Cercopithèque de l’Hoest

Allochrocebus lhoesti (Sclater 1899)

L’Hoest’s monkey – L’Hoest’s Guenon – « Mountain Monkeys ».

Ordre des Primates, famille des Cercopithécidés, genre Allochrocebus.

Poids: En moyenne 6 Kg pour le mâle et 3,5 Kg pour la femelle.
Longueur de la queue: 50 à 90 cm.
Gestation: Environ 5 mois.
Nombre de petits par portée: 1
Longévité: Inconnue en milieu sauvage, 24 ans attesté en captivité peut-être plus de 30 ans ?

Lien vers fiche IUCN.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèques de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

1. Description, sous espèces et variantes géographiques

1.1. Description
Le cercopithèque de l’Hoest est un singe de taille moyenne pourvu de jambes longues. Lorsqu’il se déplace au sol, son dos est incliné vers l’avant.
Sa queue est longue, de couleur grise, elle est plus sombre à l’extrémité et se termine par un toupet.
Elle est très mobile et forme souvent un crochet lorsque ce primate est en déplacement au sol.
La fourrure du corps est gris foncé avec des reflets bleutés, le dos est coloré en marron roux.
Le cercopithèque de l’Hoest porte un collier et des favoris de fourrure blanche allant du haut de la poitrine jusqu’aux oreilles.
Les yeux sont orange vif et entourés d’une surface de peau glabre se prolongeant jusqu’à la hauteur des narines.
Mis à part la taille (les mâles peuvent être deux fois plus grand que les femelles) le dimorphisme sexuel est peu marqué.
Comme chez les cercopithèques de savane, les testicules des mâles sont bleue turquoise.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèque de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

1.2. Sous espèces et variantes géographiques
Le cercopithèque de l’Hoest est une espèce mono-typique qui n’a pas de sous espèce officiellement reconnue.
Il était précédemment classé dans le genre cercopithecus (cercopithecus lhoesti) mais suite à des analyses génétiques il est aujourd’hui classé dans le genre allochrocebus (Elliot 1913) qui comporte 3 espèces : Le cercopithèque de l’Hoest, le cercopithèque de Preuss allochrocebus preussi et le cercopithèque à queue dorée allochrocebus solatus.
Cette classification alimente encore quelques controverses et ces trois allochrocebus sont parfois classés en une espèce et trois sous espèces.
Dans « Animaux de chasse d’Afrique » de P. Bourgoin, 1955, ce primate est inclus dans la désignation de « Singes de l’Hoest ».
Voir sur le site la rubrique les primates africains.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèque de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

2. Comportement

Le cercopithèque de l’Hoest est un primate diurne qualifié de terrestre bien qu’il se déplace aussi dans les arbres et qu’il y soit très à l’aise.
Il vit en harem constitué généralement d’un mâle adulte accompagné par des femelles et leurs jeunes, de 5 à plus de 30, 10 à 17 en moyenne.
Les mâles quittent le groupe à l’atteinte de la maturité sexuelle, Ils peuvent alors constituer des groupes de mâles célibataires.
Le domaine vital d’un groupe est d’une superficie de l’ordre de 7 à 10 Km2.
Le harem se réuni pour la nuit dans un arbre dortoir, souvent le même.
Comme beaucoup de primates, ils pratiquent le toilettage mutuel.
L’essentiel de la communication est visuelle (mimiques, attitudes) et tactile (toilettage). La communication vocale est très discrète.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèques de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

3. Reproduction

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèques de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Kibale – Ouganda

Chez le cercopithèque de l’Hoest la femelle ne présente pas de signe extérieur en période d’ovulation.
Lorsqu’elle souhaite s’accoupler, elle présente sont arrière train au mâle.
Après une gestation d’à peu près 5 mois,  la mère donne naissance à un seul petit.
Les jeunes naissent avec une fourrure intégralement brune qui change de couleur pour devenir comme celle des adultes vers 2 à 3 mois.
Le sevrage s’opère vers l’âge d’un ou deux ans.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèques de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

4. Biologie et anatomie

Peu de données sont disponibles pour cette espèce car celle-ci est assez mal connue. Le cercopithèque de l’Hoest est cependant le seul primate africain possédant une queue à tendance semi préhensile.

5. Régime alimentaire

Les cercopithèques de l’Hoest sont des singes omnivores qui se nourrissent en groupe.
Leur régime alimentaire est variable en fonction du milieu et de l’altitude où ils évoluent mais il est principalement composé d’herbes, de feuilles, de graines, de fruits, de fleurs, d’écorces, de lichens, de champignons, de vers, d’ araignées ou encore d’ insectes.
Ils trouvent environ les deux tiers de leur alimentation dans les arbres.
Par leur consommation de fruits, ces singes jouent un grand rôle dans la dispersion des graines.
Il leur arrive également de consommer des fruits et des légumes pillés dans les champs et les jardins (maïs, banane, haricots, etc.).
Ce primate possède des bajoues où il stocke de la nourriture au cours de sa collecte.
Lors de leur quête de nourriture, les groupes de cercopithèques de l’Hoest peuvent se retrouver mélangés à d’autres primates (autres cercopithèques, colobes).

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèques de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

6. Prédateurs

Les principaux prédateurs de ce cercopithèque sont l’aigle couronné et le léopard, mais des cas de prédation ont été observés par des chimpanzés en RDC.

7. Habitat, distribution et évolution de la répartition

7.1. Habitat
Ce primate vit dans les forêts tropicales pluvieuses de montagne à des altitudes variant entre 400 et 2.700 mètres.

7.2. Distribution
Son aire de répartition est relativement limitée puisqu’elle ne couvre qu’environ 474.000 km².
Elle est située sur les territoires du Burundi, de l’Est de la République Démocratique du Congo, de l’Ouest du Rwanda et du Sud Ouest de l’Ouganda.
Cette aire de répartition n’est pas continue et certaines populations vivent dans des poches isolées des autres.

7.3. Evolution des populations
Ce primate est classé vulnérable du fait de la faible surface de sa zone de répartition qui est de plus fortement morcelée.
La population globale est inconnue.
Pour exemple: au Rwanda dans la forêt de Gishwati (province occidentale, district de Rutsiro) la population de cercopithèque de l’Hoest est estimée à 1327 individus (2019).
La superficie de cette forêt a fortement diminué suite à la déforestation, en 2002 il ne restait plus que 2% de la superficie existante dans les années 1970.
Source : African Primate 14 – 55-60 (2020) « A Population Survey of Golden Monkeys and L’Hoest’s Monkeys in Gishwati Forest, Rwanda – Sophia Siegel, Olivia George, Autumn Ellisor, Keith S. Summerville, andMichael J. Renner .

7.4 Cause de la disparition du cercopithèque de l’Hoest
La cause principale est la perte d’habitat du fait de l’expansion humaine occasionnant le défrichement pour mise en culture et l’exploitation forestière.
Dans la région du Rift Albertine on estimait en 2018 que l’habitat avait réduit d’environ 38 % suite à la conversion des terres pour l’agriculture.
Ce primate est relativement peu chassé mais il est parfois pris dans des collets destinés à d’autres animaux (petites antilopes de forêt).
En République Démocratique du Congo dans le district d’Ituri le cercopithèque de l’Hoest était autrefois chassé par les pygmées Mbuti. Sa peau était ensuite utilisée pour confectionner des chapeaux portés lors des danses traditionnelles au cours des cérémonies de circoncision, elle était également utilisée pour confectionner des vêtements pour enfants.
La viande de ce primate était consommée avec certains tabous, « les adultes en âge de procréer ne pouvant manger sa chair au risque de contracter une fièvre mortelle ».
Pour ces tribus le nom vernaculaire d’allochrocebus lhoesti est Sabiya ou Sabila. Source : Carpaneto, G.M. & Gerrmi, F.P. 1989. The mammals in the zoological culture of the Mbuti pygmies in North-Eastern Zaïre.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoestiCercopithèques de l’HoestAllochrocebus lhoesti – Bwindi – Ouganda

8. Interactions avec l’homme

Les interactions avec l’homme sont assez limitées, il faut cependant citer le pillage des jardins et des champs (voir paragraphe 5).

9. Informations complémentaires

9.1. Origine du nom
Le nom de ce primate africain a été attribué par Philip Lutley Sclater zoologiste britanique en l’honneur de Michel l’Hoest alors directeur du zoo d’Anvers.

9.2. Iconographie
Gravure représentant un cercopithèque de l’Hoest femelle, par l’artiste Néerlandais Joseph Smit (1836-1929). Extraite d’un document de la Zoological Society of London de 1898 – Collection du British Museum of Natural History.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoesti

Cercopithèques de l’Hoest représentés sur des timbres d’Ouganda et de la République Démocratique du Congo.

Le cercopithèque de l'Hoest - Allochrocebus lhoesti

10. Bibliographie

– Petter, J-J. et Desbordes, F. 2010. Primates, Nathan. (Ouvrage collectif).
Sarmiento, E.E. 2013. Mammals of Africa, Volume II Primates, Bloomsbury.
– Stuart, C. et M. 2016. Guide photo des grands mammifères d’Afrique, Delachaux et Niestlé.
– Kingdon, J. 2006. Guide des mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Dorst, J. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– De Jong, Y.A. et Butynski, T.M. 2018 Primates of east Africa – Pocket Identification Guide, Global Wildlife Conservation.
– Carpaneto, G.M. & Gerrmi, F.P. 1989. The mammals in the zoological culture of the Mbuti pygmies in North-Eastern Zaïre.

11. liens

New England Primate Conservancy – L’Hoest Monkey.
Animal Diversity Web: L’Hoest Monkey.