Panthera leo
Lion
Ordre des Carnivores, famille des Félidés, genre Panthera
Hauteur au garrot: 0,9 à 1,2 m pour le mâle, 0,8 à 1,1 m pour la femelle.
Poids: 140 à 225 Kg pour le mâle, 110 à 180 Kg pour la femelle.
Le poids record reviendrait à un lion du Transvaal qui pesait 313 Kg.
Longueur du corps: Mâle 136 à 198 cm, femelle 150 à 210 cm.
Longueur de la queue: 85 à 90 cm
Gestation: Environ 110 jours
Nombre de petits par portée: 1 à 6, 2 à 3 en moyenne.
Longévité: Environ 12 – 15 ans à l’état sauvage, 20 ans et plus en captivité.
Lien vers Fiche IUCN
Lion – Parc National de Liuwa – Zambie
1. Description, sous espèces et variantes géographiques
1.1. Description
Le lion fait partie avec le léopard du genre Panthera c’est le plus grand des carnivores africains.
C’est un animal au corps trapu, musclé et allongé, muni de pattes assez volumineuses.
La taille des individus est très variable en fonction des régions (climat, milieu, abondance de nourriture). Ils sont par exemple plus grands en Afrique Australe. Les femelles sont de 20 à 50 % plus petites que les mâles.
Lionne – Parc national de la Ruaha – Tanzanie
La couleur du pelage est fauve plus ou moins foncé avec le ventre et la face intérieure des membres plus clairs que le corps (crème à presque blanc).
Les jeunes sont de couleur fauve avec des taches en forme de rosettes. Leur pelage devient uniforme en grandissant, cependant ces taches persistent parfois chez les sujets plus âgés, surtout en Afrique de l’Est et principalement chez les femelles.
Seuls les mâles portent une crinière qui apparaît vers l’âge de 2 à 3 ans. Celle-ci est de taille (longueur et épaisseur) et de couleur très variable en fonction des régions, du climat, de l’âge et des spécimens. La teinte peut varier du blond au noir en passant par l’ocre ou le brun roux.
La couleur de la crinière fait partie du patrimoine génétique et a tendance à foncer avec l’âge. L’abondance de la crinière est liée également à ce patrimoine mais aussi à la production de testostérone.
Certains lions n’en portent pas, ou très peu. Les lions castrés perdent leur crinière.
La crinière s’étend des joues jusqu’aux épaules, au dessus de la nuque, sous le cou jusqu’au ventre voire même sur l’arrière des pattes antérieures. Elle peut parfois se poursuivre par une frange sous le ventre.
Le rôle de la crinière n’est pas connu avec certitude, mais on pense qu’elle assure une protection de la tête et du cou lors des combats et qu’elle représente un symbole de force. Suite à des expériences avec des peluches ou des maquettes il semblerait que les femelles préfèrent les mâles avec une crinière foncée. Les mâles à crinière abondante et foncée sont plus craints par leurs rivaux. La crinière devient abondante vers 4 à 5 ans. Elle continue de foncer avec l’âge jusque vers 9-10 ans.
Les lions sont les seuls félins à posséder un tel dimorphisme sexuel.
Il existe cependant des cas de femelles portant des crinières. Entre 2014 et 2016, dans le delta de l’Okavango au Botswana, 5 lionnes à crinière ont été suivies par des scientifiques. Cette abondance pilleuse est due à un dérèglement hormonal induisant un taux de testostérone anormalement élevé.
En 2011, un cas semblable a été observé au zoo de Prétoria en Afrique du Sud sur une lionne âgée de 13 ans. Le taux de testostérone élevé s’est résorbé en même temps que la crinière suite à une ablation des ovaires. Plus récemment en 2018 au zoo d’Oklahoma City aux USA, une lionne de 18 ans a développé une crinière dont l’origine était une tumeur bénigne au niveau des glandes surrénales.
Le museau des lions comporte 4 ou 5 rangées horizontales de moustaches (vibrisses).
La base de celles-ci est marquée par des taches noires de 1 à 2 mm de diamètre qui permettent de différencier les individus entre eux.
Les oreilles arrondies comportent une tache noire sur la face arrière. La queue est terminée par un toupet de poils noirs.
1.2. Sous espèces et variantes géographiques
Onze ou douze sous espèces (voire même jusqu’à plus de 20) étaient autrefois reconnues, contre seulement 8 en 2004.
A partir de 2008 l’UICN ne reconnait que deux sous espèces de lions, le lion d’Afrique Panthera leo leo et le lion d’Asie Panthera leo persica.
En 2015, la biologiste Laura Bertola a mis en évidence par des analyses génétiques que les lions d’Afrique Occidentale et les lions d’Afrique Centrale (ains que le lion de Barbarie aujourd’hui disparu) sont plus proches du lion d’Asie que des lions d’Afrique Australe et de l’Est.
En conséquence, les 2 sous espèces aujourd’hui reconnues depuis 2015 sont (source IUCN/SSC Cat Specialist Group):
Panthera leo leo pour les lions d’Afrique Centrale et Occidentale ainsi que pour le lion indien (inclus les sous espèces éteintes d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe du Sud-Est).
Panthera leo melanochaita pour les lions d’Afrique Australe et Orientale.
Cependant il est souvent encore fait mention des variantes géographiques suivantes :
(West, P.M. & Packer, C. 2013. Mammals of Africa, Volume V)
Panthera leo azandica, Nord Est de la RDC, parfois appelé lion d’Ouganda.
Panthera leo bleyenberghi, lion d’Angola ou lion du Katanga, Sud RDC et zone frontalière avec la Zambie et l’Angola.
Panthera leo krugeri, lion du Transvaal, région du Kalahari, Est de l’Afrique du Sud.
Panthera leo leo, lion de Barbarie (ou lion de l’Atlas), le plus grand des lions modernes qui était présent au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Egypte. Eteint à l’état sauvage (il resterait quelques spécimens en parc zoologique).
Panthera leo melanochaita, Lion du Cap, région du Cap en Afrique du Sud. Eteint.
Panthera leo nubicus ou nubica , lion de Nubie, lion Massai, Nord Est de l’Afrique l’Est.
Panthera leo senegalensis, lion du Sénégal, Afrique de l’Ouest et Est de la Centrafrique.
Les lions blancs: Il ne s’agit pas d’une sous espèce, mais de spécimens (rares à l’état sauvage) atteints de leucisme ou leucistisme. C’est une particularité génétique due à un gène récessif qui donne une couleur de pelage qui va du crème au blanc. L’extrémité de la queue et la crinière sont également clairs. Les yeux des lions blancs peuvent être de couleur normale (doré) ou gris-bleu.
Ces lions blancs sont assez abondants dans les zoos puisque élevés de manière à être présentés comme une espèce attractive pour les visiteurs. Cependant, malgré la publicité qui est faite autour d’eux, ils ne présentent pas d’intérêt particulier en terme de conservation du lion d’Afrique. (photo: Lion blanc – Zoo de Pont-Scorff).
Cas d’érythrisme : En dehors des lions blancs, il existe une autre variante de lion lié à la génétique. Il s’agit de sujet roux avec les coussinets et les lèvres roses. Le toupet de la queue est également dépigmenté de noir. Cette coloration très rare chez les lions est provoquée par l’érythrisme ou érythrochomie qui génère une absence de pigments noirs et un excès de pigments rouges. Elle touche les mammifères (léopards), les oiseaux et aussi les insectes. Le sujet en photo ci-contre, baptisé «Ginger» est un lion mâle âgé de 10 ans, très célèbre dans la vallée de la Luangwa en Zambie. Dans les années 80, une lionne atteinte d’érythrisme avait déjà été signalée dans la Luangwa.
2. Comportement
Les lions sont les seuls félins sociaux. Ils sont grégaires, territoriaux avec un régime matriarcal. Ils vivent en groupes permanents de quelques individus à plus d’une trentaine voire d’une quarantaine. Les groupes sont constitués de femelles (2 à 18) et de jeunes de différents âges.
Ces troupes sont sous la protection et la domination d’un ou deux (voire trois ou parfois plus, jusqu’à 7) mâles adultes dans la force de l’âge (entre 6 et 9 ans). Ces mâles restent à la tête des groupes pendant 2 à 4 ans avant d’être destitués par des mâles plus jeunes et plus vigoureux. Certains peuvent parfois rester 5 ans comme leader en fonction de la concurrence présente sur le territoire et de leur puissance.
Deux mâles dans la force de l’âge – Parc National de la Ruaha – Tanzanie
Chez les femelles, il n’y a pas vraiment de hiérarchie. Celles-ci restent en principe dans le même clan toute leur vie, mais certaines peuvent quitter leur groupe en même temps que leurs frères vers l’âge de 3 ans. Les lionnes d’une troupe sont presque toutes apparentées, sœurs, filles, mères, grands mères, cousines, etc.
Vers l’âge de 2 et demi à 3 ans, les jeunes mâles doivent quitter la troupe de leur plein gré ou chassés par leur père.
Les jeunes mâles, les mâles destitués et ceux qui n’ont pas encore pris possession d’une troupe deviennent nomades et vivent en solitaire ou en coalition de mâles (parfois entre frères mais pas nécessairement).
Les jeunes mâles vivent ainsi jusqu’à l’âge d’environ 5 ans, moment où ils sont suffisamment grands et forts pour affronter des mâles établis à la tête d’une troupe, mais certains sujets restent nomades toute leur vie.
Ces félins sont territoriaux, ils vivent sur des territoires stables de 15 à 500 Km2. La taille dépend de la ressource en nourriture, du couvert végétal et de la présence d’eau. Les territoires de plusieurs troupes peuvent se chevaucher partiellement.
Les lions se reposent près de 20h par jour dont plus de la moitié de ce temps à dormir, de ce fait ils recherchent l’ombre et la fraicheur dans la journée et ne sont donc actifs que 2 à 4 h par jour.
Les troupes sont rarement réunies au complet et sont souvent fractionnées. Le plus souvent les mâles adultes sont de leur côté, les femelles avec les jeunes d’un autre et les femelles avec nouveaux nés isolées de leur côté. Il sont même parfois tous dispersés après une nuit de tentatives de chasse.
Lors des phases de repos, les lionnes sont souvent à cotés les unes des autres alors que les lions adultes se tiennent un peu à l’écart.
Lors des retrouvailles, même après des séparations de courte durée, les lions et lionnes se saluent par des frottements mutuels et des léchages. Les saluts par cognement de tête, léchage du cou, des épaules et de la tête sont des signes de reconnaissance et d’affection. Les liens entre lionnes sont très forts.
Les lions ne tolèrent pas la présence des autres grands félins (léopards, guépards). Ils les chassent et peuvent les tuer s’ ils en ont l’occasion. Ils tuent également les jeunes de ces espèces trouvés sans protection mais en principe ne les mangent pas.
Les lions commencent à rugir vers l’âge de 2 ans. Le rugissement des mâles est beaucoup plus puissant que celui des femelles.
Les lionnes et les jeunes sont capables de grimper dans des arbres où ils peuvent rester pour s’y reposer. Ce comportement est plus ou moins rare suivant les endroits et les troupes (assez fréquent à Manyara et Nakuru au Kenya, au Parc Elisabeth en Ouganda).
Le rôle des lions mâles adultes chefs de clans est de défendre leur territoire et leur troupe. Ils affrontent leurs rivaux pour maintenir leur statut de chef de clan et conserver l’accès aux femelles en oestrus. Ils participent parfois aux chasses.
Les femelles chassent et élèvent les petits. Elles assurent environ 80 à 90% des captures de proies pour le groupe.
(Cette description des rôles est très schématique car les mâles chassent aussi mais ils sont moins performants que les femelles car plus lourds et moins rapides. Les femelles peuvent aussi défendre la troupe et surtout leurs petits face à des intrus, lions étrangers ou autres prédateurs).
Techniques de chasse
Les techniques de chasse sont très variables en fonction de la taille de la troupe de lions.
Suivant s’ il s’agit d’un mâle solitaire ou en binôme ou d’un groupe de femelles, les proies chassées et les techniques seront différentes. La configuration du terrain influera également sur le comportement. On peut cependant énoncer quelques règles qui sont assez caractéristiques de l’espèce. Les lions chassent surtout de la tombée de la nuit jusqu’au petit matin, mettant à profit leur excellente vision nocturne et profitant de la fraîcheur de la nuit.
Cette règle n’est pas absolue car si l’occasion se présente, ce grand félin peut chasser de jour notamment les phacochères qui sont des animaux diurnes.
Une fois la proie repérée, le schéma classique commence par un affût plus ou moins long où le lion se tient tapis au sol à observer sa future victime. S’ensuit une approche discrète ventre à terre en profitant de la végétation et des accidents de terrain pour se retrouver au plus près de la proie. Cette approche est souvent effectuée en plusieurs fois.
Lorsque le lion s’estime suffisamment proche de l’animal à capturer (environ 30 m) il lance l’assaut jusqu’à bondir sur sa victime, si possible la faire chuter puis l’immobiliser au sol.
Ce félidé est capable de courir à 50 voire 60 Km/h mais sur d’assez courtes distances (guère plus de 100 m). Ce n’est pas un coureur de fond.
Ci-dessus, sur la photo de gauche (Parc National de Hwange – Zimbabwe), 2 lionnes sont à l’affut d’un troupeau de buffles. Elles passeront à l’attaque avec succès à la tombée de la nuit lorsque les buffles seront dans les bois. Photo de droite (Parc national de la Ruaha – Tanzanie), cette lionne part en approche à la suite d’un phacochère. Cette approche opportuniste sera sans suite.
Le lion étouffe ensuite ses proies en les saisissant à la gorge pour écraser la trachée ou en emprisonnant le museau de sa victime dans sa gueule pour bloquer les deux mâchoires fermées (baiser de la mort). Ces techniques sont appliquées sur des proies jusqu’à la taille du buffle. Pour les proies plus grosses comme les girafes, les hippopotames et les éléphants qui sont en principe chassés par une troupe de lions nombreux, la mort de la victime est malheureusement plus lente et l’animal commence souvent à être dévoré vivant !
Lorsque les lionnes chassent en groupe, la technique peut être plus élaborée avec des individus en embuscade alors que d’autres encerclent et jouent les rabatteurs.
La chasse n’est pas sans risque. Certains herbivores peuvent infliger des blessures graves voire mortelles directement ou indirectement. Coups de sabots de la part des zèbres ou des girafes, coups de cornes de la part des buffles, gnous ou oryx.
Communication
En plus de la communication entre membres de la troupe par les frottements, léchages, grognements et rugissements, les lions communiquent de manière olfactive, principalement pour communiquer leur présence aux lions solitaires et à ceux des autres troupes.
Pour cela, les mâles délimitent le territoire par des jets d’urine, leurs selles et des dépôts de sécrétions de leurs glandes anales sur la végétation. Ils se projettent de l’urine sur les pattes arrières et à terre puis grattent le sol. Le marquage olfactif est aussi assuré par des sécrétions de glandes situées entre les doigts.
Les mâles «marquent» également leur territoire en signalant leur présence par leurs puissants rugissements, audibles à plusieurs (8) kilomètres.
3. Reproduction
Les lionnes atteignent la maturité sexuelle vers 3 ans.
Il n’y a pas de saison de reproduction particulière, mais une synchronisation des naissances dans la même troupe est fréquente.
Les femelles sont réceptives plusieurs fois par an, sauf pendant la gestation et la période d’allaitement. Les chaleurs durent de 1 jour à 1 semaine, en moyenne 4 jours.
Dans l’attente des accouplements, le mâle flaire l’urine des femelles pour évaluer le taux hormonal. Pour cela, il ouvre la gueule et retrousse sa lèvre supérieure, c’est ce que l’on appelle le flehmen. La lionne en chaleur cherche activement un partenaire. Elle tourne autour du mâle, se frotte à lui, se vautre à ses pieds.
Une femelle peut être couverte par plusieurs mâles à la suite.
Il se passe environ 18 à 30 mois entre deux portées.
Accouplement
Pendant la période d’accouplement, le lion et la lionne ne se consacrent qu’à cette tache pendant plusieurs jours (de 2 à 4 jours environ, soit la période d’oestrus de la femelle).
Pour cela, ils ne se quittent pas et s’isolent du reste du groupe. Ils ne chassent pas, ne mangent pas ou très peu. L’accouplement ne dure que quelques secondes, mais il est répété toutes les 10 à 20 mn.
Le rituel est à peu près toujours le même. Le lion saisi la femelle à la nuque et s’accouple. Lorsqu’il se retire, les granulations piquantes de son pénis provoque une douleur aigüe chez la femelle ce qui la rend momentanément agressive. Dans cette phase, le mâle doit souvent esquiver les coups de pattes ou de crocs. A ce moment, la femelle se roule souvent sur le dos. C’est lors du retrait qu’à lieu l’ovulation.
Malgré les nombreux accouplements, ceux-ci ne sont pas forcément couronnés de succès.
Les jeunes
Après une gestation d’environ 110 jours, la lionne donne naissance à 1 ou 5 voire 6 petits (2 à 4 en moyenne), ceux-ci pèsent de 1 à 1,5 kg environ. Pour la mise bas, la femelle s’isole de sa troupe et se dissimule dans d’épais fourrés, creux de rochers ou autres protections naturelles. Après la naissance, la lionne déplace ses petits régulièrement tous les 3 ou 4 jours en les transportant dans sa gueule. Ils peuvent rester parfois 24h seuls lorsque leur mère part en chasse, ils sont alors très vulnérables notamment vis à vis des hyènes.
La lionne et ses petits rejoignent la troupe dès que ces derniers sont âgés d’environ 6 semaines.
Les femelles allaitent leurs petits par 2 paires de mamelles.
Les lionceaux sont sevrés vers l’âge de 8 mois et consomment uniquement du lait les 3 premiers mois.
Les femelles adultes forment des crèches où les jeunes sont surveillés de manière communautaire, les lionceaux peuvent être allaités par d’autres femelles que leur mère.
La croissance des lionceaux est très rapide et les mâles grandissent plus vite que les femelles.
Les jeunes accompagnent leur mère à partir de 4 mois sans prendre part aux chasses.
La mortalité chez les lionceaux de moins d’un an est importante et est d’environ 60 %. Seuls un quart à un tiers des lions arrivent à l’âge adulte. Ces données peuvent être très variables en fonction: de la région, du climat et des années, notamment en fonction de l’abondance des proies et de la concurrence avec les autres grands prédateurs.
Une autre cause de mortalité des lionceaux dans la première année est le comportement infanticide des mâles qui prennent la tête d’une troupe après avoir destitué le ou les mâles au pouvoir précédemment. Cette pratique, non systématique, vise à rendre les femelles aptes pour de nouvelles chaleurs et ainsi assurer la descendance du nouveau mâle. Elle concerne en principe les jeunes de moins d’un an.
Les lions atteignent la puberté vers 2 ans 1/2, ils sont adultes vers 3 à 4 ans, au sommet de leur forme vers 5 à 6 ans et atteignent leur poids maximum vers 7 ans.
A partir de 8 ans, ils perdent du poids et du volume de crinière. Ils sont considérés comme vieux vers l’âge de 12 à 13 ans.
4. Biologie et anatomie
Le lion possède des mâchoires puissantes pour saisir et immobiliser ses proies et percer les peaux épaisses de celles-ci.
Ses pattes possèdent de puissantes griffes rétractiles.
Les canines, longues d’environ 6 cm, s’émoussent avec l’âge et se cassent. Elle deviennent brunes en vieillissant.
Le dessus de la langue est recouvert de papilles cornées, courbées vers l’arrière.
Ce félin est pourvu de moustaches épaisses (vibrisses), sensibles aux vibrations. Les plus longues poussent au dessus de la lèvre supérieure (vibrisses mystaciales).
Les yeux sont surmontés de vibrisses supercilliaires. Celles-ci sont souvent implantées sur une tache plus foncée que le reste du pelage en forme de goutte inversée.
La possibilité de rugir chez le lion est due à l’ossification imparfaite de l’os hyoïde qui confère une certaine élasticité. Cet os est situé au dessus du larynx en dessous de la base de la langue. Il est avec l’os pénien l’un des deux seuls os non articulés avec le squelette.
Le lion est doté d’un bon odorat, d‘une vue et d’une ouïe excellentes.
Cet animal, comme tous les mammifères (à l’exception de l’homme et des cétacés), possède un organe voméro-nasal (organe de Jacobson), situé sur le palais sous la surface intérieure du nez.
Ce dernier, spécialisé dans la détection des phéromones lui permet de tester la réceptivité des femelles à l’accouplement.
Pour marquer son territoire, le lion est muni de glandes olfactives entre les doigts ainsi que de glandes ano-génitales débouchant de chaque coté de l’anus.
Le pénis du mâle est couvert de granulations piquantes et possède un petit os appelé baculum ou os pénien. L’ouverture de l’urètre est dirigée vers l’arrière pour faciliter la pulvérisation d’urine chez le mâle. La forme et le positionnement du pénis sont adaptés à cette pratique.
Le toupet terminal de la queue cache un ergot corné de 6 à 12 mm aplati sur les cotés.
Il est présent chez les deux sexes mais de nombreux spécimens n’en ont plus car il se détache facilement, n’étant qu’adhérent à la peau. Son utilité est inconnue.
Il est mentionné dans des écrits datant d’avant l’ère chrétienne et semble avoir été ignoré, voire nié par les naturalistes jusque vers 1829 où le Français M. Deshayes le mentionne dans les « Anales des sciences naturelles » suite à des observations faites sur un lion et une lionne morts à la ménagerie du roi.
Squelette de lion – Vue latérale – Wilhelm Ellenberger & Hermann Baum (University of Wisconsin Digital Collections) – Wikimedia Commons.
5. Régime alimentaire
Les lions sont des mammifères carnivores aux menus très variés.
Ceux-ci varient en fonction de différents paramètres comme : le lieu de vie, l’abondance et la nature des proies, la saison et la taille de la troupe (d’un lion solitaire à une troupe d’une trentaine d’individus).
Le lion consomme de la viande de différentes origines : proies qu’il a chassées lui même, carcasses qu’il a trouvées (animaux morts de mort naturelle ou autre) et encore proies tuées par d’autres prédateurs (léopard, guépard ou hyène tachetée) à qui il les dérobe.
La taille des proies chassées est très variable, du lapin à l’éléphant en passant par des antilopes de toutes tailles, dik-diks, élands communs, gnous, oryx ou grands koudous ainsi que zèbres et buffles. Cette énumération n’est pas exhaustive.
Des études ont montré que les proies préférées avaient des masses entre 190 et 550 Kg.
Le choix de ces proies est dicté par la disponibilité ou non de ses victimes de prédilections que sont les buffles, les gnous ou les zèbres.
Le lion chasse aussi occasionnellement la girafe et plus rarement l’éléphant ou l’hippopotame.
Il arrive aussi que les lions capturent des porcs-épics (avec les risques associés aux pics) et des oiseaux. Ils s’attaquent parfois au bétail.
Il peut aussi à l’occasion pêcher. (Nota: voir en 9.2 le cas des lions mangeurs d’homme).
En moyenne, les lions consomment environ 7 Kg de viande par jour. Mais en un seul repas qui lui profitera plusieurs jours, un lion est capable d’ingurgiter près de 40 Kg de viande contre une trentaine pour une lionne. A la suite d’un tel repas, le ventre du félin est gonflé, distendu et l’activité des lions est à ce moment très réduite si ce n’est de se déplacer pour se mettre à l’ombre.
Dans une troupe, les repas sont en général très animés. C’est la loi du plus fort.
Les gros sujets dominent les petits, les mâles dominent les femelles. Les jeunes sont au bas de la hiérarchie et mangent après les adultes. Les crocs sont souvent exhibés, les grognements et coups de pattes sont fréquents.
Une concurrence importante existe entre les lions et les hyènes tachetées. Les deux espèces se volent des proies. Tout est une question de rapport de force. Un lion seul cédera sa proie face à un groupe de 5 hyènes tachetées et inversement.
Pour les lions, manger des carcasses qu’ils n’ont pas tuées eux même présente un danger potentiel. En effet, il arrive que des pasteurs empoisonnent des carcasses de bovidés domestiques dans l’intention de tuer les lions en représailles à des attaques sur leurs troupeaux. Cette méthode est également utilisée par les braconniers.
Cette fâcheuse pratique nuit également aux vautours, hyènes et chacals et leur est fatale.
En principe les lions boivent régulièrement, au moins une fois par jour. Cependant, si l’eau est rare, ils peuvent s’en passer quelques jours et se contenter de l’eau contenue dans leur nourriture.
6. Prédateurs
Les lions ne possèdent pas (en dehors de l’homme) de prédateur à proprement parler. Cependant sa rivalité avec les hyènes tachetées fait qu’il existe une forme de «haine» entre les deux espèces et les hyènes n’hésiteront pas si l’occasion se présente à tuer des lionceaux sans défense.
Nota : Les lions et les hyènes ont le même régime alimentaire, mangent les mêmes proies et fréquentent les mêmes biotopes. Ceci les met en concurrence directe pour la quête de nourriture, d’où cette rivalité.
Il en va de même avec les buffles qui, s’ils sentent la présence de lions n’hésiteront pas à piétiner à mort la progéniture des félins. Les jeunes sans protection peuvent aussi être tués par les léopards et les lycaons.
Les lions interagissent aussi avec d’autres espèces.
Si une troupe d’éléphants accompagnés d’éléphanteaux rencontre des lions, ces derniers seront délogés et chargés pour protéger les jeunes.
Ci-dessus, dans la vallée de la Luangwa en Zambie, ce lion (et le reste de la troupe) a été chassé par un groupe d’éléphants accompagnés d’éléphanteaux.
Ci-dessus, également dans la vallée de la Luangwa en Zambie, des lions interagissent avec des crocodiles qui étaient sortis de l’eau pour tenter de se nourrir sur une carcasse de buffle que les lions avaient tuée.
7. Habitat, distribution et évolution de la répartition
L’habitat des lions est très varié. On trouve ce félin principalement dans les savanes ouvertes comme au Kenya ou en Tanzanie, dans des savanes arbustives ou boisées comme en Zambie, mais aussi en zone semi désertique (Kalahari) et même exceptionnellement en zone de forêt (Gabon) ou en milieu désertique (Namib).
On peut le trouver jusqu’à des altitudes de 3600 m (Mt Elgon et Mt Kenya, il a même été observé à 4300 m sur le Mt Kilimandjaro.
Il est absent des forêts denses et humides.
En général les lions recherchent des territoires leur offrant en quantité régulière et suffisante, des proies et de l’eau. Ils ont également besoin de couvert végétal pour se mettre à l’ombre et dissimuler les jeunes lors de la mise bas.
Les lions ne sont aujourd’hui présent qu’en Afrique Subsaharienne alors qu’ils vivaient autrefois dans presque toute l’Afrique (à l’exception des forêts tropicales humides et du coeur du Sahara). Ils ont disparu de 90% de leur territoire d’origine et sont déjà éteins dans 26 pays d’Afrique.
La situation est particulièrement sévère en Afrique de l’Ouest où les lions ne sont présents que dans 5 pays, représentant à peine plus de 1 % de leur aire de répartition historique dans cette région.
Les lions du Cap ont été exterminés vers 1865, ceux de l’Atlas (lions de Barbarie) ont disparu de Tunisie en 1891, d’Algérie en 1893 et du Maroc vers 1922. (entre 1873 et 1883, 202 lions de Barbarie furent officiellement tués).
Les lions d’Afrique étaient plus de 200.000 au début du XXème siècle, il n’en reste plus que 20.000 aujourd’hui. Les estimations pour 2035 prévoient une population de 10.000 individus. L’espèce pourrait disparaître d’ici 2050 !
Au Gabon où on le croyait disparu depuis 1996, il a été filmé en 2015 et 2017 par des pièges photographiques dans le parc national des plateaux Bateke au Sud Est du pays.
Leur présence est devenue très rare en dehors des aires protégées.
La population est estimée à 1400 pour Panthera leo leo, dont 900 en 14 groupes pour l’Afrique Ouest et Centrale ainsi que 500 en Inde.
Pour Panthera leo melanochaita, on estime la population entre 17.000 et 19.000 individus. (Estimation 2016, source US Fish and Wildlife Services)
Les causes de sa disparition
Le déclin des lions a commencé dès l’antiquité avec un fort prélèvement en Afrique du Nord pour les cirques romains.
Jusque dans les années 1970 les lions sauvages étaient capturés pour alimenter les zoos et les cirques.
(La CITES dites « convention de Washington » réglementant le commerce de faune sauvage ne fût signée qu’en 1973).
Aujourd’hui, les principales causes sont:
– La disparition de ses territoires et la raréfaction de ses proies à cause de l’expansion humaine.
– Les maladies comme la tuberculose, l’immunodéficience féline, la maladie de carré (Serengeti).
– L’affaiblissement des populations par la perte de patrimoine génétique (cratère du Ngorongoro).
– Les chasses en représailles après des attaques sur du bétail (empoisonnement de carcasses ou autres méthodes) .
– Le braconnage pour les parties de lions : griffes, dents, pattes, queue, peau, commerce des squelettes et d’os (voir en 10.4. « chasse en boite »).
– Le braconnage aveugle avec le piégeage par des collets.
La chasse aux trophées
Les états unis sont les premiers importateurs mondiaux de lions africains. Entre 1999 et 2008, 1043 lions sauvages ont été commercialisés au niveau international dont 362 pour les seuls USA. Les importations se font sous la forme de griffes, trophées, peaux, crânes.
Il faut dire qu’ils ont eu un président exemplaire en la personne de Théodore Roosevelt qui en 1909 lors d’une chasse en Afrique de l’Est avec son fils ont tué à eux deux 512 animaux dont 17 lions.
Les chasseurs de trophées sont souvent de riches inconnus du grand public, mais certains sont des célébrités nationales ou mondiales, des chefs d’état, des têtes couronnées, des grands patrons, etc. En 2015, un dentiste américain jusque là inconnu est devenu à ses dépends une célébrité mondiale après avoir tué illégalement le lion Cecil à la périphérie du parc national de Hwange au Zimbabwe.
Ci-dessus, le lion Cecil photographié en octobre 2014 dans le parc national de Hwange au Zimbabwe.
8. Interactions avec l’homme
8.1. Attaque de bétail
Du fait de l’expansion humaine, les pâturages empiètent de plus en plus sur le territoire des lions.
Pour ces derniers, le bétail est une proie facile. Malheureusement ces prélèvements sur les troupeaux entrainent de la part des pasteurs des chasses de représailles, le plus souvent par empoisonnement de carcasses avec des pesticides.
8.2. Les lions mangeurs d’homme
Au Kenya, en 1898, lors de la construction d’une ligne de chemin de fer aux environs de Tsavo, 2 lions ont tué et dévoré au moins 140 personnes en 9 mois. (cf Terreur dans la brousse – Michel Louis – Perrin 2011). Ces lions sont conservés naturalisés au Field Museum of Natural History à Chicago.
Entre 1932 et 1947 en Tanzanie, une troupe (15 à 20) de lions devenus «mangeurs d’homme» suite à une épidémie de peste bovine ont tué environ 900 personnes.
En 1991 à Mfuwe en Zambie, un lion (sans crinière) a tué au moins 6 personnes. (Ce lion est également conservé au Field Museum de Chicago).
Les causes de ces comportements peuvent avoir plusieurs raisons. Des sujets âgés qui ne sont plus en mesure de chasser des proies rapides, mais aussi la disparition de leurs proies habituelles suite à épidémie ou autre cause.
9. Informations complémentaires
9.1. Origine/espèces fossiles
Les plus anciens fossiles de lions connus datent de 1,5 millions d’années.
Le lion des cavernes eurasien, panthera leo spelaea, était environ 25 % plus massif que le lion actuel, il vécu entre -300.000 et -10.000 ans.
Il avait un ancêtre commun avec le lion actuel il y a environ 2 millions d’années.
En 2015, ont été retrouvés congelés dans le permafrost sibérien 2 lions des cavernes âgés de 18 mois. On estime que ces lions vivaient il y a environ 10.000 ans.
9.2. Les lions à travers l’histoire
Le lion, considéré comme le roi des animaux a toujours été un animal symbolique, symbole de pouvoir et de royauté en général, symbole de noblesse et de courage chez les massai.
A la préhistoire, il est largement représenté sur les gravures rupestres.
En France, la grotte Chauvet compte 75 représentations de lions datant de plus de 30.000 ans, la grotte de Lascaux en compte 11.
En Afrique le lion est représenté entre autre sur les roches du Sahara et de Namibie (site de Twyfelfontein).
Les lions ont été honorés, déifiés et chassés depuis l’antiquité, en Egypte tout comme en Asie mineure.
La déesse égyptienne Sekhmet était représentée par une tête de lionne sur un corps de femme.
Plus de 300 statues de cette divinité ont été retrouvées en Egypte depuis 1990.
Animal vedette des arènes romaines antiques, des milliers de lions de l’Atlas y ont perdu la vie.
Ils étaient exhibés avec d’autres « fauves » pour s’entretuer ou affrontaient des humains.
Pas moins de 400 lions furent tués rien que pendant le règne de Jules César.
Sous le règne de Pompée en 55 avant J.C., Cicéron relate le massacre de 600 lions !
Symbole de force et de puissance il est souvent représenté dans la statuaire à travers le monde. Il est également très présent sur de nombreux blasons, armoiries, drapeaux et peintures.
A Gondar (Ethiopie) au XIXème siècle, le négus d’Abyssinie recevait ses hôtes entouré de quatre lions.
Le lion est présent dans la littérature, notamment au travers de Jean de la Fontaine qui consacre 13 fables mettant en scène le lion et de Joseph Kessel avec son fameux roman « Le lion ».
9.3. Iconographie
Le lion est présent sur de nombreux timbres poste du monde entier. Ci-dessous quelques exemples pour des pays africains.
Il est également représenté sur des pièces de monnaies et des billets de banque comme celui de 2000 shillings tanzaniens.
9.4. chasse en boite, activités touristiques et commerces associés
La chasse en boite ou Canned Hunting est une « chasse » essentiellement pratiquée en Afrique du Sud et qui consiste à abattre dans un enclos un lion élevé (et imprégné) par l’homme.
Le « pseudo chasseur » s’offre ainsi une dépouille de lion pour une somme inférieure à celle d’un lion sauvage.
On compte environ 150 à 200 fermes d’élevage en Afrique du Sud, soit 6.000 à 8.000 lions captifs.
Avant de finir sous les balles, la vie du lion se déroule à peu près comme ceci :
Les jeunes sont retirés à leur mère à la naissance et son élevés au biberon par l’homme. La femelle est ainsi disponible pour une nouvelle portée. Ensuite, ils servent d’attraction en étant mis dans les bras de touristes pour se faire photographier, plus grands ils sont proposés pour faire des promenades toujours avec des touristes.
Ces deux activités ne sont pas spécifiques à l’Afrique du Sud, elles sont proposées aussi bien au Zimbabwe (Victoria Falls) qu’à l’Ile Maurice !
Quand les lions atteignent 2 ou 3 ans, ils deviennent difficilement contrôlables et sont placés en enclos en attendant leur fin sous les balles d’un « chasseur ».
Pour être rentabilisé au maximum ce commerce sordide se poursuit par la vente des squelettes à destination de l’Asie. Pour cela, le gouvernement d’Afrique du Sud autorise des quotas d’exportation. En 2008, 50 squelettes ont été exportés, 573 en 2011. Le quota de 2017 était de 800 lions, pour 2018 il atteint 1500 carcasses.
Pour plus de détails, consulter le site multilingue Lion Petting.com
10. Bibliographie
– West, P.M. & Packer, C. 2013. Mammals of Africa, Volume V, Bloomsbury.
– Dorst, J & Dandelot, P. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Despard Estes, R. 2012. The behavior guide to African Mammals, University of California Press.
– Breuil, M. Mayeur, J.P. Thile, F. 1998. Kenya Tanzanie, Le guide du safari faune et parc, Marcus.
– Carnaby, T. 2010. Beat about the bush, Jacana Media.
– Denis-Huot, C. & M. 2002. L’art d’être lion. Gründ.
– Louis, M. 2011. Terreur dans la brousse, L’histoire vraie des lions mangeurs d’homme de Tsavo. Perrin.
11. Liens
Anatomie et éthologie du lion – Thèse de S.Morin-Garraud
Panther leo – Monaco Nature Encyclopedia.
Lions in Zambia.
Afrique du Sud: 800 squelettes de lions d’élevage pour le marché asiatique.
The complexity of lion roars.
Lion evolution.
The African lion – Africa Geographic.
THE EXTINCTION BUSINESS – South Africa’s ‘Lion’ Bone Trade.
La vérité sur les lions – Smithsonian.com
L’industrie de l’élevage de lions en Afrique du Sud.
Commerce de parties de lion.
Comportement alimentaire des lions mangeurs d’homme
Variation de la crinière chez les lions d’Afrique et ses conséquences sociales
Malformations du crâne chez les lions
Importance des lions et de leurs écosystèmes