelle fut sonné dans les année 80 avec les guerres civiles au Tchad.

7.5.2 Perte de territoires (pétrole, expansion humaines).
Leur disparition est également le résultat de la perte d’habitat et de la dégradation des pâturages par le surpâturage des troupeaux domestiques accentué par de graves sécheresses.
Le surpâturage s’est agravé avec la sédentarisation des nomades et l’augmentation du nombre et de la taille des troupeaux.
Le territoire des oryx algazelle autrefois partagé uniquement par les populations locales a été empiété par les prospections puis exploitations minières et pétrolières.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelle avec jeuneoryx dammah – Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

7.6. Le retour de l’oryx sauvage, un espoir de renaissance avec le SCF.
Le projet oryx mené conjointement par le Sahara Conservation Fund, l’Agence pour l’Environnement d’Abu Dabi et le ministère de l’environnement et de la pêche du Tchad a été officialisé en 2014 par la signature d’un accord entre ces trois entités.
Piloté par le SCF depuis la « base oryx » à l’Est de la réserve de faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim (OROA), le projet a pour but (entre autre) de rétablir une population viable d’environ 500 oryx algazelle oryx dammah à maturité sexuelle dans une zone faisant partie de l’aire de répartition originelle de l’espèce.
Les 25 premiers oryx en provenance d’Abu Dabi ont été transférés au Tchad dans la réserve de OROA le 23 mars 2016, puis 8 autres groupes de 25 suivirent.
Les animaux fraîchement arrivés d’Abu Dabi passent 4 à 6 mois dans des enclos d’acclimatation pour les habituer à l’environnement mais surtout pour faire la transition vers leur nouvelle alimentation naturelle.
Ils sont progressivement sevrés du fourrage et des granulés qui sont leur quotidien en captivité et apprennent à consommer les graminées locales et les coloquintes sauvages citrullus colocynthis abondantes dans la région.
Ils sont ensuite relâchés en totale liberté, équipés de colliers GPS avec numéro d’identification et baguage aux oreilles. Ces accessoires sont indispensables pour assurer un suivi de la dispersion et de l’évolution des populations « redevenues sauvages ».
Ils disposent ici d’un territoire favorable, sans concurrence (pour le moment) avec le bétail car il n’y a pas d’eau dans ce secteur, toutes les tentatives de forages même profonds étant restées infructueuses.
En 2021, la population d’oryx algazelle était comprise entre 350 et 360 individus dont près de 200 nés au Tchad depuis 2016.
La base de cette population est constituée des 218 animaux relâchés auxquels s’ajoutent ceux nés au Tchad.
En 2021, des animaux nés dans la réserve de faune d’OROA ont à leur tour donné naissance à une nouvelle génération d’oryx dammah.
Le « projet oryx » est l’un des plus grands projets de réintroduction de mammifères au monde.
Est-ce que l’oryx algazelle est pour autant tiré d’affaire ? Rien n’est certain.
Malgré un taux de mortalité très faible principalement du à la transmission de maladies par le bétail et parfois à l’ingestion de déchets, deux menaces pèsent sur le destin de la faune de Oudi Rimé – Ouadi Achim. La venue d’une grande période de sécheresse sévère et les feux de brousse qui anéantiraient les pâturages des oryx (mais aussi des addax et des gazelles dammah en cours de réintroduction elles aussi). La lutte contre les feux de brousse est une des missions des équipes de la « base oryx » qui réalise et entretient de grandes zones coupe-feu.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahOryx algazelle avec collier GPSoryx dammah – Ouadi Rimé Ouadi Achim – Tchad

8. informations complémentaires

8.1. Les oryx algazelle à travers l’histoire
Dans l’antiquité, l’oryx algazelle était présent sur le sol égyptien. A cette époque, il était chassé et élevé pour sa viande et son cuir, en témoignent de nombreuses représentation sur des peintures, bas reliefs ou vases de l’Egypte antique.

Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammahImage de gauche, IIIème dynastie d’après W.M. Flinders Pétrie 1892. Image de droite, XIIème dynastie d’après Percy. E. Newberry 1893.
Extrait de: Mortet Victor, Gaillard Claude. La Faune momifiée de l’ancienne Egypte et Recherches anthropologiques (3e, 4e et 5e séries). In: Archives du Muséum d’histoire naturelle de Lyon, tome 10, 1909. pp. 1-336. Voir lien en fin d’article.

Au moyen âge, le cuir des oryx algazelle était exploité au Maghreb, en Espagne et jusqu’en Europe Centrale pour la confection de boucliers.

Les Touaregs utilisaient également des boucliers en peau d’oryx algazelle, ils étaient fabriqués par des artisans du Mali et du Niger. Le cuir très résistant après un tannage adapté était efficace contre les flèches, les coups d’épée et les sagaies. Ces boucliers sont devenus obsolètes fin XIXème début XXème siècle avec la généralisation des armes à feu.
Les bérbères utilisaient également le cuir de l’oryx pour la confection de boucliers, de cordes, de sacs, etc.

8.2. Iconographie
Les premières représentation iconographiques d’oryx algazelles se retrouvent dans des peintures et gravures rupestres du Sahara datées d’environ 8.500 ans.
L’Egypte antique regorge également de représentations de ce mammifère (voir paragraphe 8.1.)

Quelques timbres représentant l’oryx dammah.
Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammah

Pièce de monnaie du Soudan et de Somalie à effigie de l’oryx algazelle.
Oryx algazelle Scimitar-horned oryx oryx dammah

9. Bibliographie

– Dorst, J & Dandelot, P. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Corson, P.-J. 2004, Les antilopes d’Afrique, Gerfaut.
– Morrow, C. Molcanova, R. Wacher, T. 2013. Mammals of Africa, Volume VI, Bloomsbury.
– Le Berre, M. 1990. Faune du Sahara, 2, Mammifères, Terres Africaines.
Aulagnier, S. Cuzin, F. Thévenot, M. 2017. Mammifères Sauvages du Maroc, SFEPM.
Frost, W. 2014. The antelope of Africa, Jacana.
Castello, J.R. 2016, Bovids of the world, Princeton University Press.
– Bourgoin, P. 1955. Animaux de chasse d’Afrique. La Toison d’Or.

10. liens

Oryx dammah.
La Biologie, l’Élevage et la Conservation de l’Oryx Algazelle (Oryx dammah).
La faune momifiée de l’ancienne Egypte. (voir à partir de la page 159).
Adargue médiéval et bouclier Touareg. Encyclopédie Bérbère.
Site du Sahara Conservation Fund.
La réintroduction des oryx et addax au Tchad : un rêve devenu réalité.
Abu Dhabi sends critically endangered animals to Chad.
Influence des régimes de feux sur les pâturages de l’oryx algazelle à l’aide de la télédétection: cas de la Réserve de Faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim (Tchad).