Auteur/autrice : Dominique

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Avril 2023

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

SAHEL : vers un plan d’action pour la conservation de la faune sauvage.
Nigeria considers stringent legislation to protect endangered species.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Wildlife trafficking gradually returns after pandemic lull, mostly by sea.
GABON : quatre présumés trafiquants d’ivoire, interpellés à Makokou.
Illegal pangolin widely used in China’s hospitals, pharmacies.
The scale of the problem: understanding the demand for medicinal pangolin products in China.
How politics, economics and corruption fuel live great ape trafficking.
Wild meat consumption in urban Sierra Leone during the Covid-19 pandemic.
Trio of rhino KNP poachers handed prison terms totalling over 100 years.

Primates:

Gelada.
Quantifying allo-grooming in wild chacma baboons (Papio ursinus) using tri-axial acceleration data and machine learning.
Selon une étude, les chimpanzés guinéens pêcheurs de crabe se portent bien, mais les menaces planent.
Camera trap images of rare gorillas with infants bring hope in DRC.

Herbivores / Herbivorous:

Genetic research boosts conservation efforts for critically endangered antelope.
Pachyderm perfume: How African elephants use odor to communicate.
TCHAD : une reprise subite du braconnage d’éléphants inquiète la société civile.
Wild African elephants may have domesticated themselves.
Conservation management strategy impacts inbreeding and mutation load in scimitar-horned oryx.
Hippos Are in Trouble. Will an Endangered Listing Save Them?

Carnivores / Carnivorous:

New Sand Cat Science Revealed.
How Can Lions Coexist with People?
TCHAD : après 20 ans d’absence, le lion réapparait dans le parc national de Sena Oura.

Autres mammifères / Others mammals:

A new book about « The Mammals of Malawi ».
Habitat mosaic as a driver of the resilience of native species: The case of the assemblage of small mammals from the city of Franceville, Gabon.
Le sauvetage d’un lac camerounais d’une plante envahissante redonne espoir pour le lamantin d’Afrique menacé d’extinction.

Autres nouvelles / Others news:

Case challenging the construction of the EACOP kicks off.
Biogas project offers lifelines to Kenyan community, forest, and rare species.
They ripped through a protected wilderness to find oil. Instead, they found trouble.
Naming and gaming: The illicit taxonomic practice of ‘nomenclatural harvesting’ and how to avoid it.

Lion

Panthera leo

Lion

Ordre des Carnivores, famille des Félidés, genre Panthera

Hauteur au garrot: 0,9 à 1,2 m pour le mâle, 0,8 à 1,1 m pour la femelle.
Poids: 140 à 225 Kg pour le mâle, 110 à 180 Kg pour la femelle.
Le poids record reviendrait à un lion du Transvaal qui pesait 313 Kg.
Longueur du corps: Mâle 136 à 198 cm, femelle 150 à 210 cm.
Longueur de la queue: 85 à 90 cm
Gestation: Environ 110 jours
Nombre de petits par portée: 1 à 6, 2 à 3 en moyenne.
Longévité: Environ 12 – 15 ans à l’état sauvage, 20 ans et plus en captivité.
Lien vers Fiche IUCN


Lion panthera leoLion – Parc National de Liuwa – Zambie

1. Description, sous espèces et variantes géographiques

1.1. Description

Le lion fait partie avec le léopard du genre Panthera c’est le plus grand des carnivores africains.
C’est un animal au corps trapu, musclé et allongé, muni de pattes assez volumineuses.
La taille des individus est très variable en fonction des régions (climat, milieu, abondance de nourriture). Ils sont par exemple plus grands en Afrique Australe. Les femelles sont de 20 à 50 % plus petites que les mâles.


Lion panthera leoLionne – Parc national de la Ruaha – Tanzanie

La couleur du pelage est fauve plus ou moins foncé avec le ventre et la face intérieure des membres plus clairs que le corps (crème à presque blanc).
Les jeunes sont de couleur fauve avec des taches en forme de rosettes. Leur pelage devient uniforme en grandissant, cependant ces taches persistent parfois chez les sujets plus âgés, surtout en Afrique de l’Est et principalement chez les femelles.
Seuls les mâles portent une crinière qui apparaît vers l’âge de 2 à 3 ans. Celle-ci est de taille (longueur et épaisseur) et de couleur très variable en fonction des régions, du climat, de l’âge et des spécimens. La teinte peut varier du blond au noir en passant par l’ocre ou le brun roux.
La couleur de la crinière fait partie du patrimoine génétique et a tendance à foncer avec l’âge. L’abondance de la crinière est liée également à ce patrimoine mais aussi à la production de testostérone.

Lion panthera leo
Certains lions n’en portent pas, ou très peu. Les lions castrés perdent leur crinière.
La crinière s’étend des joues jusqu’aux épaules, au dessus de la nuque, sous le cou jusqu’au ventre voire même sur l’arrière des pattes antérieures. Elle peut parfois se poursuivre par une frange sous le ventre.
Le rôle de la crinière n’est pas connu avec certitude, mais on pense qu’elle assure une protection de la tête et du cou lors des combats et qu’elle représente un symbole de force. Suite à des expériences avec des peluches ou des maquettes il semblerait que les femelles préfèrent les mâles avec une crinière foncée. Les mâles à crinière abondante et foncée sont plus craints par leurs rivaux. La crinière devient abondante vers 4 à 5 ans. Elle continue de foncer avec l’âge jusque vers 9-10 ans.
Les lions sont les seuls félins à posséder un tel dimorphisme sexuel.
Il existe cependant des cas de femelles portant des crinières. Entre 2014 et 2016, dans le delta de l’Okavango au Botswana, 5 lionnes à crinière ont été suivies par des scientifiques. Cette abondance pilleuse est due à un dérèglement hormonal induisant un taux de testostérone anormalement élevé.
En 2011, un cas semblable a été observé au zoo de Prétoria en Afrique du Sud sur une lionne âgée de 13 ans. Le taux de testostérone élevé s’est résorbé en même temps que la crinière suite à une ablation des ovaires. Plus récemment en 2018 au zoo d’Oklahoma City aux USA, une lionne de 18 ans a développé une crinière dont l’origine était une tumeur bénigne au niveau des glandes surrénales.

Lion panthera leo
Le museau des lions comporte 4 ou 5 rangées horizontales de moustaches (vibrisses).
La base de celles-ci est marquée par des taches noires de 1 à 2 mm de diamètre qui permettent de différencier les individus entre eux.
Les oreilles arrondies comportent une tache noire sur la face arrière. La queue est terminée par un toupet de poils noirs.

1.2. Sous espèces et variantes géographiques

Onze ou douze sous espèces (voire même jusqu’à plus de 20) étaient autrefois reconnues, contre seulement 8 en 2004.
A partir de 2008 l’UICN ne reconnait que deux sous espèces de lions, le lion d’Afrique Panthera leo leo et le lion d’Asie Panthera leo persica.
En 2015, la biologiste Laura Bertola a mis en évidence par des analyses génétiques que les lions d’Afrique Occidentale et les lions d’Afrique Centrale (ains que le lion de Barbarie aujourd’hui disparu) sont plus proches du lion d’Asie que des lions d’Afrique Australe et de l’Est.
En conséquence, les 2 sous espèces aujourd’hui reconnues depuis 2015 sont (source IUCN/SSC Cat Specialist Group):
Panthera leo leo pour les lions d’Afrique Centrale et Occidentale ainsi que pour le lion indien (inclus les sous espèces éteintes d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe du Sud-Est).
Panthera leo melanochaita pour les lions d’Afrique Australe et Orientale.

Cependant il est souvent encore fait mention des variantes géographiques suivantes :
(West, P.M. & Packer, C. 2013. Mammals of Africa, Volume V)
Panthera leo azandica, Nord Est de la RDC, parfois appelé lion d’Ouganda.
Panthera leo bleyenberghi, lion d’Angola ou lion du Katanga, Sud RDC et zone frontalière avec la Zambie et l’Angola.
Panthera leo krugeri, lion du Transvaal, région du Kalahari, Est de l’Afrique du Sud.
Panthera leo leo, lion de Barbarie (ou lion de l’Atlas), le plus grand des lions modernes qui était présent au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Egypte. Eteint à l’état sauvage (il resterait quelques spécimens en parc zoologique).
Panthera leo melanochaita, Lion du Cap, région du Cap en Afrique du Sud. Eteint.
Panthera leo nubicus ou nubica , lion de Nubie, lion Massai, Nord Est de l’Afrique l’Est.
Panthera leo senegalensis, lion du Sénégal, Afrique de l’Ouest et Est de la Centrafrique.

Lion panthera leoLes lions blancs: Il ne s’agit pas d’une sous espèce, mais de spécimens (rares à l’état sauvage) atteints de leucisme ou leucistisme. C’est une particularité génétique due à un gène récessif qui donne une couleur de pelage qui va du crème au blanc. L’extrémité de la queue et la crinière sont également clairs. Les yeux des lions blancs peuvent être de couleur normale (doré) ou gris-bleu.
Ces lions blancs sont assez abondants dans les zoos puisque élevés de manière à être présentés comme une espèce attractive pour les visiteurs. Cependant, malgré la publicité qui est faite autour d’eux, ils ne présentent pas d’intérêt particulier en terme de conservation du lion d’Afrique. (photo: Lion blanc – Zoo de Pont-Scorff).

Cas d’érythrisme : Lion panthera leoEn dehors des lions blancs, il existe une autre variante de lion lié à la génétique. Il s’agit de sujet roux avec les coussinets et les lèvres roses. Le toupet de la queue est également dépigmenté de noir. Cette coloration très rare chez les lions est provoquée par l’érythrisme ou érythrochomie qui génère une absence de pigments noirs et un excès de pigments rouges. Elle touche les mammifères (léopards), les oiseaux et aussi les insectes. Le sujet en photo ci-contre, baptisé «Ginger» est un lion mâle âgé de 10 ans, très célèbre dans la vallée de la Luangwa en Zambie. Dans les années 80, une lionne atteinte d’érythrisme avait déjà été signalée dans la Luangwa.

 

2. Comportement

Les lions sont les seuls félins sociaux. Ils sont grégaires, territoriaux avec un régime matriarcal. Ils vivent en groupes permanents de quelques individus à plus d’une trentaine voire d’une quarantaine. Les groupes sont constitués de femelles (2 à 18) et de jeunes de différents âges.
Ces troupes sont sous la protection et la domination d’un ou deux (voire trois ou parfois plus, jusqu’à 7) mâles adultes dans la force de l’âge (entre 6 et 9 ans). Ces mâles restent à la tête des groupes pendant 2 à 4 ans avant d’être destitués par des mâles plus jeunes et plus vigoureux. Certains peuvent parfois rester 5 ans comme leader en fonction de la concurrence présente sur le territoire et de leur puissance.

Lion panthera leoDeux mâles dans la force de l’âge – Parc National de la Ruaha – Tanzanie

Chez les femelles, il n’y a pas vraiment de hiérarchie. Celles-ci restent en principe dans le même clan toute leur vie, mais certaines peuvent quitter leur groupe en même temps que leurs frères vers l’âge de 3 ans. Les lionnes d’une troupe sont presque toutes apparentées, sœurs, filles, mères, grands mères, cousines, etc.
Vers l’âge de 2 et demi à 3 ans, les jeunes mâles doivent quitter la troupe de leur plein gré ou chassés par leur père.
Les jeunes mâles, les mâles destitués et ceux qui n’ont pas encore pris possession d’une troupe deviennent nomades et vivent en solitaire ou en coalition de mâles (parfois entre frères mais pas nécessairement).
Les jeunes mâles vivent ainsi jusqu’à l’âge d’environ 5 ans, moment où ils sont suffisamment grands et forts pour affronter des mâles établis à la tête d’une troupe, mais certains sujets restent nomades toute leur vie.
Ces félins sont territoriaux, ils vivent sur des territoires stables de 15 à 500 Km2. La taille dépend de la ressource en nourriture, du couvert végétal et de la présence d’eau. Les territoires de plusieurs troupes peuvent se chevaucher partiellement.

Lion panthera leoLes lions se reposent près de 20h par jour dont plus de la moitié de ce temps à dormir, de ce fait ils recherchent l’ombre et la fraicheur dans la journée et ne sont donc actifs que 2 à 4 h par jour.
Les troupes sont rarement réunies au complet et sont souvent fractionnées. Le plus souvent les mâles adultes sont de leur côté, les femelles avec les jeunes d’un autre et les femelles avec nouveaux nés isolées de leur côté. Il sont même parfois tous dispersés après une nuit de tentatives de chasse.
Lors des phases de repos, les lionnes sont souvent à cotés les unes des autres alors que les lions adultes se tiennent un peu à l’écart.

Lors des retrouvailles, même après des séparations de courte durée,Lion panthera leo les lions et lionnes se saluent par des frottements mutuels et des léchages. Les saluts par cognement de tête, léchage du cou, des épaules et de la tête sont des signes de reconnaissance et d’affection. Les liens entre lionnes sont très forts.
Les lions ne tolèrent pas la présence des autres grands félins (léopards, guépards). Ils les chassent et peuvent les tuer s’ ils en ont l’occasion. Ils tuent également les jeunes de ces espèces trouvés sans protection mais en principe ne les mangent pas.
Les lions commencent à rugir vers l’âge de 2 ans. Le rugissement des mâles est beaucoup plus puissant que celui des femelles.

Lion panthera leoLes lionnes et les jeunes sont capables de grimper dans des arbres où ils peuvent rester pour s’y reposer. Ce comportement est plus ou moins rare suivant les endroits et les troupes (assez fréquent à Manyara et Nakuru au Kenya, au Parc Elisabeth en Ouganda).

Le rôle des lions mâles adultes chefs de clans est de défendre leur territoire et leur troupe. Ils affrontent leurs rivaux pour maintenir leur statut de chef de clan et conserver l’accès aux femelles en oestrus. Ils participent parfois aux chasses.

Les femelles chassent et élèvent les petits. Elles assurent environ 80 à 90% des captures de proies pour le groupe.

(Cette description des rôles est très schématique car les mâles chassent aussi mais ils sont moins performants que les femelles car plus lourds et moins rapides. Les femelles peuvent aussi défendre la troupe et surtout leurs petits face à des intrus, lions étrangers ou autres prédateurs).

 

Techniques de chasse
Les techniques de chasse sont très variables en fonction de la taille de la troupe de lions.
Suivant s’ il s’agit d’un mâle solitaire ou en binôme ou d’un groupe de femelles, les proies chassées et les techniques seront différentes. La configuration du terrain influera également sur le comportement. On peut cependant énoncer quelques règles qui sont assez caractéristiques de l’espèce. Les lions chassent surtout de la tombée de la nuit jusqu’au petit matin, mettant à profit leur excellente vision nocturne et profitant de la fraîcheur de la nuit.
Cette règle n’est pas absolue car si l’occasion se présente, ce grand félin peut chasser de jour notamment les phacochères qui sont des animaux diurnes.

Une fois la proie repérée, le schéma classique commence par un affût plus ou moins long où le lion se tient tapis au sol à observer sa future victime. S’ensuit une approche discrète ventre à terre en profitant de la végétation et des accidents de terrain pour se retrouver au plus près de la proie. Cette approche est souvent effectuée en plusieurs fois.
Lorsque le lion s’estime suffisamment proche de l’animal à capturer (environ 30 m) il lance l’assaut jusqu’à bondir sur sa victime, si possible la faire chuter puis l’immobiliser au sol.
Ce félidé est capable de courir à 50 voire 60 Km/h mais sur d’assez courtes distances (guère plus de 100 m). Ce n’est pas un coureur de fond.

Lion panthera leoCi-dessus, sur la photo de gauche (Parc National de Hwange – Zimbabwe), 2 lionnes sont à l’affut d’un troupeau de buffles. Elles passeront à l’attaque avec succès à la tombée de la nuit lorsque les buffles seront dans les bois. Photo de droite (Parc national de la Ruaha – Tanzanie), cette lionne part en approche à la suite d’un phacochère. Cette approche opportuniste sera sans suite.

Le lion étouffe ensuite ses proies en les saisissant à la gorge pour écraser la trachée ou en emprisonnant le museau de sa victime dans sa gueule pour bloquer les deux mâchoires fermées (baiser de la mort). Ces techniques sont appliquées sur des proies jusqu’à la taille du buffle. Pour les proies plus grosses comme les girafes, les hippopotames et les éléphants qui sont en principe chassés par une troupe de lions nombreux, la mort de la victime est malheureusement plus lente et l’animal commence souvent à être dévoré vivant !
Lorsque les lionnes chassent en groupe, la technique peut être plus élaborée avec des individus en embuscade alors que d’autres encerclent et jouent les rabatteurs.
La chasse n’est pas sans risque. Certains herbivores peuvent infliger des blessures graves voire mortelles directement ou indirectement. Coups de sabots de la part des zèbres ou des girafes, coups de cornes de la part des buffles, gnous ou oryx.

Communication
En plus de la communication entre membres de la troupe par les frottements, léchages, grognements et rugissements, les lions communiquent de manière olfactive, principalement pour communiquer leur présence aux lions solitaires et à ceux des autres troupes.
Pour cela, les mâles délimitent le territoire par des jets d’urine, leurs selles et des dépôts de sécrétions de leurs glandes anales sur la végétation. Ils se projettent de l’urine sur les pattes arrières et à terre puis grattent le sol. Le marquage olfactif est aussi assuré par des sécrétions de glandes situées entre les doigts.
Les mâles «marquent» également leur territoire en signalant leur présence par leurs puissants rugissements, audibles à plusieurs (8) kilomètres.

3. Reproduction

Les lionnes atteignent la maturité sexuelle vers 3 ans.
Il n’y a pas de saison de reproduction particulière, mais une synchronisation des naissances dans la même troupe est fréquente.
Les femelles sont réceptives plusieurs fois par an, sauf pendant la gestation et la période d’allaitement. Les chaleurs durent de 1 jour à 1 semaine, en moyenne 4 jours.
Dans l’attente des accouplements, le mâle flaire l’urine des femelles pour évaluer le taux hormonal. Pour cela, il ouvre la gueule et retrousse sa lèvre supérieure, c’est ce que l’on appelle le flehmen. La lionne en chaleur cherche activement un partenaire. Elle tourne autour du mâle, se frotte à lui, se vautre à ses pieds.
Une femelle peut être couverte par plusieurs mâles à la suite.
Il se passe environ 18 à 30 mois entre deux portées.

Accouplement
Pendant la période d’accouplement, le lion et la lionne ne se consacrent qu’à cette tache pendant plusieurs jours (de 2 à 4 jours environ, soit la période d’oestrus de la femelle).
Pour cela, ils ne se quittent pas et s’isolent du reste du groupe. Ils ne chassent pas, ne mangent pas ou très peu. L’accouplement ne dure que quelques secondes, mais il est répété toutes les 10 à 20 mn.
Le rituel est à peu près toujours le même. Le lion saisi la femelle à la nuque et s’accouple. Lorsqu’il se retire, les granulations piquantes de son pénis provoque une douleur aigüe chez la femelle ce qui la rend momentanément agressive. Dans cette phase, le mâle doit souvent esquiver les coups de pattes ou de crocs. A ce moment, la femelle se roule souvent sur le dos. C’est lors du retrait qu’à lieu l’ovulation.
Malgré les nombreux accouplements, ceux-ci ne sont pas forcément couronnés de succès.

Lion panthera leo


Les jeunes

Après une gestation d’environ 110 jours, la lionne donne naissance à 1 ou 5 voire 6 petits (2 à 4 en moyenne), ceux-ci pèsent de 1 à 1,5 kg environ. Pour la mise bas, la femelle s’isole de sa troupe et se dissimule dans d’épais fourrés, creux de rochers ou autres protections naturelles. Après la naissance, la lionne déplace ses petits régulièrement tous les 3 ou 4 jours en les transportant dans sa gueule. Ils peuvent rester parfois 24h seuls lorsque leur mère part en chasse, ils sont alors très vulnérables notamment vis à vis des hyènes.
La lionne et ses petits rejoignent la troupe dès que ces derniers sont âgés d’environ 6 semaines.

Lion panthera leo
Les femelles allaitent leurs petits par 2 paires de mamelles.

Lion panthera leo
Les lionceaux sont sevrés vers l’âge de 8 mois et consomment uniquement du lait les 3 premiers mois.
Les femelles adultes forment des crèches où les jeunes sont surveillés de manière communautaire, les lionceaux peuvent être allaités par d’autres femelles que leur mère.

Lion panthera leo
La croissance des lionceaux est très rapide et les mâles grandissent plus vite que les femelles.
Les jeunes accompagnent leur mère à partir de 4 mois sans prendre part aux chasses.
La mortalité chez les lionceaux de moins d’un an est importante et est d’environ 60 %. Seuls un quart à un tiers des lions arrivent à l’âge adulte. Ces données peuvent être très variables en fonction: de la région, du climat et des années, notamment en fonction de l’abondance des proies et de la concurrence avec les autres grands prédateurs.
Une autre cause de mortalité des lionceaux dans la première année est le comportement infanticide des mâles qui prennent la tête d’une troupe après avoir destitué le ou les mâles au pouvoir précédemment. Cette pratique, non systématique, vise à rendre les femelles aptes pour de nouvelles chaleurs et ainsi assurer la descendance du nouveau mâle. Elle concerne en principe les jeunes de moins d’un an.
Les lions atteignent la puberté vers 2 ans 1/2, ils sont adultes vers 3 à 4 ans, au sommet de leur forme vers 5 à 6 ans et atteignent leur poids maximum vers 7 ans.
A partir de 8 ans, ils perdent du poids et du volume de crinière. Ils sont considérés comme vieux vers l’âge de 12 à 13 ans.

4. Biologie et anatomie

Le lion possède des mâchoires puissantes pour saisir et immobiliser ses proies et percer les peaux épaisses de celles-ci.
Ses pattes possèdent de puissantes griffes rétractiles.

Lion panthera leoLes canines, longues d’environ 6 cm, s’émoussent avec l’âge et se cassent. Elle deviennent brunes en vieillissant.
Le dessus de la langue est recouvert de papilles cornées, courbées vers l’arrière.
Ce félin est pourvu de moustaches épaisses (vibrisses), sensibles aux vibrations. Les plus longues poussent au dessus de la lèvre supérieure (vibrisses mystaciales).
Les yeux sont surmontés de vibrisses supercilliaires. Celles-ci sont souvent implantées sur une tache plus foncée que le reste du pelage en forme de goutte inversée.

La possibilité de rugir chez le lion est due à l’ossification imparfaite de l’os hyoïde qui confère une certaine élasticité. Cet os est situé au dessus du larynx en dessous de la base de la langue. Il est avec l’os pénien l’un des deux seuls os non articulés avec le squelette.

Le lion est doté d’un bon odorat, d‘une vue et d’une ouïe excellentes.
Cet animal, comme tous les mammifères (à l’exception de l’homme et des cétacés), possède un organe voméro-nasal (organe de Jacobson), situé sur le palais sous la surface intérieure du nez.
Ce dernier, spécialisé dans la détection des phéromones lui permet de tester la réceptivité des femelles à l’accouplement.

Lion panthera leoPour marquer son territoire, le lion est muni de glandes olfactives entre les doigts ainsi que de glandes ano-génitales débouchant de chaque coté de l’anus.

Le pénis du mâle est couvert de granulations piquantes et possède un petit os appelé baculum ou os pénien. L’ouverture de l’urètre est dirigée vers l’arrière pour faciliter la pulvérisation d’urine chez le mâle. La forme et le positionnement du pénis sont adaptés à cette pratique.


L
e toupet terminal de la queue cache un ergot corné de 6 à 12 mm aplati sur les cotés.
Il est présent chez les deux sexes mais de nombreux spécimens n’en ont plus car il se détache facilement, n’étant qu’adhérent à la peau. Son utilité est inconnue.
Il est mentionné dans des écrits datant d’avant l’ère chrétienne et semble avoir été ignoré, voire nié par les naturalistes jusque vers 1829 où le Français M. Deshayes le mentionne dans les « Anales des sciences naturelles » suite à des observations faites sur un lion et une lionne morts à la ménagerie du roi.

Lion panthera leoSquelette de lion – Vue latérale – Wilhelm Ellenberger & Hermann Baum (University of Wisconsin Digital Collections) – Wikimedia Commons.

5. Régime alimentaire

Les lions sont des mammifères carnivores aux menus très variés.
Ceux-ci varient en fonction de différents paramètres comme : le lieu de vie, l’abondance et la nature des proies, la saison et la taille de la troupe (d’un lion solitaire à une troupe d’une trentaine d’individus).
Le lion consomme de la viande de différentes origines : proies qu’il a chassées lui même, carcasses qu’il a trouvées (animaux morts de mort naturelle ou autre) et encore proies tuées par d’autres prédateurs (léopard, guépard ou hyène tachetée) à qui il les dérobe.
La taille des proies chassées est très variable, du lapin à l’éléphant en passant par des antilopes de toutes tailles, dik-diks, élands communs, gnous, oryx ou grands koudous ainsi que zèbres et buffles. Cette énumération n’est pas exhaustive.
Des études ont montré que les proies préférées avaient des masses entre 190 et 550 Kg.
Le choix de ces proies est dicté par la disponibilité ou non de ses victimes de prédilections que sont les buffles, les gnous ou les zèbres.
Le lion chasse aussi occasionnellement la girafe et plus rarement l’éléphant ou l’hippopotame.
Il arrive aussi que les lions capturent des porcs-épics (avec les risques associés aux pics) et des oiseaux. Ils s’attaquent parfois au bétail.
Il peut aussi à l’occasion pêcher. (Nota: voir en 9.2 le cas des lions mangeurs d’homme).

Lion panthera leo

En moyenne, les lions consomment environ 7 Kg de viande par jour. Mais en un seul repas qui lui profitera plusieurs jours, un lion est capable d’ingurgiter près de 40 Kg de viande contre une trentaine pour une lionne. A la suite d’un tel repas, le ventre du félin est gonflé, distendu et l’activité des lions est à ce moment très réduite si ce n’est de se déplacer pour se mettre à l’ombre.
Dans une troupe, les repas sont en général très animés. C’est la loi du plus fort.
Les gros sujets dominent les petits, les mâles dominent les femelles. Les jeunes sont au bas de la hiérarchie et mangent après les adultes. Les crocs sont souvent exhibés, les grognements et coups de pattes sont fréquents.
Une concurrence importante existe entre les lions et les hyènes tachetées. Les deux espèces se volent des proies. Tout est une question de rapport de force. Un lion seul cédera sa proie face à un groupe de 5 hyènes tachetées et inversement.
Pour les lions, manger des carcasses qu’ils n’ont pas tuées eux même présente un danger potentiel. En effet, il arrive que des pasteurs empoisonnent des carcasses de bovidés domestiques dans l’intention de tuer les lions en représailles à des attaques sur leurs troupeaux. Cette méthode est également utilisée par les braconniers.
Cette fâcheuse pratique nuit également aux vautours, hyènes et chacals et leur est fatale.

Lion panthera leo
En principe les lions boivent régulièrement, au moins une fois par jour. Cependant, si l’eau est rare, ils peuvent s’en passer quelques jours et se contenter de l’eau contenue dans leur nourriture.

6. Prédateurs

Les lions ne possèdent pas (en dehors de l’homme) de prédateur à proprement parler. Cependant sa rivalité avec les hyènes tachetées fait qu’il existe une forme de «haine» entre les deux espèces et les hyènes n’hésiteront pas si l’occasion se présente à tuer des lionceaux sans défense.
Nota : Les lions et les hyènes ont le même régime alimentaire, mangent les mêmes proies et fréquentent les mêmes biotopes. Ceci les met en concurrence directe pour la quête de nourriture, d’où cette rivalité.
Il en va de même avec les buffles qui, s’ils sentent la présence de lions n’hésiteront pas à piétiner à mort la progéniture des félins. Les jeunes sans protection peuvent aussi être tués par les léopards et les lycaons.

Les lions interagissent aussi avec d’autres espèces.
Si une troupe d’éléphants accompagnés d’éléphanteaux rencontre des lions, ces derniers seront délogés et chargés pour protéger les jeunes.Lion panthera leo

Ci-dessus, dans la vallée de la Luangwa en Zambie, ce lion (et le reste de la troupe) a été chassé par un groupe d’éléphants accompagnés d’éléphanteaux.

Lion panthera leoCi-dessus, également dans la vallée de la Luangwa en Zambie, des lions interagissent avec des crocodiles qui étaient sortis de l’eau pour tenter de se nourrir sur une carcasse de buffle que les lions avaient tuée.

7. Habitat, distribution et évolution de la répartition

L’habitat des lions est très varié. On trouve ce félin principalement dans les savanes ouvertes comme au Kenya ou en Tanzanie, dans des savanes arbustives ou boisées comme en Zambie, mais aussi en zone semi désertique (Kalahari) et même exceptionnellement en zone de forêt (Gabon) ou en milieu désertique (Namib).
On peut le trouver jusqu’à des altitudes de 3600 m (Mt Elgon et Mt Kenya, il a même été observé à 4300 m sur le Mt Kilimandjaro.
Il est absent des forêts denses et humides.
En général les lions recherchent des territoires leur offrant en quantité régulière et suffisante, des proies et de l’eau. Ils ont également besoin de couvert végétal pour se mettre à l’ombre et dissimuler les jeunes lors de la mise bas.
Les lions ne sont aujourd’hui présent qu’en Afrique Subsaharienne alors qu’ils vivaient autrefois dans presque toute l’Afrique (à l’exception des forêts tropicales humides et du coeur du Sahara). Ils ont disparu de 90% de leur territoire d’origine et sont déjà éteins dans 26 pays d’Afrique.
La situation est particulièrement sévère en Afrique de l’Ouest où les lions ne sont présents que dans 5 pays, représentant à peine plus de 1 % de leur aire de répartition historique dans cette région.
Les lions du Cap ont été exterminés vers 1865, ceux de l’Atlas (lions de Barbarie) ont disparu de Tunisie en 1891, d’Algérie en 1893 et du Maroc vers 1922. (entre 1873 et 1883, 202 lions de Barbarie furent officiellement tués).
Les lions d’Afrique étaient plus de 200.000 au début du XXème siècle, il n’en reste plus que 20.000 aujourd’hui. Les estimations pour 2035 prévoient une population de 10.000 individus. L’espèce pourrait disparaître d’ici 2050 !
Au Gabon où on le croyait disparu depuis 1996, il a été filmé en 2015 et 2017 par des pièges photographiques dans le parc national des plateaux Bateke au Sud Est du pays.
Leur présence est devenue très rare en dehors des aires protégées.
La population est estimée à 1400 pour Panthera leo leo, dont 900 en 14 groupes pour l’Afrique Ouest et Centrale ainsi que 500 en Inde.
Pour
Panthera leo melanochaita, on estime la population entre 17.000 et 19.000 individus. (Estimation 2016, source US Fish and Wildlife Services)

Les causes de sa disparition
Le déclin des lions a commencé dès l’antiquité avec un fort prélèvement  en Afrique du Nord pour les cirques romains.
Jusque dans les années 1970 les lions sauvages étaient capturés pour alimenter les zoos et les cirques.
(La CITES dites « convention de Washington » réglementant le commerce de faune sauvage ne fût signée qu’en 1973).
Aujourd’hui, les principales causes sont:
– La disparition de ses territoires et la raréfaction de ses proies à cause de l’expansion humaine.
– Les maladies comme la tuberculose, l’immunodéficience féline, la maladie de carré (Serengeti).
– L’affaiblissement des populations par la perte de patrimoine génétique (cratère du Ngorongoro).
– Les chasses en représailles après des attaques sur du bétail (empoisonnement de carcasses ou autres méthodes) .
– Le braconnage pour les parties de lions : griffes, dents, pattes, queue, peau, commerce des squelettes et d’os (voir en 10.4. « chasse en boite »).
– Le braconnage aveugle avec le piégeage par des collets.

La chasse aux trophées
Les états unis sont les premiers importateurs mondiaux de lions africains. Entre 1999 et 2008, 1043 lions sauvages ont été commercialisés au niveau international dont 362 pour les seuls USA. Les importations se font sous la forme de griffes, trophées, peaux, crânes.
Il faut dire qu’ils ont eu un président exemplaire en la personne de Théodore Roosevelt qui en 1909 lors d’une chasse en Afrique de l’Est avec son fils ont tué à eux deux 512 animaux dont 17 lions.
Les chasseurs de trophées sont souvent de riches inconnus du grand public, mais certains sont des célébrités nationales ou mondiales, des chefs d’état, des têtes couronnées, des grands patrons, etc. En 2015, un dentiste américain jusque là inconnu est devenu à ses dépends une célébrité mondiale après avoir tué illégalement le lion Cecil à la périphérie du parc national de Hwange au Zimbabwe.

Lion panthera leoCi-dessus, le lion Cecil photographié en octobre 2014 dans le parc national de Hwange au Zimbabwe.

8. Interactions avec l’homme

8.1. Attaque de bétail

Du fait de l’expansion humaine, les pâturages empiètent de plus en plus sur le territoire des lions.
Pour ces derniers, le bétail est une proie facile. Malheureusement ces prélèvements sur les troupeaux entrainent de la part des pasteurs des chasses de représailles, le plus souvent par empoisonnement de carcasses avec des pesticides.

8.2. Les lions mangeurs d’homme

Au Kenya, en 1898, lors de la construction d’une ligne de chemin de fer aux environs de Tsavo, 2 lions ont tué et dévoré au moins 140 personnes en 9 mois. (cf Terreur dans la brousse – Michel Louis – Perrin 2011). Ces lions sont conservés naturalisés au Field Museum of Natural History à Chicago.
Entre 1932 et 1947 en Tanzanie, une troupe (15 à 20) de lions devenus «mangeurs d’homme» suite à une épidémie de peste bovine ont tué environ 900 personnes.
En 1991 à Mfuwe en Zambie, un lion (sans crinière) a tué au moins 6 personnes. (Ce lion est également conservé au Field Museum de Chicago).
Les causes de ces comportements peuvent avoir plusieurs raisons. Des sujets âgés qui ne sont plus en mesure de chasser des proies rapides, mais aussi la disparition de leurs proies habituelles suite à épidémie ou autre cause.

9. Informations complémentaires

9.1. Origine/espèces fossiles

Les plus anciens fossiles de lions connus datent de 1,5 millions d’années.
Le lion des cavernes eurasien, panthera leo spelaea, était environ 25 % plus massif que le lion actuel, il vécu entre -300.000 et -10.000 ans.
Il avait un ancêtre commun avec le lion actuel il y a environ 2 millions d’années.
En 2015, ont été retrouvés congelés dans le permafrost sibérien 2 lions des cavernes âgés de 18 mois. On estime que ces lions vivaient il y a environ 10.000 ans.

9.2. Les lions à travers l’histoire

Le lion, considéré comme le roi des animaux a toujours été un animal symbolique, symbole de pouvoir et de royauté en général, symbole de noblesse et de courage chez les massai.
A la préhistoire, il est largement représenté sur les gravures rupestres.
En France, la grotte Chauvet compte 75 représentations de lions datant de plus de 30.000 ans, la grotte de Lascaux en compte 11.
En Afrique le lion est représenté entre autre sur les roches du Sahara et de Namibie (site de Twyfelfontein).
Les lions ont été honorés, déifiés et chassés depuis l’antiquité, en Egypte tout comme en Asie mineure.
La déesse égyptienne Sekhmet était représentée par une tête de lionne sur un corps de femme.
Plus de 300 statues de cette divinité ont été retrouvées en Egypte depuis 1990.
Animal vedette des arènes romaines antiques, des milliers de lions de l’Atlas y ont perdu la vie.
Ils étaient exhibés avec d’autres « fauves » pour s’entretuer ou affrontaient des humains.
Pas moins de 400 lions furent tués rien que pendant le règne de Jules César.
Sous le règne de Pompée en 55 avant J.C., Cicéron relate le massacre de 600 lions !

Symbole de force et de puissance il est souvent représenté dans la statuaire à travers le monde. Il est également très présent sur de nombreux blasons, armoiries, drapeaux et peintures.
A Gondar (Ethiopie) au XIXème siècle, le négus d’Abyssinie recevait ses hôtes entouré de quatre lions.
Le lion est présent dans la littérature, notamment au travers de Jean de la Fontaine qui consacre 13 fables mettant en scène le lion et de Joseph Kessel avec son fameux roman « Le lion ».

9.3. Iconographie

Le lion est présent sur de nombreux timbres poste du monde entier. Ci-dessous quelques exemples pour des pays africains.
Lion panthera leo

Il est également représenté sur des pièces de monnaies et des billets de banque comme celui de 2000 shillings tanzaniens.
Lion panthera leo

9.4. chasse en boite, activités touristiques et commerces associés

La chasse en boite ou Canned Hunting est une « chasse » essentiellement pratiquée en Afrique du Sud et qui consiste à abattre dans un enclos un lion élevé (et imprégné) par l’homme.
Le « pseudo chasseur » s’offre ainsi une dépouille de lion pour une somme inférieure à celle d’un lion sauvage.
On compte environ 150 à 200 fermes d’élevage en Afrique du Sud, soit 6.000 à 8.000 lions captifs.
Avant de finir sous les balles, la vie du lion se déroule à peu près comme ceci :
Les jeunes sont retirés à leur mère à la naissance et son élevés au biberon par l’homme. La femelle est ainsi disponible pour une nouvelle portée. Ensuite, ils servent d’attraction en étant mis dans les bras de touristes pour se faire photographier, plus grands ils sont proposés pour faire des promenades toujours avec des touristes.
Ces deux activités ne sont pas spécifiques à l’Afrique du Sud, elles sont proposées aussi bien au Zimbabwe (Victoria Falls) qu’à l’Ile Maurice !
Quand les lions atteignent 2 ou 3 ans, ils deviennent difficilement contrôlables et sont placés en enclos en attendant leur fin sous les balles d’un « chasseur ».
Pour être rentabilisé au maximum ce commerce sordide se poursuit par la vente des squelettes à destination de l’Asie. Pour cela, le gouvernement d’Afrique du Sud autorise des quotas d’exportation. En 2008, 50 squelettes ont été exportés, 573 en 2011. Le quota de 2017 était de 800 lions, pour 2018 il atteint 1500 carcasses.
Pour plus de détails, consulter le site multilingue Lion Petting.com

10. Bibliographie

– West, P.M. & Packer, C. 2013. Mammals of Africa, Volume V, Bloomsbury.
– Dorst, J & Dandelot, P. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Despard Estes, R. 2012. The behavior guide to African Mammals, University of California Press.
– Breuil, M. Mayeur, J.P. Thile, F. 1998. Kenya Tanzanie, Le guide du safari faune et parc, Marcus.
– Carnaby, T. 2010. Beat about the bush, Jacana Media.
– Denis-Huot, C. & M. 2002. L’art d’être lion. Gründ.
– Louis, M. 2011. Terreur dans la brousse, L’histoire vraie des lions mangeurs d’homme de Tsavo. Perrin.

11. Liens

Anatomie et éthologie du lion – Thèse de S.Morin-Garraud
Panther leo – Monaco Nature Encyclopedia.
Lions in Zambia.
Afrique du Sud: 800 squelettes de lions d’élevage pour le marché asiatique.
The complexity of lion roars.
Lion evolution.
The African lion – Africa Geographic.
THE EXTINCTION BUSINESS – South Africa’s ‘Lion’ Bone Trade.
La vérité sur les lions – Smithsonian.com
L’industrie de l’élevage de lions en Afrique du Sud.
Commerce de parties de lion.
Comportement alimentaire des lions mangeurs d’homme
Variation de la crinière chez les lions d’Afrique et ses conséquences sociales
Malformations du crâne chez les lions
Importance des lions et de leurs écosystèmes

 

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Mars 2023

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

A passage to India – how the journey of Southern Africa’s cheetah divided the experts.
Private rhino – the importance of private sector rhino conservation.
Comment le Maroc protège ses ongulés sauvages menacés d’extinction.
Nigerian senate approves establishment of 10 new national parks.
L’Ouganda alourdit expressément les sanctions contre les infractions et crimes environnementaux.
Trans-Boundary Heritage Site Planned By Nigeria And Cameroon To Safeguard Endangered Species.
BÉNIN : la Banque mondiale finance 30 M$ pour l’aménagement des forêts classées.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Assessing trophy hunting in South Africa by comparing hunting and exporting databases.
Trophy Hunting Contributes to The Plight Of Threatened African Elephants And Could Soon Drive Them Extinct.
The bushmeat trade in northern Ghana: market dynamics, drivers of trade and implications for conservation.
Thai Poaching Kingpin Sentenced to Prison.
Britain’s proposed ban on big game trophies is ‘arrogant’ and five African nations say the plan smacks of ‘colonialism’.
Pangolin hunting and trafficking in the forest–savannah transition area of Cameroon.

 Primates:

Et si la clé des origines du langage se trouvait dans le cerveau des singes ?
Sint Maarten Plans to Kill Entire Population of Monkeys.
Context-dependent alarm responses in wild vervet monkeys.
DRC’s endangered bonobos face another threat to their survival: malaria.
Les bonobos de RDC en danger d’extinction font face à une nouvelle menace : le paludisme.

Herbivores / Herbivorous:

Rapid dung removal by beetles suggests higher duiker densities in Central African rainforests.
Phenotypical characterization of African savannah and forest elephants, with special emphasis on hybrids: the case of Kibale National Park, Uganda.
Gazelle–livestock interactions and impact of water resource development in the Ouadi Rimé– Ouadi Achim Reserve, Chad.
Pioneering conflict-avoidance study asks elephants what works for them.
Les éléphants favorisent le développement des arbres géants, augmentant ainsi les réserves de carbone dans les forêts d’Afrique.
Five years since the death of Sudan, new film highlights hope for rhinos.
Patterns and predictors of ungulate space use across an isolated Miombo woodland reserve.
Anthropogenically driven spatial niche partitioning in a large herbivore assemblage.

Carnivores / Carnivorous:

Florence and her cubs give hope that west African lion can come roaring back.
Video of rare West African lion cubs sparks hope for the population.
Lions Bring Traffic To A Halt At Kruger National Park.
First record of the leopard Panthera pardus in Bui National Park, Ghana.

Autres mammifères / Others mammals:

Côte d’Ivoire : Un éleveur atypique veut sauver l’aulacode.

Autres nouvelles / Others news:

Colombia tries a new solution for Pablo Escobar’s cocaine hippos.
Drivers of predator-proof boma disrepair in the Amboseli Ecosystem, Kenya.
Wind project near S.African elephant park riles activists.

Les girafes

Giraffa camelopardalis

Giraffe

Ordre des Cetartiodactyles , Famille des Giraffidés, Genre Giraffa

Hauteur au garrot: 2,6 – 3,5 m
Hauteur totale: 3,5 à 5 m (record 5,9 m)
Poids: 1100 Kg (800 à 1400) pour le mâle et 700 Kg (550 à 1180) pour la femelle.
(Poids et hauteur variables suivant le sexe et les sous espèces)
Longueur du cou: Environ 2 mètres
Longueur de la queue: 75 à 150 cm
Gestation: 14 à 15 mois, environ 400 à 470 jours
Nombre de petits par portée: 1, des jumeaux sont possibles mais rares.
Longévité: 15 à 20 ans à l’état sauvage, 25 à 30 ans en captivité.
Lien vers Fiche IUCN:

Les girafesGirafe d’Angola – G.c.Angolensis – Central Kalahari – Botswana

1. Description, sous espèces et variantes géographiques:

1.1. Description:
La girafe est le plus grand des animaux terrestres. Les femelles sont en général plus petites de 0,7 à 1 mètre que les mâles.
Les taches de la robe de la girafe sont sa carte d’identité. Dès la naissance, elles sont présentes en modèle réduit. La forme restera mais les taches vont grandir ainsi que les espaces entre elles. La couleur de la robe fonce avec l’âge.
Les deux sexes portent des cornes mais elles sont plus développées et plus épaisses chez le mâle où elles sont en général parallèles ou avec un léger angle vers l’extérieur.
La girafe est le seul mammifère qui nait avec ses cornes, à l’état de cartilage. Elles sont déjà présentes chez l’embryon, puis elles s’ossifient avec l’âge et se soudent au crâne vers 4 ans chez le mâle et vers 7 ans chez la femelle. Elles ne posent pas de problème lors de la mise bas car elles sont dissociées du crâne et se mettent à plat.
Elles se redressent quelques jours après la naissance.

Les girafesLes cornes sont recouvertes de peau et le sommet est encerclé par des poils noirs. Chez le mâle (photo de droite), ces poils deviennent moins visibles avec l’âge, le sommet devenant pelé et poli au fil des combats.

Les mâles ont parfois des proéminences osseuses importantes sur le crâne (ossicônes), 1 ou 2 sur le front et 2 en arrière des cornes. La présence de ces ossicônes est variable en fonction des sous espèces (ou espèces) et des individus. Les femelles peuvent en posséder, mais ils sont moins marqués chez celles-ci. Ce ne sont pas à proprement parler des cornes.

La girafe marche à l’amble (elle avance les pattes avant et arrière du même coté en même temps). La deuxième allure est le galop. Le trot n’existe pas chez la girafe. Le cou sert de balancier pour équilibrer le corps lors des déplacements. (Vitesse maximum de 50 à 60 Km par heure.)

La girafe dispose de 4 mamelles inguinales (2 paires).

1.2. Sous espèces et variantes géographiques:
Une seule espèce était signalée depuis le milieu du XXème siècle.

Jusqu’en 2016 il était communément admis 1 espèce pour 9 sous espèces (de 6 à 9 suivant les auteurs). Pour la plupart, ces sous espèces étaient établies sur la base des variations de pelage, de morphologie du crâne et de zone géographique. Des analyses génétiques ont également clarifiées la situation entre les girafes d’Afrique de l’Ouest G.c.peralta et d’Afrique Centrale G.c.antiquorum (A. Hassanin et al., C. R. Biologies 330 (2007).

Classification communément admise jusqu’en 2016.
1 espèce et 9 sous espèces: (Estimation des populations de 2016).

Girafa camelopardalis ………….

peralta girafe d’Afrique de l’Ouest Niger 400 individus
antiquorum girafe de Kordofan Nord Cameroun, Sud Tchad, République Centre Africaine, Ouest du Sud Soudan, RDC PN de Garamba. 2.000 individus
camelopardalis girafe de Nubie Sud Soudan, Ethiopie. 650 individus
reticulata girafe réticulée Ethiopie, Somalie, Kenya. 8.660 individus
rothshildi girafe de Rothshild Kenya, Ouganda. 1.500 individus
tippelskirchi girafe Masaï Kenya, Tanzanie. 32.000 individus
thornicrofti girafe de Thornicroft Zambie (vallée de la Luangwa). 550 individus
angolensis girafe d’Angola Botswana, Namibie, Zimbabwe. 13.000 individus
giraffa girafe d’Afrique du Sud Afrique du Sud, Zimbabwe, Botswana, Mozambique. 31.500 individus

Nouvelle classification proposée en septembre 2016 par Axel Janke et Julian Fennessy suite à des analyses génétiques sur des échantillons de peau de 190 girafes. (source: revue Current Biology)

4 espèces et 5 sous espèces:

Espèce Sous espèce Nom
Giraffa camelopardalis 3 sous espèces Girafes Nordiques
G.c. camelopardalis Girafe de Nubie
G.c. antiquorum Girafe de Kordofan
G.c. peralta Girafe de l’Ouest
Giraffa reticulata Pas de sous espèce Girafe réticulée
Giraffa tippelskirchi Pas de sous espèce Girafe Masaï
Giraffa giraffa 2 sous espèces Girafes du Sud
G.g. giraffa Girafe d’Afrique du Sud
G.g. angolensis Girafe d’Angola

La girafe de Rothschild est incluse dans la sous espèce de Nubie.
La girafe de Thornicroft est incluse dans l’espèce Massaï.

Les girafesCertaines espèces et sous espèces possèdent des pelages caractéristiques. Pour d’autres, les différences sont moins évidentes. Sur cette photo, les robes sont très typées. En haut à gauche, girafe d’Afrique de l’Ouest (G.c.Peralta), en haut à droite girafe réticulée (G.c.Reticulata), en bas à gauche girafe massaï (G.c.Tippelskirchi), en bas à droite girafe du Cap (G.c.Giraffa).

2. Comportement: Assez grégaire, la girafe vit en troupeaux variables, non figés et non structurés. La composition des groupes de girafes est instable, ils se font et se défont au gré des rencontres. Ces groupes sont couramment de 10 à 20 individus (Mais il a été observé jusqu’à 70 girafes ensemble).

Les girafesGroupe de girafes de Thornicroft – G.c.Thornicrofti – Parc national de la South Luangwa – Zambie

Les girafesGroupe de girafes Massai – G.c.Tippelskirchi – Parc national de Katavi – Tanzanie

Après les naissances, les femelles et leurs jeunes se regroupent en harde, favorisant la surveillance et la défense vis à vis des prédateurs.

La girafe n’est pas un animal territorial.

Les girafes ne sont pas muettes, mais leurs «cris» sont très discrets. Elle peut émettre des infrasons, des sortes de bêlements, des ronflements, des gémissements ou des sifflements en cas de stress.

La girafe communique plutôt par signes, mais aussi par voie tactile et chimique, pour cela, elle émet des odeurs plus ou moins fortes et plus ou moins nauséabondes. Celles-ci proviennent de glandes sébacées situées à la base des poils et dans le cuir de l’animal et sont constituées d’une dizaine de composés volatils.

Le necking: Chez les jeunes mâles immatures, ce ne sont que des frottements et entrelacements d’encolures, mais chez les adultes ces combats peuvent être très violents, entrainant des blessures ou des chutes.
Les girafes
Les mâles élancent leur tête comme un marteau. Avec l’âge, le crâne de la girafe se densifie et devient plus massif, ce qui en fait une arme redoutable. Les coups sont portés n’importe où et le combat continue jusqu’à ce qu’un des deux adversaires se soumette ou s’éloigne. Ces combats ont pour but d’affirmer une dominance et d’accéder aux femelles.

Les girafes se couchent une partie de la nuit pour se reposer, elles dorment environ 4h35 par nuit (moyenne mesurée en captivité).

Pour boire, la girafe est contrainte de fléchir ou d’écarter ses pattes afin d’abaisser sa tête au niveau du sol. Elle le fait en adoptant deux positions caractéristiques.

Les girafesCi-dessus, cette girafe utilise la position la plus courante. Pattes tendues et écartées.
Photo prise dans le parc national de Hwange au Zimbabwe.

Les girafesCi-dessus, une position moins courante avec les pattes légèrement écartées mais en flexion.
Photo prise à Mukuvisi Woodlands à Harare au Zimbabwe.

Les girafesLes girafes entretiennent une relation mutuelle bénéfique avec les oiseaux
pique bœuf à bec jaune (Buphagus africanus) qui les débarrassent de leurs tiques.

3. Reproduction: La girafe est sexuellement mature vers l’âge de 4 à 5 ans pour le mâle et 3 à 4 ans pour la femelle. A compter de ce moment, elle est féconde jusqu’à 20 ans environ. Pendant cette période, elle est réceptive tous les 15 jours. Les mâles testent l’urine des femelles pour s’informer de leur réceptivité sexuelle. Il se passe environ 20 à 30 mois entre deux naissances. Une girafe peut donner naissance à une dizaine de girafons au cours de son existence.
Les girafesCi-dessus, ce mâle ne quitte pas la femelle dans l’espoir de s’accoupler. Photo prise au Bioparc – Zoo de Doué la Fontaine. (Girafes d’Afrique Centrale G.c. Kordofan). On remarquera la différence de taille entre le mâle et la femelle ainsi que la robe très foncée de ce mâle âgé alors de près de 30 ans (ce mâle baptisé Sacha, est né le 18/08/1987 et mort en 2017).

Les girafesTentative d’accouplement. Photo prise au Bioparc – Zoo de Doué la Fontaine. (Girafes d’Afrique Centrale G.c. Kordofan).

La vie de la girafe commence par une chute de 2,5 mètres lors de la mise bas. Le girafon pèse de 50 à 70 kg pour une hauteur de 2 mètres. Il nait avec le cou replié le long du corps, ce qui limite les risques de blessure lors de la chute.

Pour la mise bas, la femelle plie légèrement les pattes pour amortir la chute.

Les jeunes sont sur leurs pattes moins d’une heure après la naissance et sont rapidement aptes à courir pour suivre leur mère.
Les premiers jours, les jeunes passent beaucoup de temps couchés, ils sont instables sur leurs pattes, ce qui les rend plus vulnérables que les autres ongulés lors de cette période.

Les girafesGirafe d’Afrique de l’Ouest et son jeune – Environ de Kouré – Niger – G.c.Peralta

Les girafons grandissent d’environ 3 cm par jour et sont sevrés vers l’âge de 12 à 14 mois.

Environ 50% d’entre eux tombent sous les crocs ou les griffes des prédateurs (les lions et principalement les hyènes).

4. Biologie et anatomie:
Circulation sanguine et respiration: Le coeur de la girafe est beaucoup plus gros que chez les autres mammifères. Il pèse environ 14 Kg soit près de 2% du poids de la girafe, alors que chez l’homme ou le bœuf celui-ci ne représente que 0,5% du poids. Du fait de sa grande taille, la girafe dispose d’un système circulatoire particulier comportant des «accessoires» de régulation du flux et de la pression sanguine, qui évite les dommages aux organes, notamment au cerveau. En particulier un système situé à la base du cerveau (vulgairement comparé à une éponge) ainsi que 2 jeux de «valves», 1 jeu sur la carotide en direction du cerveau et 1 second sur la veine entre le cerveau et le coeur.
En complément la peau et les muscles des jambes agissent comme des bas de contension.

Le rythme respiratoire de la girafe est 1,5 fois plus rapide que chez l’homme. Sa trachée, d’un diamètre d’environ 5cm est longue de plus de 2 mètres.

Les girafesLes yeux de la girafe sont assez volumineux. L’animal possède une excellente vue.
L’ouïe est également très bonne, avec des oreilles qui bougent indépendamment l’une de l’autre. L’odorat est un peu moins développé.

Le long coup de la girafe possède le même nombre de vertèbres cervicales (7) que chez (presque) tous les autres mammifères. Celles-ci sont en proportion environ 30% plus longues que chez les autres espèces. Le mâle possède un coup plus long que la femelle, il est en croissance continue chez celui-ci alors que chez la femelle la croissance s’interrompt à la maturité sexuelle.

Le crâne du mâle est environ 3 fois plus lourd que celui de la femelle et se développe tout au long de sa vie. Celui de la femelle ne se développe que très peu après la puberté.

5. Régime alimentaire:
La girafe est un ruminant et possède un estomac à 4 compartiments, elle passe à peu près le tiers de son temps à ruminer. Les périodes de pointe pour le nourrissage sont les 3 premières et les 3 dernières heures du jour. Les heures chaudes sont utilisées pour le repos et la rumination. La femelle passe environ 72% du jour en quête de nourriture alors que le mâle n’y consacre qu’environ 43%. La nuit est aussi utilisée pour la rumination.
Essentiellement folivore, la girafe mange aussi des fleurs, des gousses et des fruits. L’alimentation principale provient d’acacias, commiphora et combretum, mais plus de 100 plantes peuvent entrer dans le régime alimentaire de la girafe. La consommation de feuillage est de l’ordre de 34 kg par jour (jusqu’à 66 kg pour un mâle adulte).
Grace à leur longue langue préhensile (jusqu’à plus de 40cm) et à une lèvre supérieure très mobile, elles collectent les fleurs et les feuilles des arbres avec une nette préférence pour l’acacia. L’articulation entre la 1ère et la 2ème vertèbre cervicale permet à la girafe de positionner sa tête à la verticale.
Les girafes
Les girafes

L’acacia se défend des agressions de la girafe par la présence de longues épines et aiguilles, mais aussi par des sécrétions de sève urticante et de substances indigestes que l’arbre dispense en cas de besoin. Les acacias pactisent également avec certaines espèces de fourmis qui sont attirées par la production de gomme de l’arbre. En contrepartie, elles agressent les girafes lorsqu’elles s’en prennent à l’acacia.

Les girafesLes girafes broutent aussi.
Girafes Massai – Parc national de Katavi – Tanzanie

Les girafesCelle-ci à choisi de brouter couchée.
Girafe Massai – Parc national de Katavi – Tanzanie

Les girafes sucent et mâchent parfois des os pour un apport complémentaire en calcium et phosphore (surtout en saison sèche). Elles consomment également des sels minéraux issus du sol.
Les girafesExcréments de girafe – Parc national de la Ruaha – Tanzanie.

6. Prédateurs:
Les principaux prédateurs de la girafe sont les lions et les hyènes.

Ces dernières tuent environ la moitié des nouveaux nés. Lors du 1er mois suivant leur naissance, entre la moitié et les trois quarts des girafons sont tués par les lions et les hyènes.

Les girafesLe lion est le principal prédateur des girafes adultes. (Réserve du Selous – Tanzanie)

La grande taille de la girafe, sa bonne vue, sa vitesse et ses gros sabots en font une proie difficile. La girafe est cependant vulnérable lorsqu’elle boit.
Les girafesSabots antérieurs de la girafe – Parc national de la Ruaha – Tanzanie

En cas d’attaque, elle se défend des prédateurs avec des ruades et des coups de pieds. Lorsqu’elles sont avec leurs jeunes, elles se regroupent en terrain découvert.

A la vue d’un prédateur, les girafes se mettent en «arrêt» et regardent toutes dans la même direction. La queue à l’horizontal est un signe d’anxiété.

7. Habitat, distribution et évolution de la répartition:
On trouve la girafe dans les savanes sèche, les prairies, les forêts claires, mais aussi dans les milieux désertiques ou semi désertiques (Namib, Kalahari).

De plusieurs millions au début du XXème siècle la population a décliné pour atteindre moins de 100 000 individus vers 2010. La population était estimée à 140 000 en 1999.
La population de girafes a chuté de 36% à 40% entre 1985 et 2015.
Population estimée: 150.000 en 1985 contre 97.000 en 2016.

Elle est aujourd’hui absente de la zone saharienne, mais de nombreuses représentations (gravures et peintures rupestres) ainsi que des ossements fossiles attestent d’une présence antérieure dans cette partie de l’Afrique. (rives du Nil, Mauritanie, Ouest Sahara).

Les causes de sa disparition sont: La chasse au trophée, le braconnage, la diminution de ses territoires suite à la poussée démographique (mise en culture des terres).
Nota: Entre 2006 et 2015, les Etats Unis ont importé 21.400 sculptures sur os de girafe, 3.000 peaux et 3.700 trophées de chasse.
Les os de girafes sont couramment utilisés pour confectionner des manches de couteaux.

8. Interactions avec l’homme:
Sans objet.

9. Informations complémentaires:

9.1. Origine du nom:
Appelée «camelopardalis» par les Grecs et Latins, «Zurnafa» (ou Zarafa, qui est à l’origine de giraffa) par les arabes. Le mot camelopardalus vient du latin «Camelus» pour son cou de chameau et de «Pardalis» pour sa robe panthère (léopard). Le nom giraffa ne sera officialisé qu’en 1994.

9.2. Origines/espèces fossiles:
Venues du sous continent Indien, elles arrivent en Afrique il y a environ 6 à 7 millions d’années. Les ancêtres des girafidés sont apparus il y a environ 20 millions d’années.
Les fossiles découverts dans l’Awash en Ethiopie et dans les gorges d’Olduvaï en Tanzanie attestent de la présence de leurs ancêtres en Afrique. (également en Afrique du Sud et au Kenya).
Aujourd’hui, les seuls représentants de cette lignée sont la girafe et l’okapi.

9.3. Les girafes à travers l’histoire:
En France, la girafe est décrite pour la première fois au XVIème siècle par Pierre Belon du Mans à la suite d’observations d’animaux captifs au Caire.
La première girafe «matérielle» arrive en France sous la forme d’une peau expédiée depuis l’Afrique du Sud en 1784 par François Vaillant et destinée aux collections du cabinet du roi.
L’arrivée de la première girafe connue en Europe se fait à Florence avec un spécimen acheté au sultan d’Egypte par Laurent de Médicis en 1486.
Les égyptiens chassaient la girafe vers 2500 AV JC.

Des girafes ont été sacrifiées aux jeux du cirque dans la Rome antique. Mais elles décevront par leur comportement peu combatif.

9.4. Iconographie:
Les girafes sont abondamment représentées en philatélie.

Les girafes

10. Bibliographie:
– Hartenberger, J.L. 2010. Grandeurs et décadences de la girafe, Belin.
– Dardaud, G. anoté par Lebleu, O. 2007. Une girafe pour le roi, Elytis.
– Carnaby, T. 2008. Beat about the bush, Jacana.
– Estes, R. D. 2012. The Behavior Guide to African Mammals, University of California Press.
– Ciofolo, I. & Le Pendu, Y. 2013. Encyclopédie Mammals of Africa Volume 6, Bloomsbury Publishing

11. Liens:
«
Multi-locus Analyses Reveal Four Giraffe Species Instead of One» Article paru dans la Revue «Current Biology» en 2016.
Giraffe Conservation Foundation.
Animal Diversity Web.
Variabilité de l’ADN mitochondrial chez Giraffa camelopardalis : conséquences pour la taxinomie, la phylogéographie et la conservation des girafes en Afrique de l’Ouest et centrale.
Multi-locus Analyses Reveal Four Giraffe Species Instead of One.
DRC’s Garamba National Park: The last giraffes of the Congo.
Mitochondrial DNA variability in Giraffa camelopardalis.
An allometric analysis of the giraffe cardiovascular system.
Anatomy of the Mouth of the Giraffe.
The remarkable anatomy of the giraffe’s neck.
Study of the axial skeleton in the giraffe.
Can camera traps diagnose the severity of a mystery giraffe skin disease?
Rare observation de deux girafes blanches.
Giraffe genome holds keys to its peculiar body—and clues to hypertension treatments.
Four giraffe species, seven subspecies.
Giraffe conservation status.
Giraffe populations are rising, giving new hope to scientists.
Strange’ giraffoid fossil shows giraffes evolved long necks to win mates.
Phenotypic matching by spot pattern potentially mediates female giraffe social associations.
A review of the social behaviour of the giraffe Giraffa camelopardalis: a misunderstood but socially complex species.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Février 2023


Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

Côte d’Ivoire – Le TCP vulgarise les acquis de ses recherches scientifiques auprès des populations de Taï.
Protéger les tourbières et les forêts, « sources de vie » en Angola.
Taiwan offers hope in battle to save vulnerable pangolin.
CONGO : le parc de Nouabalé-Ndoki s’agrandit avec l’intégration du triangle de Djéké.
Kenya Still Struggling with Consistency and Deterrence in Ivory Cases.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Nigeria: New legislation to combat wildlife trafficking and protect highly endangered species.
AFRIQUE DU SUD : le braconnage de rhinocéros se déplace vers les parcs régionaux.
Hunting is affecting the natural evolution of animals with horns or tusks.
Cecil the Lion’s Brothers in Danger of Being Trophy Hunted.
China’s demand for Africa’s donkeys is rising. Why it’s time to control the trade.
Imperiled leopards one step closer to increased Endangered Species Act protection.
Illegal Harvesting within a Protected Area: Spatial Distribution of Activities, Social Drivers of Wild Meat Consumption, and Wildlife Conservation.
Cameroun : Une chaine de solidarité négative de la chasse à la consommation de la viande des animaux sauvages.
An elephant’s value beyond the hunt for cash is loaded with tricky trade-offs for conservationists.
Cameroun : Les félins en déclin suite au braconnage et aux croyances superstitieuses.

Primates:

Chimpanzee communities differ in their inter- and intrasexual social relationships.
Primates du Bénin et autres petits mammifères.
Three surprising reasons human actions threaten endangered primates.
Baboons of the world.
Malaria infection harms wild African apes, study shows.

Herbivores / Herbivorous:

Giraffe.
Heavy necking: New insights into the sex life of giraffes.
Giraffe sex is even weirder than we thought, and it involves pee.
Feeding Ecology of the Cuvier’s Gazelle (Gazella cuvieri, Ogilby, 1841) in the Sahara Desert.
The bongo.
Putting elephants on the map – exploring connectivity in southern Africa.

Carnivores / Carnivorous:

Algérie : Le léopard de l’Atlas réapparaît après 60 ans d’absence.

Autres mammifères / Others mammals:

Melanistic North African hedgehog Atelerix algirus.
How the Chinese legend of pangolins came true – but in a terrible way.
Historical demography and climatic niches of the Natal multimammate mouse (Mastomys natalensis) in the Zambezian region.
Naked mole-rats ‘never stop having babies.’ Now we know why.

Lycaon

Lycaon pictus

African Wild Dog, Wild dog, Painted dog, Hunting dog, Painted wolf, Painted hunting dog, African hunting dog, Cape hunting dog, Hyena dog, Ornate wolf.

Ordre des Carnivores, Famille des Canidés, Genre Lycaon

Hauteur au garrot: 60 à 80 cm
Poids: de 20 Kg à plus de 30 Kg
Longueur de la queue: 30 à 40 cm
Gestation: Environ 70 jours.
Nombre de petits par portée: 2 à 21, moyenne 10 à 11
Longévité: 6 à 11 ans à l’état sauvage (variable suivant les régions), jusqu’à 15 ans en captivité.

Lien vers Fiche IUCN.

Lycaon, chien sauvage africainMâle Lycaon pictus pictus – Moremi Game Reserve – Botswana – Mâle faisant partie d’un pack de 25 individus.

1.Description, sous espèces et variantes géographiques

1.1 Description
Le lycaon apparaît sous de multiples noms suivant les ouvrages et les époques. Chien sauvage d’Afrique, chien chasseur, loup peint, chien hyène, cynhyène, chien de brousse ou encore loup d’Afrique dans des ouvrages anciens.
Lycaon, chien sauvage africain
C’est le plus grand des canidés africains et le seul représentant du genre lycaon.
Ce mammifère exclusivement africain a l’allure d’un chien, haut sur pattes, svelte et musclé.
Il est caractérisé par son pelage tacheté tricolore (noir, jaune et blanc) et ses grandes oreilles arrondies dressées au dessus de la tête.
Le front et le museau sont noirs (une bande noire s’étire sur son front!.
Les poils sont assez courts et plutôt grossiers (plus ou moins long suivant les sous espèces), ils sont plus longs au niveau de l’encolure.
Les taches sont toutes différentes d’un animal à l’autre, c’est en quelque sorte sa carte d’identité.
La tête du chien sauvage d’Afrique est massive avec des mâchoires puissantes.
La queue est longue, touffue et tricolore (jaune, noire puis presque toujours blanche à son extrémité).
Il existe peu de dimorphisme sexuel en dehors d’une légère différence de taille, le mâle pouvant être un peu plus grand que la femelle.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – South Luangwa National Park – Zambie

1.2 Sous espèces et variantes géographiques

5 sous espèces sont communément admises mais non reconnues universellement.
Lycaon pictus pictus, South African Wild Dog, Cape Hunting Dog. (Angola, Botswana, Malawi, Namibie, Afrique du Sud, Zambie, Zimbabwe). Le plus grand des lycaons, plus coloré que celui d’Afrique de l’Est L.p.lupinus. En comparaison, le poids moyen pour mâle et femelle de la sous espèce d’Afrique de l’Est est de l’ordre de 23 Kg alors que pour le lycaon d’Afrique Australe la femelle pèse environ 24 Kg et le mâle 28 Kg.
Lycaon pictus lupinus
, East African Wikd Dog. (Kenya, Tanzanie).
Lycaon pictus somalicus, Somali Wild Dog. (Ethiopie).
Lycaon pictus saharicus, North African Wild Dog. (Algérie ?)
Lycaon pictus manguensis, West and Central African Wild Dog. (Sénégal, Bénin, Burkina Faso, Niger). En danger critique d’extinction.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – South Luangwa National Park – Zambie

2. Comportement

2.1 Groupe et territoire
Le lyacon est un canidé grégaire qui vit en meute (pack) de taille variable, 6 à 20 individus en moyenne. Mais ces groupes peuvent comporter couramment jusqu’à une trentaine de « chiens » et même 40 à 60 voir 90. Ces packs sont multi mâles multi femelles.
La taille des groupes varie, suivant les pays, la densité des populations de ce carnivore et de l’abondance de ses proies.
Les gros packs peuvent se scinder pour constituer deux meutes plus petites. Les lycaons solitaires sont rares.
Les liens sociaux et la cohésion du pack sont très forts, le fonctionnement du groupe est subordonné au couple Alpha.
Le lycaon est un carnivore essentiellement diurne, cependant, il peut se déplacer et même chasser les nuits de pleine lune.
Ce mammifère a principalement deux périodes d’activité, tôt et tard dans la journée. Ceci est surtout vrai en saison chaude où il fait la sieste en milieu de journée, mais il peut être actif à tout moment par temps frais, pluvieux ou couvert.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – Central Kalahari Game Reserve – Botswana – L’heure de la sieste

Les lycaons ne sont pas territoriaux au sens où ils ne défendent pas celui-ci. La notion de territoire est plus à interpréter comme une zone de chasse plutôt qu’une zone de « propriété » exclusive.
De ce fait, chez le chien sauvage africain, on note l’absence de comportement territorial.
Le territoire de chasse du lycaon est de taille très variable, de 200 à 2000 km² suivant les régions et l’abondance des proies. Les territoires de plusieurs packs peuvent se chevaucher à plus de 80 %.
De part la faible densité des populations, les affrontements entre packs sont plutôt rares.
Ce grand canidé est un nomade, il se déplace en moyenne d’une dizaine de kilomètres par jour.
Il passe la nuit là où la chasse l’a conduit, à l’abris dans des buissons.
Il devient temporairement sédentaire pendant environ trois ou quatre mois lorsque les petits sont au terrier. Pendant cette période, le territoire de chasse se réduit considérablement.
Doté d’une grande endurance, il est capable de courir avec des pointes à plus de 60 Km/h et de tenir une vitesse de 45 Km/h sur plus de 5 Km.
Pour se rafraîchir, le lycaon aime se baigner dans l’eau ou dans la boue.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – South Luangwa National Park – Zambie – Départ en chasse

2.2 Technique de chasse
Le lycaon est un chasseur très efficace, rapide et endurant. Les chasses collectives sont d’autant plus efficaces que le pack est important. Le taux de réussite est de 50 à 70 %, le plus élevé des grands carnivores africains.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – Moremi Game Reserve – Botswana

Contrairement au idées reçues, les lycaons ne chassent pas en relai. Tous les adultes valides participent aux chasses, les jeunes, les sujets âgés et les invalides sont en retrait ou éventuellement au terrier et seront nourris par les chasseurs qui régurgiteront une partie de leur nourriture. Cette solidarité assure la cohésion et l’avenir du pack.
Le départ en chasse est souvent précédé d’un rassemblement très animé et d’une « concertation » sous forme de gémissements et de petit cris.
Les lycaons sont opportunistes, ils approchent leurs proies directement en trottant, sans affut, puis entament une poursuite jusqu’à épuisement de celles-ci.
Lorsque la proie est fatiguée, elle est approchée et harcelée jusqu’à épuisement par des morsures de toutes part mais principalement au ventre et à l’arrière (zones moles de l’arrière, près de l’anus, l’aine ou le ventre). Rapidement éventrée, la proie meurt suite au choc et la perte de sang, puis elle est dévorée par le ventre et l’anus, démembrée et déchiquetée. Une gazelle peut être dévorée en moins de 10 mn dans une excitation générale accompagnée de vocalises.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus lupinus – Selous Game Reserve – Tanzanie

Les proies chassées sont principalement des antilopes de taille moyenne (impala, springbok, gazelle de Thomson) ou des jeunes d’espèces plus grandes. En proportion de sa taille, c’est le carnivore qui capture les plus grosses proies (avantage de la chasse en meute).
La majorité des proies est capturée après 1,5 à 3 km de poursuite. Elles sont rarement poursuivies au-delà de 5 Km.
Si les proies sont suffisamment abondantes, les lycaons chassent et mangent 2 fois par jour.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – South Luangwa National Park – Zambie

2.3 Communication
Chez ce canidé, la communication vocale est importante et complexe. Elle est audible sous plusieurs formes, gazouillis, ultra-sons (chez le chiot), grognements, gémissements, gémissements de soumission, etc.
Les vocalises sont associées à des attitudes; gazouillis en début de repas, avant la chasse, lors de retrouvailles.
La communication olfactive est aussi importante. Le lycaon possède des glandes anales et distille une odeur acre très marquée. En période de reproduction, le couple Alpha communique par l’émission d’urine et de fèces, mâle et femelle urinent au même endroit et en même temps. En dehors de cette période, le marquage par les urines est quasiment inexistant. Ce marquage est plus dans un but de domination et de reproduction que pour un réel marquage de territoire.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – Moremi Game Reserve – Botswana

La communication de contact et de posture est également très utilisée chez les lycaons.
Ils expriment leur humeur par des mouvements de queue, se reposent blottis les uns contre les autres. Ils se frottent, se lèchent, se mordillent.
Ils peuvent manifester un comportement agressif si un subalterne oublie ou remet en cause son statut.

2.4 Divers
Les mâles sont par nature plus agressifs que les femelles.
En général, les mâles restent dans le pack, ce sont surtout les femelles qui migrent.
Elles peuvent quitter leur pack natal lorsqu’elles détectent la présence (odeur, vue, son) d’un groupe de mâle.
La femelle Alpha reste au sommet de la hiérarchie tant quelle est reproductive et capable d’affirmer sa domination. Elle est remplacée lorsqu’elle est vieille ou infirme. Lui succède alors une femelle de second rang ou une subalterne qui prend sa place généralement après une bagarre.

3. Reproduction

La femelle lycaon atteint la maturité sexuelle au cours de sa 2ème année et obtient sa première portée vers l’âge de 22 mois.
Lorsqu’elle est en chaleur, elle n’est suivie que par un mâle (le mâle Alpha) qui repousse les autres prétendants. Si la femelle se déplace, le mâle la suit de près et pose fréquemment la tête sur sa croupe ou ses épaules. Si elle se couche, il fait de même, appuyé contre elle. A chaque fois qu’elle urine il urine au même endroit.
C’est donc en théorie le mâle Alpha le père de la portée, mais il arrive que des mâles subalternes arrivent à s’accoupler avec la femelle Alpha. Chez le lycaon, l’accouplement est bref.
En principe la femelle dominante est la mère de tous les petits mais il peut parfois y avoir 1 ou 2 autres femelles mères.
Après environ 70 jours de gestation, la mise bas se fait dans un terrier (ancien terrier d’oryctérope) pouvant être réutilisé. Les lycaons peuvent aussi utiliser des cavités rocheuses naturelles pour servir de tanière.

Lycaon, chien sauvage africainJeunes Lycaon pictus pictus – South Luangwa National Park – Zambie

Les portées sont très nombreuses, de 2 à 21 petits (8 à 11 petits en moyenne). Le nombre de chiots par portée est très important en proportion de la taille de l’animal.
En conséquence, le poids des nouveaux nés est faible et leur développement moindre que chez les autres canidés.
A la naissance les petits pèsent environ 300 à 360 g et sont aveugles, ils sont noirs et dépourvus de poils. Leurs yeux s’ouvrent vers 1 à 2 semaines.
Le système de reproduction efficace aux portées nombreuses implique une aide de la part du pack pour le nourrissage et l’élevage des jeunes. Pour veiller sur eux, une femelle reste au terrier, elle est nourrie par la meute en même temps que les jeunes.
A partir de 2 à 3 semaines, les lycaons font leur première sortie du terrier et commencent à consommer de la nourriture solide (viande régurgitée). Vers 10 semaines, ils sont sevrés.
Pour faire régurgiter les adultes, les petits les sollicitent en gémissant et en leur mordillant la commissure des lèvres et la bouche. Plusieurs adultes doivent régurgiter pour alimenter les petits. Vers 6 à 7 semaines, l’aspect des chiots commence à prendre celui des adultes et passent du noir au tricolore.
Les jeunes lycaons restent au terrier environ 3 mois puis se déplacent avec le pack.
Toute la meute participe à l’élevage des petits; surveillance, protection, éducation, jeux, alimentation.
Entre 8 et 18 semaines, le pack abandonne le terrier et les jeunes se nourrissent directement sur les proies sans toutefois prendre part aux chasses, ils y participeront seulement vers l’âge de 6 mois.
La mortalité infantile est proche de 50 % la première année dont 1/4 à cause de maladies.
A 1 an, le lycaon est considéré comme adulte.

Lycaon, chien sauvage africainJeunes Lycaon pictus pictus – South Luangwa National Park – Zambie

4. Biologie et anatomie

Lycaon, chien sauvage africainSeul représentant de son genre, le lycaon ne possède que 4 doigts aux pattes antérieures contrairement aux autres canidés qui en possèdent 5.
Ce doigt absent est chez les canidés un pouce atrophié présent sous forme d’ergot. Cette particularité l’a fait classé dans un premier temps dans le genre hyaena.
Il possède des poches glanduleuses vers l’anus et dégage une forte odeur acre.
La femelle possède 6 à 7 paires de mamelles thoraco-abdominales.
Le lycaon est sensible aux maladies des canidés ; rage, anthrax, maladie de Carré, parvovirose, etc. Le contact (direct ou indirect) avec des chiens domestiques favorise la transmission de certaines de ces maladies.
Sa dentition est adaptée pour trancher et broyer, elle est spécialisée pour un régime hypercarnivore.
Son estomac est volumineux et son métabolisme rapide, ce qui le conduit à faire des repas rapprochés, plus d’une fois par jour quand cela est possible.

5. Régime alimentaire

Seul canidé africain exclusivement carnivore, le lycaon consomme principalement des antilopes de taille moyenne; impala, gazelle de Thomson en Afrique de l’Est, springbok en Afrique Australe.
Le poids moyen des proies est d’environ 50 Kg mais peut aller jusqu’à 200 Kg.
Il capture plus occasionnellement des jeunes d’espèces plus grandes ; éland, gnou, zèbre, etc.
Il consomme aussi plus rarement, lapins, oiseaux, jusqu’à des zèbres adultes si la meute est nombreuse.
La nature des proies consommées est en fonction de la région, de la saison et des opportunités.
Les victimes sont démembrées et dévorées sur l’instant, un impala est dévoré en moins de 10 mn. Le chien sauvage africain consomme environ 3 à 6 Kg de viande/jour pour 1 adulte.
Pour la nourriture, le lycaon est principalement en concurrence avec les hyènes.

Lycaon, chien sauvage africainLycaon pictus pictus – Moremi Game Reserve – Botswana

6. Prédateurs

Le principal prédateur du lycaon est l’homme sous de multiples formes; persécutions par les éleveurs, accidents de la route, captures dans des pièges (collets).
Les jeunes peuvent être prédatés par le léopard et la hyène tachetée.
Les sujets adultes peuvent être occasionnellement tués par des lions.

7. Habitat, distribution et évolution de la répartition

7.1 Habitat
Les habitats du lycaon sont assez variés; savanes ouvertes, savanes boisées, savanes arides, forêts claires, semi-déserts (Kalahari), désert (présence au Sahara). Il est absent des forêts tropicales humides.
Il peut évoluer en altitude puisque des observations ont été faites sur des hautes montagnes africaines; en Ethiopie en 2005 sur le Plateau de Sanetti (4050 m), en 1993 sur le Mt Kenya (4250 m) et au sommet du Kilimandjaro où 5 lycaons ont été observés.
Il dépendent de grands territoires sauvages non morcelés et inhabités.

7.2 Distribution
Initialement présent dans 39 pays africains, le lycaon a disparu dans au moins 25 d’entres eux.
Il est notamment éteint en Egypte, en Libye, en Mauritanie et au Soudan.
Il était présent en Egypte (groupes nomades) jusqu’à la fin du XIXème.
En 1955, P. Bourgoin cite dans « Animaux de chasse d’Afrique » « le cynhyène se rencontre dans toute l’Afrique noire en dehors des forêts denses, jusque dans l’Aïr et le Tibesti ».
Il est éteint dans le parc des Virunga (RDC) depuis 1957 alors qu’il y était abondant auparavant.
Présence citée dans « Faune du Sahara » de M. Le Berre (1990): Algérie, Sud Hoggar (Monod 1927), Mali, Adrar des Iforas (Sayer 1977), Niger, Aïr et Ténéré (Grettnberger et Newby 1986), Soudan, Darfour (Setzer 1957).
En 2019 on enregistre des populations viables dans seulement 6 pays ; Botswana, Kenya, Tanzanie, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe.
Sa présence est actuellement incertaine en Algérie. En 1928, cinq spécimens ont été vus au Sud de Tanezrouft, deux d’entre eux ont été tués lors d’une chasse. (Source: « Les Mammifères sauvages d’Algérie » – Mourad Ahmim – 2019).

Lycaon, chien sauvage africainFemelle Lycaon pictus pictus – Savuti (Chobe National Park) – Botswana

7.3 Evolution des populations
La population de lycaons était estimée à environ 500.000 individus au début du XXème siècle.
Par le passé, quelques rares observations font état de packs de plusieurs centaines d’individus (Afrique du Sud, 19ème siècle vers 1850). Au Sud du Kenya dans les années 20, un regroupement d’environ 500 chiens a été relaté.
En 2015 la population était évaluée à moins de 7.000 individus répartis en 39 populations, dont 1.400 individus matures, en état de se reproduire (source IUCN).
Il est devenu très rare en Afrique de l’Ouest.
Malgré un système de reproduction efficace, les populations de lycaons sont en déclin. L’espèce est menacée et sa distribution est devenue très fragmentée.
Cela est du en grande partie à l’expansion démographique qui génère un morcellement et une perte des territoires sauvages nécessaires à la survie des meutes de lycaons.
Malgré cela, certaines populations sont localement en hausse (Zambie, Zimbabwe) grâce à l’action de quelques ONG.

8. Interactions avec l’homme

Lycaon, chien sauvage africainLes lycaons subissent des persécutions suite à prédation sur du bétail (mouton ou chèvre).
Il est persécuté depuis très longtemps par l’homme. Considéré comme une «vermine» par les colons européens, la population est passée de 500.000 à environ 7.000 en moins d’un siècle.
En Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe), une récompense de cinq shillings a été introduite en 1916 pour la preuve de la destruction d’un Lycaon. Cette prime a été augmentée périodiquement jusqu’à ce qu’elle soit finalement abolie en 1977.
Rien qu’en 1975, 3.404 loups peints ont été détruits lors d’opérations de « lutte contre la vermine ».
Lorsque les lycaons sortent des aires protégées, leur mortalité devient plus importante, (collisions avec des véhicules, armes à feu, pièges, poisons). Aux environs de Hwange au Zimbabwe, 234 morts de lycaons ont été attribués aux activités humaines dont la circulation routière.

9. Informations complémentaires

9.1. Origine du nom
En 1820, C.J. Temminck désignera d’abord le lycaon par Hyena picta (hyène peinte), mais suite à des observations de la dentition sur un autre spécimen, le lycaon passe au cours de la même année de genre Hyaena au genre Canis et devient Canis pictus.
Cette classification est remise en cause par le naturaliste anglais Joshua Brookes. Au vu de la morphologie et du comportement particulier de l’animal, un nouveau genre sera créé pour lui, le genre Lycaon (1827).
Le nom de ce beau et aujourd’hui rare canidé est inspiré par la mythologie grecque et le roi Lycaon, souverain bestial d’Arcadie, barbare et cannibale à ses heures. Il fut transformé par Zeus en créature mi homme, mi loup pour lui avoir servi de la viande humaine lors d’un banquet.

9.2. Origine/espèces fossiles
Les lycaons partagent un ancêtre commun avec les loups (il y a quelques millions d’années, 2 à 5 millions environ).
Le plus ancien fossile connu de Lycaon pictus remonte à 200.000 ans et a été trouvé dans la grotte de Hayonim, en Israël.

9.3. Les lycaons à travers l’histoire
Au début du 19ème siècle, le naturaliste anglais William John était en possession d’un lycaon vivant. Celui-ci avait à l’époque déjà décrit le comportement de l’animal (vie en meute, chasse collective de jour, etc).
En 1820 aux Pays-Bas, le zoologue hollandais Coenraad Jacob Temminck est en possession d’une dépouille de lycaon. A cette époque, l’animal n’a pas encore été étudié et il ne porte pas de nom scientifique.
Le lycaon est cité dans quelques contes de la mythologie du peuple San.

9.4. Iconographie

Lycaon, African Wild DogLe lycaon par J.G. Keulemans – Gravure de 1890 (cet animal resemble plus à un protèle qu’à un lycaon).

Représentation du lycaon sur quelques timbres de pays africains.

Lycaon, chien sauvage africain

10. Bibliographie

Estes, R.D. 2012. The behavior guide to African Mammals, The University of California Press.
McNutt, J.W. Woodroffe, R. 2013. African Wild Dog, Mammals of Africa Volume V, Bloomsbury.
Castello, J.R. 2018. Canids of the world, Princeton University Press.
Carnaby, T. 2010.Beat about the bush Mammals, Jacana Media.
Breil, M. Mayeur, J.P. Thille, F. 1998. Kenya Tanzanie Le guide du safari Faune et parcs, MARCUS.
Dorst, J. & Dandelot, P. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux et Niestlé.
Lamarque, F. 2004. Les Grands Mammifères du Complexe WAP, CIRAD ECOPAS
Stuart, C & M. 2016. Guide photo des grands mammifères d’Afrique, Delachaux et Niestlé.
Bussière, E. 2019. Et ainsi fut nommé Lycaon pictus, Revue Espèces N°32, Kyrnos Publications.
Apps, P. 2000. Smithers’ Mammals of southern Africa, A field Guide, Random House Struik.
Kingdon, J. 2011. The Kingdon Field Guideto African Mammals, A&C Black.
Ouvrage collectif, 2014. A field guide to the Larger Mammals of Tanzania, Wild Guides.
Le Berre, M. 1990. Faune du Sahara Tome 2 Mammifères, Lechevalier – R. Chabaud.

11. Liens

Painted Dog Conservation.
Lycaon roi d’Arcadie.
L’effroyable histoire de Lycaon, roi d’Arcadie.
Le lycaon, chien sauvage longtemps mal-aimé, peu à peu réhabilité.
African Wild Dog sur Animal Diversity Web.
Stratégie régionale pour la conservation des guépards et des lycaons en Afrique Occidentale, Centrale et Septentrionale.
Lycaon pictus – African Wild Dog.
African Wild Dog Facts: Diet, Behavior, Habitat.
Le lycaon ou chien sauvage d’Afrique.
Wild dogs facing increased persecution in Eastern Namibia.
Rising temperatures further threaten already endangered African wild dogs.
African wild dogs return to southern Malawi for the first time in 20 years.
African wild dogs have a feeding queue: why it makes sense.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Janvier 2023

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.
Préservation / Conservation:

Researchers strive to end human-wildlife conflicts in Southern Africa.
Madagascar’s unique wildlife faces imminent wave of extinction.
BENIN: Berlin finances the preservation of the sacred forest of Kpékonzoun.
BÉNIN : Berlin finance la préservation de la forêt sacrée de Kpékonzoun.
AFRIQUE : la diversité animale chutera de 10 % d’ici à 2050.
GUINÉE : lancement d’un projet de préservation du parc national du Haut-Niger.
Bulindi Chimpanzee and Community Project: Restoring Ecosystems in Uganda and Harmony Between Wild Chimpanzees and Local Communities.
AFRIQUE DU SUD : plus de 100 guépards iront en Inde, pour y réintroduire l’espèce.
Finally, pact to bring 12 cheetahs from South Africa signed.
South Africa confirms signing of MoU to translocate more than 100 cheetahs to India.
Resolving a conservation dilemma: Vulnerable lions eating endangered zebras.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

RDC : une campagne contre la consommation de faune sauvage à Kinshasa.
Elephant poaching rates vary across Africa: 19 years of data from 64 sites suggest why.
The EAGLE Network Annual Report 2022.
Namibia rhino poaching surged 93% in 2022.
RDC : Une vingtaine d’éléphants tués dans un parc de l’est du pays avant la fin de 2022.
Germany Is Holding The Largest Trophy Hunting Fair In The EU; Over 80 Exhibitors Are Selling Hunting Trips To Kill Imperiled Wildlife.
Changing behaviour to stop the loss of wildlife through poisoning.

Primates:

Lab cognition going wild: Implementing a new portable touchscreen system in vervet monkeys.
Des écrans tactiles pour étudier les singes dans leur milieu naturel.
Les grands singes souffrent en Afrique.
Humans and wild apes share common language.
Sourcing high tissue quality brains from deceased wild primates with known socio-ecology.
Baboons ‘crouch and sprint’ to take standing up in their stride.
La reproduction des gorilles des montagnes ralentit lorsque les femelles sont transférées d’un groupe à l’autre.
Les bonobos acceptent facilement les individus étrangers.
A Race Against Time to Save the Most Endangered Gorillas In The World.
The Mandrillus Face Database: A portrait image database for individual and sex recognition, and age prediction in a non-human primate.

Herbivores / Herbivorous:

Climate change is leaving African elephants desperate for water.
Giraffe social structure as complex as elephants’.
Colonialism in South Africa leaves a lasting legacy of reduced genetic diversity in Cape buffalo.
Human elephant conflict in the Amboseli ecosystem.
Elephants promote jumbo trees, boosting the carbon stores in Africa’s forests.
Do elephants really ‘never forget’?
Save Africa’s forest elephants if you want the Congo rainforest to continue capturing carbon.

Carnivores / Carnivorous:

Leopards Make Good Neighbors.
Spotted hyenas all sound different when they call – they can tell friend from foe.

Autres mammifères / Others mammals:

The Kalahari Game Reserve Scientist Studying Climate Change Through the Solitary Pangolin.
Aardvark that washed up on Cape Town beach was likely victim of illegal trade.
About warthog.

Autres nouvelles / Others news:

COVID-19 is more widespread in animals than we thought.
Tanzania to allocate about 1.5 million hectares of protected areas for human use.
Climate change is threatening Madagascar’s famous forests – our study shows how serious it is.
Correlated evolution of social organization and lifespan in mammals.
Biting drought fuels human-wildlife conflicts in Kenya, Horn of Africa.

Primates du Bénin et autres petits mammifères

Cet article n’est pas une revue exhaustive à propos des primates du Bénin. Il relate mes impressions et observations animalières au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin réalisé entre le 26 novembre et le 12 décembre 2022. Le Nord se limitant à la région de Natitingou car le parc de la Pendjari était malheureusement fermé pour des raisons de sécurité au moment de ce voyage. Pour approfondir le sujet, je vous invite à consulter les nombreux liens cités à la fin de cet article.

Le Bénin

Le Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest bordé au Sud par l’océan Atlantique (Golf de Guinée). Il a comme pays frontaliers, le Togo à l’Ouest, le Nigéria à l’Est, le Burkina Faso et le Niger au Nord. Cette région d’Afrique abrite de nombreux primates, don 10 espèces pour le seul Bénin.

Les forêts du Bénin

En dehors de quelques grands massifs forestiers, les forêts du Bénin se réduisent malheureusement à de simples et souvent très petits îlots forestiers qui sont protégés par des ONG et/ou par le fait qu’ils soient des lieux considérés comme sacrés au titre du culte vaudou par exemple.
Les principaux grands massifs forestiers sont ; la forêt des Monts Kouffé et Wari-Maro (282.000 ha), forêt de l’Ouémé Supérieur (193.000 ha), forêt d’Agoua 75.000 ha, forêt de Kétou 43.000 ha, forêt de l’Ouémé Boukou 20.500 ha et la forêt de la Lama qui sera évoquée plus loin.
Comme partout ou presque en Afrique la destruction des forêts naturelles résulte de la pression anthropique (expansion démographique, braconnage, exploitation anarchique et abusive du bois, déforestation pour culture et pastoralisme, etc.). Pour le Bénin la perte des surfaces forestières est importante, les forêts couvraient 60 % du territoire en 1976, 43 % en 1990 et seulement 28 % en 2019.
Beaucoup de surfaces boisées, importantes par endroits, sont principalement des plantations en monocultures impropres à accueillir la biodiversité animal. (Plantations de Teck, d’anacardiers, etc.).

Le Dahomey Gap, une particularité du Bénin et des pays voisins

Le Dahomey Gap est un couloir de forêts sèches et de savanes occupant principalement le Sud du Bénin et du Togo (débutant au Ghana à l’Ouest et se poursuivant au Nigeria à l’Est) . Cette zone crée une rupture dans la ceinture de forêts denses occupant le Sud des pays côtiers depuis la Guinée à l’Ouest et jusqu’au bassin du Congo à l’Est.
Cette discontinuité du milieu implique la rupture de la répartition géographique des espèces associées ou inféodées aux forêt denses.

Jardin des plantes et de la nature de Porto Novo

26/11/22 – 6°28’26.4’’ N 2°36’55.5’’ E
Cette ancienne « forêt sacrée » d’une surface de 6,3 ha n’est plus aujourd’hui qu’un ilot de 3,8 ha en cours de réhabilitation. Il est situé en pleine ville de Porto Novo la capitale du Bénin et le quartier est ceinturé par des réseaux routiers importants (routes 2×2 voies). L’avenir y est plus qu’incertain pour les quelques primates qui y subsistent comme ce cercopithèque mone Cercopithecus mona qui nous a fait l’honneur de sa visite alors que nous allions quitter les lieux.

Primates et petits mammifères du Bénin - Impressions et observations au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin. (Colobes, cercopithèques et galagos).Cercopithèque mone – Cercopithecus mona – Porto Novo – Bénin

Forêt sacrée de Kpassè

27/11/22 – 6°21’56.39’’ N 2°5’48.95’’ E
Située en pleine ville de Ouidah, cette forêt originellement d’une surface de 30 ha, n’occupe plus aujourd’hui que 4 ha. C’est un haut lieu du culte vaudou.
Nous y sommes allés en fin d’après midi pour assister à l’envol d’une colonie de chauves-souris Roussette paillée africaine Eidolon helvum qui passe la journée dans le houppier de grands arbres de cette forêt.
Notre guide local, nous a raconté que dans la nuit, un petit animal pouvant pousser des cris ressemblant à des aboiements est présent dans cette forêt, il nous dit que celui ci se déplace en marche arrière pour descendre des arbres et qu’il se déplace parfois au sol ! En lui montrant des photos de potto de Bossman, notre guide semble reconnaître l’animal. Ceci a éveillé notre curiosité, étant à la recherche de pottos et de galagos. Nous avons donc fait une balade nocturne dans la forêt de Kpassè au milieu des statues de divinités vaudou. Nous n’avons ni vu ni entendu le fameux animal pas plus que de galago !!! Le potto ne poussant pas de cri comme ceux évoqués, il pourrait s’agir d’un daman ?

Forêt sacrée de Kikélé

30/11 et 01/12/22 – 9°0’32.841″ N 1°43’43.837″ E
La forêt sacrée de Kikélé représente une surface d’environ 4 ha dont seulement 3 ha sont habitables par les colobes de Geoffroy Colobus vellerosus. Elle est entourée par le village de Kikélé, des plantations (Teck) et des cultures. Elle abrite un groupe d’une vingtaine de colobes à l’avenir incertain puisque cette population est isolée et donc sans brassage génétique.
Lors d’une première incursion dans cet îlot forestier en fin d’après midi du 30/11 en compagnie d’un écogarde et d’un étudiant de l’Université d’Abomey Calavi, nous avons observé 2 colobes de Geoffroy. De 22h00 à 24h00, nous avons effectué une seconde sortie pour tenter d’observer et photographier des galagos. Nous avons seulement réussi à voir dans les faisceaux de nos lampes les yeux de 3 individus (probablement des galagos du Sénégal, Galago senegalensis senegalensis).
Le lendemain, après avoir campé dans le village, nous avons effectué une nouvelle balade dans la forêt où nous avons eu la chance d’observer correctement dans une belle lumière un groupe de 6 colobes de Geoffroy. A noter que dans cette forêt vivaient jusqu’à il y a peu 2 cercopithèques mone qui sont maintenant décédés à priori de mort naturelle.
Nota : Dans de nombreux articles ou ouvrages, le colobe de Geoffroy Colobus vellerosus est improprement baptisé colobe magistrat alors que ce dernier correspond au Colobus polykomos qui est présent plus à l’Ouest du continent, de la Côte d’Ivoire à la Guinée.

Primates et petits mammifères du Bénin - Impressions et observations au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin. (Colobes, cercopithèques et galagos).Colobe de GeoffroyColobus vellerosus – Forêt de Kikélé – Bénin

Forêt marécageuse de Lokoli

05 et 06/12/22 – 7°3’45.115’’ N 2°15’44.917’’ E
A peine arrivés, nous effectuons une première sortie en pirogue dans la superbe forêt marécageuse de Lokoli qui s’étend sur une surface de 2.945 ha, nous n’y avons vu qu’un seul cercopithèque mone.
En début de nuit, après avoir installé notre tente dans la cour d’un villageois tout près de la forêt, nous avons fait une sortie en périphérie à la recherche de galagos, mais nous sommes rentrés bredouilles.
Le lendemain matin lors d’une longue balade en pirogue dans les méandres de la forêt, nous avons observé 6 cercopithèques mone et un écureuil.
A l’embarcadère, entre le faux plafond et la charpente de celui-ci des chauves souris étaient au repos en attendant la nuit. Elles appartenaient à l’espèce de chauve souris Angolaise à queue libre Mops condylurus.

Forêt de La Lama ou forêt de Kö

06 et 07/12/22 – 6°55’49.92″ N 2°9’6.72″ E
D’une superficie de 16.250 ha dont initialement (en 1946) 11.000 ha de forêt dense, la forêt de la Lama est largement exploitée et est devenue en grande partie une culture forestière. Le noyau central de la forêt dense classée n’était plus que de 2.300 ha en 1986 et représenterait aujourd’hui moins de 1.900 ha entourés d’une ceinture plantée de teck (les chiffres ci-dessus sont à titre indicatif). Cette forêt est censée abriter 7 espèces de primates, les plus abondants étant les cercopithèques mone, les cercopithèques à ventre rouge et le tantale. Les plus rares étant le colobe de Geoffroy et surtout le colobe vert olive.
Le 06/12 lors d’une balade en voiture le long des pistes forestières rectilignes, nous avons observé 7 tantales, 2 groupes de mones, 2 groupes de tantales et un groupe mixte mona/tantale. En fin d’après midi lors d’une seconde sortie, nous avons vu un groupe d’une trentaine de mona.
Le matin du 07/12, nous effectuons une sortie à pied dans l’îlot central protégé. La végétation y est très dense et l’observation difficile. Nous avons seulement aperçu des tantales et des mones. Le sentier n’est pas idéalement entretenu et la progression n’est pas toujours facile. En périphérie immédiate de l’îlot central classé, l’activité humaine est très importante, coupe d’arbre, débardage, camions, motos, bruit, etc.

Primates et petits mammifères du Bénin - Impressions et observations au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin. (Colobes, cercopithèques et galagos).TantaleChlorocebus tantalus – Forêt de la Lama – Bénin

Îlot forestier de Sindomey

07 et 08/12/22 – 6°34’53.88’’ N 2°24’31.98’’ E
Cet îlot est situé près de la rivière Sô et entouré par une plaine inondable utilisée pour des cultures maraîchères après la saison des pluies. Cette petite forêt est gérée par l’association CREDI-ONG. Les animaux rencontrés lors de 2 sorties sont le tantale et des écureuils heliosciure de Gambie Heliosciurus gambianus. Aucun galago n’a été observé lors d’une sortie nocturne (sortie écourtée par l’agressivité des moustiques).

Primates et petits mammifères du Bénin - Impressions et observations au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin. (Colobes, cercopithèques et galagos).Heliosciure de GambieHeliosciurus gambianus – Sindomey – Bénin

Vallée du Sitatunga

08/12/22 – 6°37’15’’ N 2°21’12.42’’ E
Avec la permission du « roi », nous effectuons le tour d’un îlot de forêt sacrée. Nous ne verrons que des écureuils.
Après le diner, la nuit étant bien établie, nous nous baladons dans les chemins et parmi les maisons aux environs de la base de CREDI-ONG à la recherche de galagos. Recherche fructueuse car les paires d’yeux rouges dans le faisceau de nos lampes furent assez nombreuses.
Avant de nous introduire dans les cours des habitations pour nous approcher des primates, notre guide local prononçait une « Cococo » en guise de « Toc-Toc » sur une porte invisible.
Ce soir là, j’ai réussi à photographier un des galago qui cheminait sur un câble électrique pour migrer d’un bosquet à un autre.
Sur le chemin du retour, nous croiserons un chasseur d’aulacode avec sa vieille pétoire et une lampe torche fixée sur la tempe à l’aide d’une lanière de chambre à air.

Primates et petits mammifères du Bénin - Impressions et observations au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin. (Colobes, cercopithèques et galagos).Galago de ThomasGalagoides thomasi – Vallée du Sitatunga – Bénin

Drabo Gbo

09/12/22 – 6°30’48’’ N 2°18’4.5’’ E
La forêt de DraboGbo 14 ha est un sanctuaire pour le cercopithèque à ventre rouge représentée au Bénin par une sous espèce endémique Cercopithecus erythrogaster erythrogaster. Ce sanctuaire a été crée par Peter Neuenschwander où il a réintroduit ce primate. Actuellement, la population se compose de deux groupes. Le premier vivant principalement dans le sanctuaire proprement dit et qui est nourri partiellement deux fois par jour. Le second est un groupe retourné à l’état sauvage issu de l’éclatement du premier groupe et qui vit dans la forêt voisine. Malheureusement, au moment de notre passage, la lumière était rare vu l’heure matinale et la brume présente. De ce fait les observations n’étaient pas idéales et la photographie quasi impossible. Ce sanctuaire est tout proche d’un village et les habitants ne voient pas tous d’un bon œil l’accaparement de forêt au seul profit des singes. L’accès à la forêt est cependant autorisé pour les cérémonies vaudou.

Primates et petits mammifères du Bénin - Impressions et observations au cour d’un voyage du Sud au Nord du Bénin. (Colobes, cercopithèques et galagos).Cercopithèque à ventre rougeCercopithecus erythrogaster erythrogaster – Drabo Gbo – Bénin

GnanhouizounmeBase ODDB

09, 10 et 11/12/22 – 6°55’24.6’’ N 2°24’44.7’’ E
Après avoir traversé le fleuve Ouémé en pirogue, nous avons passé deux jours et deux nuits en camping sur le site de la base de ODDB (Organisation pour le Développement Durable et la Biodiversité) près de la forêt de Gnanhouizounmè.
En compagnie d’Emmanuel Doheto, nous avons effectué plusieurs sorties dans les deux parties de forêts gérées par ODDB.
En périphérie immédiate de la base, nous avons observé un Heliosciure de Gambie Heliosciurus gambianus, puis lors d’une ronde nocturne près des arbres en lisière de la base nous avons observé une dizaine de galagos de Thomas Galagoides thomasi.
Le 10/12 nous avons arpenté la petite forêt de Zintji d’une superficie de 7 ha où vivent 30 à 40 cercopithèques à ventre rouge, quelques cercopithèques mone et des tantales.
Le matin nous avons observé un cercopithèque à ventre rouge. L’après midi, le seul animal rencontré a été un cobra de plus d’un mètre, sans doute un cobra cracheur Naja nigricollis. Le 11/12 nous sommes sortis dans la deuxième forêt d’une superficie de 72 ha qui est prévue d’être agrandie jusqu’à 100 hA. Nous avons aperçu et entendu un groupe de cercopithèques mone.

Autres observations

Observation d’une population relique d’une quinzaine d’hippopotames amphibies sur le fleuve Ouémé  7°44’20.936’’ N 2°27’40.204’’ E . Ce sont les seuls hippopotames qui subsistent en dehors du parc national de la Pendjari.
Dans la mangrove à Grand Popo 6°16’49.6’’ N 1°49’50.6’’ E , nous avons observé quatre Mégadermes à ailes orangées Lavia frons.

Mégaderme à ailes orangéesLavia frons – GrandPopo – Bénin

Autres histoire d’animaux

A l’hôtel « A la Lune, chez Monique » situé à Abomey 3 crocodiles nains d’Afrique de l’ouest Osteolaemus tetraspis pataugent en captivité dans des bassins douteux, un petit enclos abritait encore il y quelques temps un céphalophe. Idem dans le jardin d’un hôtel à Zinvié.
En pays Taneka, la natte des rois était traditionnellement en peau de guib harnaché Tragelaphus scriptus.
Dans le village de Koussoukouingou en pays Somba, l’entrée d’un tata* est orné par un crâne de tantale Chlorocebus tantalus, trophée (ancien) de chasse. Au pied de la même case, gisait toute une panoplie de pièges métalliques.
* Un tata est une maison traditionnelle fortifiée.

Viande de brousse

Entre Dassa et Bohicon, vipères à vendre sur le bord de la route.
En balade dans les collines de Dassa, nous croisons un homme armé d’un fusil d’un autre age.
Au menu d’un restaurant à Dassa, francolin et antilope (sans doute céphalophe).
Sur le bord de la route vers la forêt de la Lama, aulacode fumé et brochettes de souris.

Les primates du Bénin

Officiellement 10 espèces de primates sont présentes au Bénin.
Sur ces 10 espèces, 2 sont en danger critique d’extinction, 1 vulnérable et 3 quasi menacées !
Babouin – Olive baboon – Papio anubis – Fiche IUCN
Patas – Patas monkey – Erythrocebus patas – Fiche IUCN
Tantale – Tantalus monkey – Clorocebus tantalus – Fiche IUCN
Cercopithèque mone Mona monkey – Cercopithecus monaFiche IUCN
Cercopithèque à ventre rouge – Red-bellied monkey – Cercopithecus erythrogaster erythrogaster Fiche IUCN sous espèce
Colobe de Geoffroy – White-thighed black-and-white colobus – Colobus vellerosusFiche IUCN
Colobe de Van Beneden – Olive Colobus – Procolobus verusFiche IUCN
Galago de Thomas – Thomas’s galago – Galadoides thomasiFiche IUCN
Galago du Sénégal – Senegal bushbaby – Galago senegalensisFiche IUCN
Poto du Togo Sud – Benin potto – Perodicticus potto jujuFiche IUCN
(Source « Primates of West Africa » John F. Oates 2011).

Malgré 17 jours de présence au Bénin avec une traversée du Sud au Nord puis retour vers le Sud, aucune observation de babouin ni de patas n’a été faite alors que ces deux espèces sont théoriquement présentes dans tout le pays.

Le 01/12/22 à Natitingou, alors que nous sommes en ville dans le jardin d’une entreprise en train d’observer une colonie de chauves souris, deux hommes arrivés à moto viennent vers nous pour nous proposer un patas ! Ils nous disent qu’ils ont élevé l’animal depuis qu’il était petit et qu’ils veulent maintenant s’en débarrasser contre argent. Nous ne savons pas comment ils s’étaient procuré l’animal !

A Abomey à l’hôtel « A la lune » « Chez Monique » un tantale vit tristement dans une petite cage. Univers de fer à béton et de grillage totalement inadapté à la vie d’un primate sauvage (photo ci-contre).


Centre ATO

A Bassila le 30/11/22, nous faisons une étape au Centre ATO où nous rencontrons la directrice et fondatrice du centre, Véronique Tessier.
Au préalable nous avions fait des arrêts le long de la route pour acheter un peu de nourriture pour les pensionnaires du centre. Nous sommes arrivés avec environ, 8 Kg de patates douces, 140 bananes, 80 oranges et 35 ananas !
La vocation de l’association ATO est de sensibiliser les populations et les autorités à la préservation de la faune du Bénin et des primates en particulier, d’informer les Béninois sur les méfaits du braconnage et de l’utilisation des primates comme animaux de compagnie.
En dernier recours, le centre héberge les primates confisqués ou recueillis. Après une période de quarantaine, les animaux sont si possible mis en contact pour reformer des groupes sociaux dans la perspective (pour le moment incertaine) de les relâcher dans la nature. En attendant, les babouins sont
mis sous contraception car le but n’est pas de faire de l’élevage.
Au moment de notre passage le centre hébergeait 73 primates, patas, babouins, tantale et cercopithèque mone ainsi que 3 céphalophes, les patas étant les plus nombreux.
Le centre fait régulièrement appel à des volontaires sans restriction d’âge, les retraités sont ainsi les bienvenus.
Les conditions indispensables sont d’être en bonne forme, d’être motivé, de ne pas rechigner à la tâche et d’accepter des conditions spartiates. Les dons sont également les bienvenus.

Notre guide

Ce beau périple à la découverte du Bénin et d’une partie de sa faune, n’aurait pu se faire sans les compétences de Florent Doko. Je le remercie pour son professionnalisme, sa bonne humeur ainsi que pour ses compétences de chauffeur et de guide.
Florent est également photographe et très bon ornithologue.

Bibliographie:

Primates of West Africa par John F. Oates, illustration de Stephen D. Nash édité par « Conservation International » 2011.
Primates d’Afrique de l‘Ouest par John F. Oates, Biotopes Editions 2019.

Liens :

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Décembre 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

Le géant des phosphates OCP soutient la protection du parc du Niokolo Koba.
Restoring Gorongosa National Park after decades of war.
CITES COP19 – a win for wildlife?
Airbus Foundation looks to put satellites to new biodiversity conservation uses.
Population growth, exploitation and climate change: safeguarding Africa’s wildlife into the 22nd century.
Nouvelles des aires protégées d’Afrique DéCEMBRE 2022.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Poachers target hippos for giant teeth in place of ivory.
South Africa’s Wildlife Forensic Academy uses a stuffed rhino, lion and giraffe to equip students and rangers with the skills needed to convict wildlife criminals.
RDC : Pourquoi les autorités tolèrent – elles la consommation de la viande de brousse ?
RDC : les rebelles du M23 menacent les gorilles du parc national des Virunga.

Primates:

Chimpanzee nut cracking leaves telltale marks on stones, providing clues to human evolution.
Pocket Identification Guide of the Primates of Northeast Africa.
Wild chimpanzee behavior suggests that a savanna-mosaic habitat did not support the emergence of hominin terrestrial bipedalism.
Failure to account for behavioral variability significantly compromises accuracy in indirect population monitoring.
Le primate le plus petit du monde est en train de disparaître.
Mountain gorilla reproduction slows with female transfers.
The Journal of the Africa Section of the IUCN SSC Primate Specialist Group – Volume 16-2022.

Herbivores / Herbivorous:

Botswana investigates elephant deaths near Chobe national park.
Another year of loss – an update on Kruger’s rhino populations.
Large wild herbivores may help slow climate change.
Study reveals that wild African elephants choose paths leading directly to their favorite food.
The least social of the African antelopes: the bushbuck | Candid Animal Cam.

Carnivores / Carnivorous:

The value of individual identification in studies of free-living hyenas and aardwolves.
Trends and biases in African large carnivore population assessments: identifying priorities and opportunities from a systematic review of two decades of research.
What Have Cats Got to do With Climate Change? An Interview with Dr. John Goodrich.

Autres mammifères / Others mammals:

AFRIQUE DE L’EST : le dugong, poussé vers l’extinction par l’homme.
What naked mole-rats can teach us about treating cancer.
The vocal apparatus: Anunderstudied tool toreconstruct theevolutionary history ofecholocation in bats?

Autres nouvelles / Others news:

Population growth, exploitation and climate change: Safeguarding Africa’s wildlife into the 22ND century.
Alors que les banques financent un oléoduc, les militants remettent en question leurs engagements environnementaux.
Tanzanie : La justice prononce des peines capitales contre les assassins d’un défenseur de l’environnement tué en 2017.
L’Afrique pourrait augmenter de plus de 80% ses exportations en gaz liquéfié.
RDC : Deux rangers tués par des hommes armés.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Novembre 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

Ten African countries accuse EU of failing to protect hippos.
Ten African countries accuse EU of failing to protect hippos.
Translocation in conservation: to crate or not to crate?
Hippos to be uplisted? CITES CoP19.
RDC : une initiative sur le cacao durable pour protéger la Réserve de faune à Okapis.
Mixed results for African elephants at the world wildlife trade conference in Panama.
On the frontline against wildlife poaching in Uganda.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Wild chimps and gorillas can form social bonds that last for decades.
Outgunned by militants, rangers fear for chimpanzees in southwest Mali.
Declarative referential gesturing in a wild chimpanzee.
Puberty initiates a unique stage of social learning and development prior to adulthood: Insights from studies of adolescence in wild chimpanzees.
What wild baboons can teach us about aging.
The importance of well protected forests for the conservation genetics of West African colobine monkeys.

Herbivores / Herbivorous:

Tsavo tusker Dida dies of natural causes.
TANZANIE : la population d’éléphants se rétablit.
Kenya : plus de 200 éléphants morts en 9 mois à cause de la sécheresse.
Les cornes de rhinocéros ont rétréci en l’espace d’un siècle.
Evaluating the prevalence and spatial distribution of giraffes injured by non-target poaching.
Iconic Tsavo super tusker Lugard dies.
Last of the ‘Super Tuskers’: Saving Kenya’s majestic megafauna.
West African giraffe conservation success in Niger after daring translocation.

Carnivores / Carnivorous:

Vanishing lions – a 75% decline in Africa’s iconic predators in just five decades.
South Africa leopard monitoring project Western Soutpansberg camera-trap survey 2022.
Evidence of interspecific foraging associations between Cape foxes and striped polecats in the southern Kalahari.
Trends and biases in African large carnivore population assessments: identifying priorities and opportunities from a systematic review of two decades of research.

Autres mammifères / Others mammals:

Biogeography of warthog in the Horn of Africa.
Cape porcupine (Hystix africaeaustralis).
Rabbit haemorrhagic disease outbreak hits South Africa.

Autres nouvelles / Others news:

Human-wildlife conflict: Long-term trends in Namibia.
Protecting the peatlands and woodlands in Angola’s ‘source of life’.
Drought kills hundreds of animals in Kenyan wildlife preserves.
Okavango, Murchison Falls: Big Oil closing in on two iconic African Edens, flags report.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Octobre 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

RDC : L’histoire de détermination du couple Chantereau protecteur des primates.
AFRIQUE : près de 66% de la faune sauvage a disparu depuis 1970.
CÔTE D’IVOIRE : 50 % des forêts de mangroves, perdu en près de 30 ans.
A Second Chance for Endangered Lions.
Un projet de conservation du rhinocéros blanc tente de changer la donne en incluant la communauté locale.
CÔTE D’IVOIRE/LIBERIA : vers la conservation du complexe forestier Taï-Grebo-Sapo.
The tragic human cost of elephant translocations.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Rhino poaching conspiracy ruling boosts conservation efforts.
En Afrique, des bébés chimpanzés pris en otage.
Poaching surges in the birthplace of white rhino conservation.
GABON : quatre présumés trafiquants d’ivoire, risquent dix ans de prison.
Ugandan ivory trader sentenced to life in prison.
Inside South Africa’s Brutal Lion Bone Trade.
UWA hunts for residents who slaughtered chimpanzee for meat.

Primates:

How climate change is driving monkeys and lemurs from trees to the ground.
Easygoing bonobos accepting of outsiders.
Older Barbary macaques show limited capacity for self-regulation to avoid hazardous social interactions.
Humans & Chimpanzees Both Have A Propensity To Time Our Steps To Those Of Others.
Cascading effects of social dynamics on the reproduction, survival, and population growth of mountain gorillas.
See rare photos of chimpanzees treating their wounds with insects.
This weird-looking primate’s extra-long fingers give it an extra-gross talent.

Herbivores / Herbivorous:

The state of Africa’s rhino.
Desert elephants are finding friends in the drylands of Namibia.
Mapping potential connections between Southern Africa’s elephant populations.
Elephants have more facial neurons than any other land mammal.

Carnivores / Carnivorous:

How Bomas Save Zambia’s Lions.
Where have all the lions gone? Establishing realistic baselines to assess decline and recovery of African lions.
Honey Badger Takes On Three Leopards At Once, Emerges From The Brawl Without A Scratch.
The rare case of a lioness with a mane.
Spotted hyenas exposed to daytime pastoralism do just fine.

Autres mammifères / Others mammals:

‘Critically endangered’ listing for East African dugong population is needed.
The « earth pig » of Africa – Aardvark.

Autres nouvelles / Others news:

Nouvelle raffinerie au Nigeria : « c’est une véritable catastrophe » pour la réserve forestière de Stubbs Creek.
Australian oil and gas firm Invictus awarded carbon offset project in Zimbabwe.
L’exploitation minière a de graves conséquences sur la nature et les communautés.
Mines take their toll on nature and communities.
RDC : Le parc national des Virunga face à une double menace.
Cameroon bets on ecotourism to reduce human-wildlife conflicts.

 

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Septembre 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

SOUDAN DU SUD : African Parks gèrera les parcs de Boma et Badingilo pendant 10 ans.
ZIMBABWE : face à la sécheresse, 2 500 animaux transférés du sud vers le nord.
Drought is killing Kenya’s endangered wildlife.
Project Rewild Zambezi – We have moved 101 Elephants.
As poachers poison wildlife, Zimbabwe finds an antidote in tougher laws.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

As poachers poison wildlife, Zimbabwe finds an antidote in tougher laws.
Kenya, Uganda, and Tanzania come together to combat a common enemy.
« C’est la première fois qu’on enlève des chimpanzés » : des kidnappeurs demandent une « rançon colossale » pour trois bébés primates en RDC.
HKU scientists develop quick test to tell elephant and mammoth ivory apart.
Human-wildlife conflict: The ones that got away from snares and shotguns.
Trois chimpanzés kidnappés dans un centre d’accueil en RDC.

Primates:

The southern patas monkey is one of the world’s 25 most endangered primates.
Social responses to the natural loss of individuals in Barbary macaques.
Une étude met en lumière les insaisissables gorilles camerounais et les menaces qui les encerclent.
Transition to siblinghood causes a substantial and long-lasting increase in urinary cortisol levels in wild bonobos.
Repellent activity against Anopheles gambiae of the leaves of nesting trees in the Sebitoli chimpanzee community of Kibale National Park, Uganda.
Study reports first evidence of social relationships between chimpanzees, gorillas.

Herbivores / Herbivorous:

Zimbabwe: Cranes, helicopters and easy on the brakes: Saving 400 elephants from drought.
Elephants that creep in the dark – how elephants distinguish between human activities.

Carnivores / Carnivorous:

GABON : le retour des hyènes.
Simulated genetic efficacy of metapopulation management and conservation value of captive reintroductions in a rapidly declining felid.

Autres nouvelles / Others news:

Peatlands in Congo Basin opened for oil exploration.
Le Parlement européen épingle le mégaprojet pétrolier de TotalEnergies en Ouganda.
New oil refinery ‘a huge disaster’ for Nigerian forest reserve.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Aout 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

Call for hippos to join list of world’s most endangered animals.
Six Key Factors that Make Successful Human-Lion Coexistence Possible.
Le Tchad et la Zambie intègrent le réseau mondial de biosphère de l’Unesco.
Kenya launches app to help protect wild animals.
Viaduc ferroviaire, autoroutes, pression immobilière… Menaces sur la plus ancienne réserve du Kenya.
SOUDAN DU SUD : African Parks gèrera les parcs de Boma et Badingilo pendant 10 ans.
Black Mambas review – thorny issues for South Africa’s all-female anti-poaching unit.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Demand for rhino horn continues to decimate SA herds.
Mozambique busts notorious rhino poacher.
AFRIQUE DU SUD : 84% des touristes votent pour l’interdiction de la chasse au trophée.
Trophy hunting driving African lion into extinction.
Captured leopard left to dis in cage.
Le braconnage des rhinocéros demeure critique malgré une légère baisse.

Herbivores / Herbivorous:

Le refuge de la « licorne africaine », menacé par l’exploitation minière, le braconnage et la déforestation.
Phenotypic matching by spot pattern potentially mediates female giraffe social associations.
L’hippopotame amphibie.

Carnivores / Carnivorous:

Are camera traps a reliable method for estimating activity patterns? A case study comparing technologies for estimating brown hyaena activity curves.
Lions target particular types of cows.

Autres nouvelles / Others news:

Democratic republic of Congo is auctioning 30 oil and gas blocks.
Cameroun : Un projet routier sème la peur pour l’avenir de la forêt d’Ebo.
SÉNÉGAL : un projet de carrière menace la Réserve naturelle de Néma Ba.
RDC : les projets pétroliers de Kinshasa sont « catastrophiques » pour l’environnement, selon Greenpeace.

Hippopotame amphibie

Hippopotamus amphibius (Linné1758)

Hippopotamus, Common hippopotamus

Ordre des Cétartiodactyles, famille des Hippopotamidés, genre Hippopotamus

Hauteur au garrot: 1,5 m en moyenne.
Poids du mâle: 1,6 à 2 tonnes.
Poids de la femelle: 1,4 tonnes.
Longueur de la queue: 35 à 50 cm.
Gestation: 225 à 250 jours.
Nombre de petits par portée: 1
Longévité: Environ 30 ans à l’état sauvage, 50 ans en captivité.

Lien vers fiche IUCN.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame communhippopotamus amphibius – Parc National du Lower Zambezi – Zambie

1. Description, sous espèces et variantes géographiques

1.1. Description
L’hippopotame amphibie ou hippopotame commun est le troisième plus gros mammifère terrestre.
Son corps est en forme de barrique pourvu d’une grosse tête dans le prolongement d’un large cou ramassé.
Les membres courts sont prolongés par 4 doigts pourvus d’onglons larges et épais, la queue est courte, épaisse, aplatie et terminée par une touffe de poils noirs.
Le dimorphisme sexuel est marqué par la différence de taille, les mâles sont plus gros que les femelles et le relief du crâne est plus marqué chez les premiers.
La tête de l’hippopotame amphibie est grosse en proportion du corps, le museau est carré et la gueule largement fendue.
Les yeux et les narines sont proéminents, ces dernières sont petites et rapprochées, les oreilles très mobiles, sont courtes et dressées. Des poils épais sont présents autour de la bouche.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame amphibiehippopotamus amphibius

Lorsque l’hippopotame est partiellement immergé, seuls les yeux, les oreilles et les narines peuvent émerger.
La peau de ce mammifère, lisse en apparence mais légèrement striée est de couleur brun chocolat à brun rougeâtre. Elle est plus claire sur le ventre, les joues et la gorge (rosée). Cette peau est glabre (mis à part quelques poils dispersés) elle est plus claire autour des yeux, des oreilles et de la bouche.
Le derme de l’animal est souvent couvert de blessures, entailles et cicatrices (plus souvent chez les mâles). Ces blessures attirent fréquemment les pics-boeufs qui nettoient les plaies mais boivent aussi le sang et mangent de la chair. Lors de la sécrétion d’un mucus protecteur contre le soleil et le dessèchement, cette peau devient rouge à rose-violacé.
Certains animaux présentent parfois des décolorations roses sur les pattes et une partie du corps.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame amphibiehippopotamus amphibius – Parc National de la Ruaha – Tanzanie

1.2. Sous espèces
En attendant des analyses génétiques plus poussées, 5 sous espèces sont couramment évoquées:
Hippopotamus amphibius amphibius (de l’Est de la Gambie à l’Ethiopie, Nord RDC, Tanzanie et Mozambique). Eteint en Egypte.
Hippopotamus amphibius tschadensis (Tchad et Nigeria).
Hippopotamus amphibius kiboko (Kenya, Somalie).
Hippopotamus amphibius constrictus (Angola, Sud RDC, Namibie).
Hippopotamus amphibius capensis (du Sud Zambie à l’Afrique du Sud).
Les différences qui distinguent ces sous espèces en dehors de la zone géographique de résidence sont liées à la morphologie du crâne.
Il existe également en Afrique un autre genre d’hippopotame, l’hippopotame nain ou pygmée.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusGroupe d’hippopotames amphibieshippopotamus amphibius – Ishasha River – Ouganda

2. Comportement

2.1. Comportement général
L’hippopotame commun est un mammifère semi aquatique qui passe le plus clair de ses journées dans l’eau et sort sur terre la nuit pour s’alimenter.
Ce comportement est variable en fonction des conditions météorologiques (chaleur et ensoleillement), si le temps est couvert, il peut sortir de l’eau pour faire la sieste sur les berges ou un banc de sable.
L’hippopotame amphibie est un animal grégaire vivant dans une structure sociale de type harem, la taille des groupes est très variable en fonction du lieu et des saisons (abondance de l’eau). Ces groupes sont constitués de femelles, de jeunes, de mâles subordonnés et d’un mâle dominant qui défend farouchement son harem.
Un mâle peut être à la tête d’un groupe pendant 12 ans.
Lorsque l’eau est abondante la taille des groupes va de 5 à 30 individus, mais lors des périodes de basses eaux les hippopotames peuvent être contraints à des regroupements de plus de 100 individus (Rivière Luangwa en Zambie par exemple). Parfois les conditions sont telles qu’ils sont au contact les uns des autres à peine immergés dans la boue et leurs excréments (Parc National de Katavi en Tanzanie).

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotames amphibies dans la bouehippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie

L’hippopotame est plutôt sédentaire et ne change de point d’eau que par nécessité en cas d’assèchement de celui-ci ou suite à des conflits entre mâles.
Malgré son aspect lourdaud, il est capable de se déplacer facilement à plus de 30 Km/h sur de courtes distances à terre.
Sous l’eau, il peut également se déplacer rapidement en marchant sur le fond ou en effectuant des petits bonds.
En cas de danger il s’immerge complètement pendant quelques minutes, le reste du temps il se tient en immersion partielle avec la tête et le dos émergé. Sa morphologie lui permet de se tenir sous l’eau avec uniquement le sommet de la tête (narine, yeux et oreilles) hors de l’eau.
Pour aller s’alimenter, ces animaux sortent toujours de l’eau par les mêmes endroits et façonnent ainsi les berges des mares, lacs et rivières (voir en 8.2.)
Les affrontements entre mâles rivaux vont de simples intimidations jusqu’à des combats violents. Ces affrontements sont plus fréquents en saison sèche lorsque la concurrence est exacerbée par plus de promiscuité.
Les comportements d’intimidation se traduisent par des bâillements suivi de charges gueule grande ouverte. L’adversaire se soumet en baissant la tête et en faisant claquer sa bouche ou affronte son rival de face gueule ouverte. Ces combats sanglants provoquent des blessures profondes infligées par les incisives, l’issue peut être mortelle. Après un combat, le perdant est expulsé et prend en général la fuite.
Vers l’âge de 8 à 11 ans les hippopotames mâles sont suffisamment forts pour affronter le mâle dominant à la tête d’un harem.
Lorsqu’elles ont des petits, les femelles peuvent aussi être agressives.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusCombat d’hippopotames amphibieshippopotamus amphibius – Parc de la Ruaha – Tanzanie

2.2. Communication
Chez l’hippopotame amphibie, la communication vocale est très variée avec un registre vocal conséquent et très sonore allant des infrasons jusqu’à des cris puissants de 120dB.
Ce mammifère est très bavard dans l’eau de jour comme de nuit et notamment lors du retour à l’eau après la phase d’alimentation nocturne.
La communication olfactive est également utilisée chez l’hippopotame par le marquage territorial avec ses excréments «pulvérisés» (urine et fèces) en agitant vigoureusement la queue sur des buissons, des rochers, de grandes touffes d’herbe. Ce marquage par déjections se fait aussi bien à terre que dans l’eau.

2.3. Comportements particuliers
Chez l’hippopotame commun, des comportements particuliers ont été observés. Certains sont rares et exceptionnels, d’autres sont récurrents.
Des hippopotames ont été observés portant assistance à d’autres animaux pour les sauver de la noyade (impala) ou d’attaques de crocodiles.
A contrario, certains ont été vu attaquant et tuant d’autres animaux ou jouant avec des carcasses flottantes.
Certaines populations aiment prendre des bains de mer (Archipel des Bijagos en Guinée Bissau, parc national de Loango au Gabon).
En 1930 dans la province du Cap oriental en Afrique du Sud, un hippopotame solitaire surnommé Huberta a parcouru près de 1.600 km puis a résidé 6 mois dans le village de Port St Johns. Il a été tué par des fermiers et a terminé naturalisé dans un musée.
Dans les années 1980 à Am-Timan au Tchad, une femelle hippopotame solitaire se laissait monter placidement sur le dos par les enfants du coin.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusAccouplement d’hippopotames amphibieshippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie

3. Reproduction
Les hippopotames amphibies atteignent la maturité sexuelle vers 6 à 8 ans pour les femelles et 7 à 8 ans pour les mâles.
L’accouplement a lieu sous l’eau et est suivi d’une gestation d’environ 8 mois (225 à 250 jours).
Quelques jours avant la naissance, les femelles gestantes s’éloignent du groupe et mettent bas sur terre ou en eau peu profonde.
Les nouveaux nés pèsent de 25 à 55 Kg et suivent rapidement leur mère sous l’eau. Environ 2 semaines après la naissance, la mère et son petit rejoignent le troupeau.
Les femelles hippopotame sont à nouveau en chaleur environ 50 jours après la mise bas et peuvent donner naissance à 1 petit tous les 2 ou 3 ans.
L’allaitement par 2 mamelles inguinales dure environ 8 mois, il a lieu sur terre, puis dans ou sous l’eau. Le petit est sevré vers l’âge de 8 à 14 mois et commence à brouter vers 6 à 8 semaines. Il pait régulièrement vers 4 à 6 mois.
Les Jeunes sont élevés en crèche, il arrive parfois qu’ils soient écrasés par les adultes en cas de panique ou de combats entre mâles.
Vers 4 ou 5 ans, les jeunes mâles quittent spontanément le groupe natal ou sont expulsés vers 6 ans par le mâle dominant.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusFemelle et son jeunehippopotamus amphibius – Parc Queen Elizabeth – Canal Kazinga – Ouganda

4. Biologie et anatomie
Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusL’hippopotame amphibie possède une dentition particulière, avec 2 incisives droites, de section ronde dirigées vers l’avant et 2 canines aplaties latéralement, légèrement courbes vers l’arrière très développées surtout pour la mâchoire inférieure (hypertrophiées chez le mâle). La longueur moyenne de celles-ci (depuis la gencive) est d’environ 22 cm pour le mâle et de 14 cm chez la femelle, mais elles peuvent, chez le mâle atteindre 30 à 40 cm, avec un record de 58,4 cm enregistré au Congo Belge.
La croissance de ces dents, à l’ivoire plus dur que chez les éléphants, est continue et la taille limitée par l’usure.

La bouche de l’hippopotame peut s’ouvrir à 150° et est munie de grosses lèvres, les mâchoires sont muent par de puissants muscles.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame gueule ouvertehippopotamus amphibius – Parc national de Katavi – Tanzanie

L’épiderme de cet animal est fin mais le derme est épais. Epaisseur pouvant aller jusqu’à 6 cm sur le dos et les flancs, il représente à lui seul environ 18 % du poids de l’animal. Sous cette peau, l’hippopotame dispose d’une épaisse couche de graisse.
De rares poils clairsemés sont présents sur le corps, parfois plus abondants sur le mufle. Ceux de l’extrémité de la queue sont longs et raides.
La peau de l’hippopotame commun sécrète une substance alcaline allant de l’incolore au brun rougeâtre. Celle-ci est produite par des glandes sous cutanées et possède des propriétés antiseptiques et filtrantes pour les rayons ultra violets.
Au soleil, les hippopotames se déshydratent rapidement, environ 3,5 fois plus vite qu’un humain.
Cette peau est fragile, des plaies sont souvent visibles sur les flancs et le dos des adultes surtout des mâles. Malgré le fait de séjourner dans des eaux parfois très sales ces blessures s’infectent rarement.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame à la peau dépigmentéehippopotamus amphibius – Rivière Ishasha – Ouganda

Pourvu d’orbites oculaires et de narines surélevées, ce mammifère peut voir, entendre et respirer tout en ayant la quasi totalité du corps en immersion.
Les oreilles sont petites en proportion de la taille de l’animal. L’hippopotame amphibie possède une bonne audition et une bonne vue (y compris nocturne).
Il est capable de faire des apnées de 4 à 5 mn, lors de celles-ci sa fréquence cardiaque chute de 60 à 20.
L’hippopotame possède un gros estomac à 4 compartiments, 3 chambres de fermentation plus 1 pour la digestion gastrique.
Il ne possède pas de vésicule biliaire ni de caecum et bien que sont appareil digestif s’en rapproche, cet animal n’est pas un ruminant.
Cet animal est sensible à la peste bovine et à l’anthrax (Lors de l’année 1987 en Zambie 4.000 hippopotames sont morts de cette dernière).

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusEmpreinte et patte d’hippopotame – hippopotamus amphibius

5. Régime alimentaire
Pour l’anecdote, dans le «Buffon des familles» (vers 1860) il est écrit « il chasse le poisson et en fait sa proie ».
En réalité, l’hippopotame amphibie est un herbivore qui mange de l’herbe, des branches, des rhizomes, des racines, des plantes aquatiques et des fruits comme celui (coriace) de l’arbre à saucisse (kigelia africana).
Il préfère les graminées rases qu’il broute en les pinçant et en les arrachant avec ses lèvres cornées. En cas de pénurie d’herbe il peut consommer des bouses d’éléphants et les jeunes hippopotames peuvent parfois manger les excréments de leurs ainés.
Un adulte consomme quotidiennement environ 40 kg de nourriture mais jeûne parfois en saison sèche.
Il se nourri principalement la nuit et peut parcourir de longues distances en fonction de la disponibilité et de la qualité de la nourriture. Cela peut aller de plusieurs centaines de mètres à quelques kilomètres (observé jusqu’à 30 km).
Après cette période de nourrissage qui dure de 5 à 8 heures, il est en principe de retour dans l’eau avant le lever du soleil mais toujours avant les heures chaudes (variable en fonction des saisons et de la météo).
Lorsque des populations d’hippopotames communs vivent près des humains il est fréquent qu’ils provoquent des dégâts dans les cultures en consommant du maïs ou des choux.
Il arrive parfois qu’ils consomment de la viande sur des carcasses y compris celles de congénères.
Il a été exceptionnellement observé des hippopotames en train de tuer des antilopes (Impala, gnou, bétail).

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame amphibie broutanthippopotamus amphibius – South Luangwa – Zambie

6. Prédateurs
Lions surtout pour les jeunes mais parfois des adultes. Possible prédation par des hyènes pour des jeunes et plus rarement par des crocodiles pour les nouveaux nés.

7. Habitat, distribution et évolution des populations

7.1. Habitat
L’hippopotame amphibie est dépendant de l’eau, il habite les rivières, les fleuves, les lacs, les étangs et les marais à condition que les rives de ces points d’eau soient bordés par des pâturages ou à défaut peu éloigné de ceux-ci.
Il préfère les eaux calmes et peu profondes avec si possible une température comprise entre 18 et 35 °C.
Cependant, en saison sèche il saura se contenter de mares de boue même peu profondes.
Il évite les berges rocheuses, abruptes et fortement boisées.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotames amphibieshippopotamus amphibius – Fleuve Niger près d’Ayorou – Niger

7.2. Distribution
L’hippopotame commun est endémique de l’Afrique.
Il était autrefois présent dans toute l’Afrique Sub Saharienne et la vallée du Nil avec une abondance plus marquée dans les zones tropicales. Il n’est pas ou peu présent dans les zones forestières équatoriales (peu de pâturage).
La distribution actuelle s‘étend d’Ouest en Est depuis le Sénégal et la Gambie jusqu’au Soudan, à l’ Ethiopie et la Somalie , puis vers le Sud jusqu’au Delta de l’Okavango au Botswana, la rivière Kunene en Namibie et au Nord Est de l’Afrique du Sud (autrefois jusque dans la province du Cap).
Son habitat s’étend du niveau de la mer jusqu’à 2.400 mètres d’altitude.
Il est encore présent dans 34 pays d’Afrique principalement dans des aires protégées.
En 1998, la population totale d’hippopotames commun était estimée à environ 157.000 individus dont la moitié en Afrique de l’Est. Les plus grosses populations actuelles résident en Tanzanie et en Zambie.

7.3. Evolution des populations
Les populations d’hippopotames sont en déclin dans 18 des 34 pays où celui-ci est encore présent, principalement en Afrique de l’Ouest.
Il était encore résident en Egypte jusqu’en 1700 où il peuplait la vallée du Nil jusque dans son delta.
Les causes de sa régression sont multiples, la chasse (principalement pour la viande mais aussi pour l’ivoire), les sécheresses, le braconnage, la perte et la fragmentation de l’habitat lié au changement d’utilisation des terres et à la construction de barrages.
L’hippopotame amphibie était chassé depuis l’antiquité sur les rives du Nil. De nombreuses ethnies pratiquaient des chasses traditionnelles pour la chair, Bisas en Zambie, Tongas au Zimbabwe, Sorkos au Niger. La peau était également utilisée pour fabriquer des cordes (CentreAfrique), des cannes ou des cravaches.

L’ivoire des dents d’hippopotames est depuis longtemps convoité. Vers 1880 le Buffon des familles précise que « cette matière des dents canines de l’hippopotame est si blanche, si nette et si dure qu’elle est de beaucoup préférable à l’ivoire pour faire des dents artificielles et postiche ». Pendant longtemps il en a été également fait des fume-cigarettes et des manches de parapluies.
Plus récemment, les restrictions sur le commerce de l’ivoire d’éléphant ont fait reporter une partie de la demande sur l’ivoire des dents d’hippopotames. Pour exemple, en 1997 les douanes de l’aéroport d’Orly ont saisi 1738 dents d’hippopotames.
Les conflits et guerres civiles sont également responsables de la diminution des populations. En Ouganda entre 1970 et 1980 pendant les troubles, la population d’hippopotames du parc national Queen Elizabeth est passée d’environ 20.000 à 2.000 individus. Pour les même raisons en République Démocratique du Congo, la population d’hippopotames du parc des Virunga est passée d’environ 30.000 à 1.300 dans les années 1970.

Pour l’anecdote, il existe une « population sauvage » d’hippopotames en Colombie. Ces animaux proviennent d’un zoo privé établi dans l’hacienda Napoles, domaine du narco trafiquant Pablo Escobar. Ces hippopotames vivaient là parmi, girafes, zèbres, éléphants ou encore rhinocéros où ils barbotaient dans des mares. A l’origine ces hippopotames ont été importés illégalement depuis un zoo Californien. A la chute du trafiquant, l’Hacienda fut laissée à l’abandon puis transformée en parc d’attraction.
Les hippopotames, bien acclimatés se sont reproduits. Certains ont quitté l’hacienda et se sont dispersés dans la nature où ils ont trouvé un milieu favorable notamment dans le Rio Magdalena à une quinzaine de kilomètres. En 20
19, leur population était estimée entre 60 et 80 individus dont certains étaient rendus à 200 km de leur point de départ. Cette population pose problème car en plus d’incidents de cohabitation avec les humains, leur présence pourrait interféré sur le milieu naturel et nuire à la faune sauvage locale.

8. Interactions

8.1 Interactions avec l’homme
Les interactions avec l’homme sont assez fréquentes.
Par facilité ou nécessité, les hippopotames font des dégâts dans les cultures proches des points d’eau, champs de maïs, cultures potagères, etc. Ces pillages peuvent conduire à des représailles.
De nombreux accidents mortels pour les humains sont à déplorer dans les zones où ces derniers côtoient ces grands herbivores. Les accidents souvent nocturnes font suite à des charges, des piétinements ou des attaques d’embarcations ce qui confère à l’hippopotame amphibie le statut de mammifères le plus dangereux d’Afrique pour l’homme.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame amphibie dans son chenal – hippopotamus amphibius – Parc de la Kafue – Zambie

8.2 Interactions avec le milieu
Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusLes paysages sont largement façonnés par les hippopotames qui créent à terre des réseaux de pistes et des «toboggans» entre l’eau et les berges. Dans les zones inondées temporairement, ils creusent lors de leurs déplacement de profonds fossés (hippos channel) qui forment à la saison sèche un réseau de tranchées utilisées par les prédateurs comme le léopard pour se déplacer discrètement et attaquer ses proies par surprise (South Luangwa). Dans les sites inondés en permanence ils forment des chenaux qui facilitent l’écoulement des eaux (Okavango).

En cas de forte densité des populations d’hippopotames, ces derniers peuvent conduire à une dégradation des sols par piétinement, érosion et surpâturage.
Les excréments fertilisent les lacs et les rivières mais peuvent aussi provoquer des pollutions du milieu si les animaux sont trop nombreux. Ces excréments transportent de grandes quantités de silicium et de carbone, les hippopotames jouant ainsi un grand rôle dans l’apport de nutriments dans les savanes et les milieux aquatiques.

Photo ci-contre: Sur les rives de la rivière Luangwa en Zambie, « toboggan » permettant aux hippopotames d’aller et venir entre l’eau et les pâturages. Ces accès servent également aux autres animaux qui viennent s’abreuver à la rivière.

Les hippopotames amphibies et certaines espèces de poissons se rendent des services mutuels, les premiers en brassant les fonds vaseux lors de leurs déplacements et par leurs déjections nourrissent les seconds qui consomment également les parasites présents sur les premiers.
Les hippopotames se font même nettoyer l’intérieur de la gueule par certains poissons.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusTantales ibis et marabouts sur hippopotames – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie

Le dos de ces grands herbivores sert couramment de perchoir pour l’observation et la pêche, principalement à des oiseaux comme les hérons, marabouts et cigognes.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusTortue sur hippopotame – hippopotamus amphibius – Parc de Mburo – Ouganda

Les pique-bœufs sont très souvent présents sur les hippopotames pour prélever des parasites sur la peau de ces animaux mais aussi pour fouiller dans les plaies fréquentes sur le dos et les flancs de ces mammifères.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusPique boeufs à bec jaune sur hippopotame – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie

Les hippopotames amphibies adultes cohabitent pacifiquement avec les crocodiles du Nil.

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame et crocodile du Nil – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie

9. Informations complémentaires

9.1. Origine du nom
Le nom hippopotame est issu du grec ancien et signifie cheval de rivière (composé des mots « hippos » voulant dire cheval et « potamos » pour rivière ou fleuve).

9.2. Origine/espèces fossiles
Les premières traces des hippopotamidés sont hors d’Afrique et datent du début du Miocène.
Au pléistocène, au moins 6 espèces peuplaient l’Eurasie dont Hippopotamus incognitus et Hippopotamus major.
Les plus anciennes traces en Afrique sont du pliocène tardif dans le Rift Occidental H. kaisensis.
Des formes naines ont habité Madagascar. H. madagascariensis et H. lemerlei qui a survécu jusqu’à il y a 1.000 ans environ. Madagascar a également été habité par une grande espèce pendant l’Holocène h. laloumena.
Des études génétiques réalisées en 1997 ont mis en évidence la proche patentée des hippopotames et des cétacés.
Ceux-ci auraient eu un ancêtre commun sans doute semi aquatique dont ils auraient divergé il y a environ 40 millions d’années. Hippopotames et baleines sont dépourvus de glandes sébacées et allaitent leur petit sous l’eau.

9.3. Les hippopotames à travers l’histoire

9.3.1 Mythologie égyptienne
La mythologie égyptienne représente la déesse Taouret appelée parfois Thouéris sous les traits d’un hippopotame.
Cette déesse «écoute les prières des femmes enceintes » car elle est protectrice des accouchements.

9.3.2. Georges l’hippopotame de Cuvier
Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusGeorges, dont l’origine du surnom reste un mystère est un hippopotame naturalisé « collecté » par Pierre Antoine Delalande en 1818 dans les marais bordant la Berg River au Nord du Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud.
Sa peau et son squelette furent expédiés en France alors qu’en Europe à l’époque on ne connaît l’animal que par le crâne.
Une première description par Georges Cuvier avait déjà été faite à partir d’un fœtus conservé dans de l’alcool. Cuvier revoit sa description de l’espèce en 1820 à partir du squelette rapporté par Delalande, le seul visible en Europe à l’époque.
Georges est ainsi devenu le spécimen type de la sous espèce hippopotamus amphibius capensis (Desmoulins 1825).
La « peau » naturalisée est au Muséum d‘Histoire Naturelle de Blois (photo ci-contre) qui en a fait l’acquisition en 1913 par un don du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.
Le squelette est exposé au MNHN de paris dans la galerie de paléontologie et d’anatomie comparée.

9.3.2 les hippopotames de Louisiane
En 1910 suite à une crise démographique et une pénurie de viande bovine, un membre du Congrès Américain, Robert Broussard établi une proposition de loi pour l’établissement d’une population d’hippopotames amphibies dans les marais de Louisiane. L’objectif était double, fournir de la viande aux américains et limiter la prolifération des jacinthes d’eau dans les bayous. Cette proposition ne se concrétisera jamais.

9.4. Iconographie

Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibiusHippopotame attrapant un crocodile – d’après Pierre Belon 1551

Timbres poste de quelques pays d’Afrique représentant l’hippopotame amphibie.Hippopotame amphibie - hippopotamus amphibius

10. Bibliographie
Klingel, H. 2013. Mammals of Africa, Volume VI Pigs, Hippopotamuses, Chevrotain,Giraffes, Deer and Bovids, Bloomsbury.
– Brueil, M. Mayeur, J.P. Thille, F. Kenya Tanzanie Le guide du safari faune et parcs, Marcus.
– Dorst, J. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux et Niestlé.
– Stuart, C& M. Guide photo des grands mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Kingdon, J. 2006. Guide des mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Bourgoin, P. 1955. Animaux de chasse d’AFrique, La Toison D’Or.
– Lamarque, F. 2004. Les Grands Mammifères du Complexe WAP, ECOPAS CIRAD
– Dubois, A. Vers 1860 Le Buffon des familles, Garnier Frères.
– Smithers, Reay, H.N. 2000. Mammals of Southern Africa, Struik.
– Callou, C. Boukef, A.L. Georges, l’hippopotame du muséum de Blois, Revue Espèces N°38 Décembre 2020.
– Corbara, B. Les hippopotames de Pablo Escobar, Revus espèce N°37 Septembre 2020.
– Carnaby, T. 2006. Beat about the bush, Jacana.
– Estes, R.D. 1991. The behavior guide to African Mammals, The University of California Press.

11. Liens
Identification guide for ivory and ivory substitutes (WWF, CITES, Traffic).
Hippos (Hippopotamus amphibius): The animal silicon pump.
L’ancêtre commun des hippopotames et des baleines était-il aquatique ?
The curious adventure of Huberta the hippo.
Huberta, the Wandering Hippopotamus.
Le pachyderme le plus précieux d’Afrique du Sud : Huberta l’hippopotame.
Hippos unleash poop tornado in response to stranger danger.
Facts about hippos.
Podcast: Hippos, manatees, and how the sounds of African wildlife aid their conservation.
Many hunters leave hippos’ corpses behind and return home with just 12 teeth as their “trophies.”
The river horses of Africa.
Taouret, divinité Egyptienne.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Juillet 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

African Parks obtient la gestion déléguée du parc national de Kafue.
White rhino conservation project attempts paradigm shift by including local community.
GABON : Jeff Bezos octroie 35 millions de dollars pour la préservation des forêts.
Le Rwanda veut étendre le parc national des Virunga de 23%.
NAMIBIE : le gouvernement livre huit guépards à l’Inde, pour une réintroduction.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Trophy hunting will not save Africa’s lions.

Primates:

Dead‑infant carrying by chimpanzee mothers in the Budongo Forest.
Chimpanzees observed digging wells after being taught how by an immigrant female.
Intolerant baboons avoid observer proximity, creating biased inter‑individual association patterns.
Des données récoltées à partir d’excréments : des chercheurs dressent une carte d’identité génétique des chimpanzés.

Herbivores / Herbivorous:

Warthog Genomes Resolve an Evolutionary Conundrum and Reveal Introgression of Disease Resistance Genes.
The dama gazelle Nanger dama (Pallas, 1766) in Saharan rock art.
The Secret to an Elephant’s Trunk Is Skin Deep.
Chez les éléphants, la vie en société aide les orphelins à s’en sortir.
Giraffe evolution – pieces of the puzzle.

Carnivores / Carnivorous:

Cape Town’s caracals are exposed to harmful ‘forever chemicals’ through their diet.
Video: Lions try their luck at crocodile hunting.

Autres nouvelles / Others news:

Oil drilling to go ahead in Ugandan park despite threat to nature.
Afrique : l’expansion très rapide des surfaces cultivées menace les forêts et la biodiversité.

Primates of West Africa

Par John F. Oates illustration de Stephen D. Nash édité par « Conservation International ».
Le titre complet est « Primates of West Africa, A Field Guide and Natural History ».
Ouvrage de 556 pages au format 11,5 x 19 cm, reliure brochée. 1ère édition juin 2011.
Ce guide au format de (grande) poche présente de manière très détaillée avec descriptions et illustrations toutes les espèces de primates que l’on peu rencontrer en Afrique de l’Ouest. (Sénégal, Mali, Niger, Nigeria, Ghana, Togo, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Sierra Leone, Liberia, Guinée et Guinée Bissa et partiellement Le Cameroun et la Mauritanie).

Primates of West Africa
En 83 pages, ce livre aborde des généralités à propos de géographie, écologie et climatologie.
Sont également évoquées les peuples autochtones et la classification des primates et leur conservation.
468 pages sont consacrées au primates des différentes familles ( galagos, Loris, Cercopithèques, Colobes et Hominidés).
Pour chaque espèce sont abordés: l’identification, l’aire de répartition et les sous espèces, l’histoire naturelle, le statut de conservation et les endroits où l’on peu rencontrer ces primates.
L’ouvrage se termine par 40 pages à propos des lieux d’observations des primates en Afrique de l’Ouest, 52 pages de références bibliographiques et d’un index.

Ce guide est édité dans « Tropical field guide series ».
Pour obtenir ce livre, je vous recommande le site NHBS.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Juin 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

Gazelle–livestock interactions and impact of water resource development in the Ouadi Rimé–Ouadi Achim Reserve, Chad.
TCHAD : African Parks gèrera le parc de Zakouma pendant 5 années supplémentaires.
AFRIQUE: Natur’Africa remplace Ecofac, avec une plus grande envergure.
MALAWI : 250 éléphants partiront de Liwonde pour repeupler le parc de Kasunga.

 Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

L’ivoire d’au moins 150 éléphants braconné a été saisi lors d’un raid en RDC.
Cash-strapped Zimbabwe pushes to be allowed to sell its ivory stockpile.
ZIMBABWE : la Cites permettra-t-elle au gouvernement de vendre 136 tonnes d’ivoire.
GABON : OPJ et APJ, à l’école de la législation et du trafic faunique.
Trophy hunting incentivises killing of endangered animals, warns Zambian environmentalist.
Trophy hunting will not save Africa’s lions – so the UK ban on imports is a positive step for wildlife conservation.
GABON: le site de stockage d’ivoire du Tribunal de Lambaréné, cible d’un trafic.

Primates:

Population dynamics and genetic connectivity in recent chimpanzee history.
Well-digging in a community of forest-living wild East African chimpanzees (Pan troglodytes schweinfurthii).
AFRIQUE DU SUD : vers une solution durable pour la gestion des babouins au Cap.
Sexual coercion in a natural mandrill population.
Research looks at social structures, behaviors of bonobos compared to more hostile, territorial chimpanzees.
Mito-phylogeny of Cercopithecus mitis manyaraensis.

 

Herbivores / Herbivorous:

Phenotypical characterization of African savannah and forest elephants, with special emphasis on hybrids: the case of Kibale National Park, Uganda.
Hippopotamus, the river horses of Africa.
Strange giraffoid fossil shows giraffes evolved long necks to win mates.
Lion’s explosive clash with hippo proves who rules the waterways (video).
New population of critically endangered Kordofan giraffes found in Chad.

Carnivores / Carnivorous:

Rehabilitation research returns orphaned cheetahs to the wild.
Leopard goes fishing, gets startled by muddy surprise (video).
Caching reduces kleptoparasitism in a solitary, large felid.
Inside the race to save West Africa’s endangered lions.

Autres nouvelles / Others news:

GABON : le gouvernement veut percevoir des « crédits biodiversités ».
Fortress Conservation: Tension in Tanzania’s Loliondo as troops move in to evict Maasai to make way for game reserve.
Tanzanie : les autorités veulent éloigner les Massaï des parcs nationaux du Ngorongoro et du Serengueti.

Mammifères d’Afrique – African Mammals – Revue du WEB – Mai 2022

Liens vers l’actualité WEB de la faune africaine – Links to WEB African Wildlife News.

Préservation / Conservation:

Scorching Heat, Tsetse Flies and Leopards.
Le combat du Gabon pour préserver sa faune.
NIGER : 25 M€ de la KfW pour la gestion de la partie nigérienne du parc national du W.

Braconnage / Poaching – Trafic / Traffic – Commerce / Trade – Chasse / Hunting:

Ivory from at least 150 poached elephants seized in the DRC raid.
Inside how Botswana’s trophy hunting is making the rich richer and the poor poorer.
Le Zimbabwe veut vendre son ivoire et ses cornes.
Ivory from at least 150 poached elephants seized in the DRC raid.

Primates:

Between forest and croplands: Nocturnal behavior in wild chimpanzees of Sebitoli, Kibale National Park, Uganda.
Côte d’Ivoire : L’habitat du chimpanzé se rétrécit, mais la taille de sa population redonne espoir.
Chimpanzees produce diverse vocal sequences with ordered and recombinatorial properties.
Chimpanzee Calls Are More Like Human Language Than First Thought.
Chimpanzees combine pant-hoots and calls to form vocal sequences.
Timing of Birth in Primates Can Be Detected with Distinct Post-Partum Hyperthermia.

Herbivores / Herbivorous:

Abu Dhabi successfully translocates oryxes, antelopes to wildlife reserve in Chad.
Zimbabwe : 60 personnes tuées par des éléphants.
Kenya: Drought killed 70 Kenyan elephants in one year.

Carnivores / Carnivorous:

Spotted hyenas adapt to climate change in famed Tanzanian park.
Cheetah introduction to boost Mozambique’s population.
Saving west Africa’s last lions: Six animals in Senegal park fitted with GPS collars to collect data.

Autres nouvelles / Others news:

Entre mâles et femelles, des rapports de pouvoir moins figés qu’on ne l’imaginait.
Il faut inclure les populations autochtones pour conserver la diversité exceptionnelle des forêts d’Afrique centrale.