Hippopotamus amphibius (Linné1758)
Hippopotamus, Common hippopotamus
Ordre des Cétartiodactyles, famille des Hippopotamidés, genre Hippopotamus
Hauteur au garrot: 1,5 m en moyenne.
Poids du mâle: 1,6 à 2 tonnes.
Poids de la femelle: 1,4 tonnes.
Longueur de la queue: 35 à 50 cm.
Gestation: 225 à 250 jours.
Nombre de petits par portée: 1
Longévité: Environ 30 ans à l’état sauvage, 50 ans en captivité.
Lien vers fiche IUCN.
Hippopotame commun – hippopotamus amphibius – Parc National du Lower Zambezi – Zambie
1. Description, sous espèces et variantes géographiques
1.1. Description
L’hippopotame amphibie ou hippopotame commun est le troisième plus gros mammifère terrestre.
Son corps est en forme de barrique pourvu d’une grosse tête dans le prolongement d’un large cou ramassé.
Les membres courts sont prolongés par 4 doigts pourvus d’onglons larges et épais, la queue est courte, épaisse, aplatie et terminée par une touffe de poils noirs.
Le dimorphisme sexuel est marqué par la différence de taille, les mâles sont plus gros que les femelles et le relief du crâne est plus marqué chez les premiers.
La tête de l’hippopotame amphibie est grosse en proportion du corps, le museau est carré et la gueule largement fendue.
Les yeux et les narines sont proéminents, ces dernières sont petites et rapprochées, les oreilles très mobiles, sont courtes et dressées. Des poils épais sont présents autour de la bouche.
Hippopotame amphibie – hippopotamus amphibius
Lorsque l’hippopotame est partiellement immergé, seuls les yeux, les oreilles et les narines peuvent émerger.
La peau de ce mammifère, lisse en apparence mais légèrement striée est de couleur brun chocolat à brun rougeâtre. Elle est plus claire sur le ventre, les joues et la gorge (rosée). Cette peau est glabre (mis à part quelques poils dispersés) elle est plus claire autour des yeux, des oreilles et de la bouche.
Le derme de l’animal est souvent couvert de blessures, entailles et cicatrices (plus souvent chez les mâles). Ces blessures attirent fréquemment les pics-boeufs qui nettoient les plaies mais boivent aussi le sang et mangent de la chair. Lors de la sécrétion d’un mucus protecteur contre le soleil et le dessèchement, cette peau devient rouge à rose-violacé.
Certains animaux présentent parfois des décolorations roses sur les pattes et une partie du corps.
Hippopotame amphibie – hippopotamus amphibius – Parc National de la Ruaha – Tanzanie
1.2. Sous espèces
En attendant des analyses génétiques plus poussées, 5 sous espèces sont couramment évoquées:
Hippopotamus amphibius amphibius (de l’Est de la Gambie à l’Ethiopie, Nord RDC, Tanzanie et Mozambique). Eteint en Egypte.
Hippopotamus amphibius tschadensis (Tchad et Nigeria).
Hippopotamus amphibius kiboko (Kenya, Somalie).
Hippopotamus amphibius constrictus (Angola, Sud RDC, Namibie).
Hippopotamus amphibius capensis (du Sud Zambie à l’Afrique du Sud).
Les différences qui distinguent ces sous espèces en dehors de la zone géographique de résidence sont liées à la morphologie du crâne.
Il existe également en Afrique un autre genre d’hippopotame, l’hippopotame nain ou pygmée.
Groupe d’hippopotames amphibies – hippopotamus amphibius – Ishasha River – Ouganda
2. Comportement
2.1. Comportement général
L’hippopotame commun est un mammifère semi aquatique qui passe le plus clair de ses journées dans l’eau et sort sur terre la nuit pour s’alimenter.
Ce comportement est variable en fonction des conditions météorologiques (chaleur et ensoleillement), si le temps est couvert, il peut sortir de l’eau pour faire la sieste sur les berges ou un banc de sable.
L’hippopotame amphibie est un animal grégaire vivant dans une structure sociale de type harem, la taille des groupes est très variable en fonction du lieu et des saisons (abondance de l’eau). Ces groupes sont constitués de femelles, de jeunes, de mâles subordonnés et d’un mâle dominant qui défend farouchement son harem.
Un mâle peut être à la tête d’un groupe pendant 12 ans.
Lorsque l’eau est abondante la taille des groupes va de 5 à 30 individus, mais lors des périodes de basses eaux les hippopotames peuvent être contraints à des regroupements de plus de 100 individus (Rivière Luangwa en Zambie par exemple). Parfois les conditions sont telles qu’ils sont au contact les uns des autres à peine immergés dans la boue et leurs excréments (Parc National de Katavi en Tanzanie).
Hippopotames amphibies dans la boue – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie
L’hippopotame est plutôt sédentaire et ne change de point d’eau que par nécessité en cas d’assèchement de celui-ci ou suite à des conflits entre mâles.
Malgré son aspect lourdaud, il est capable de se déplacer facilement à plus de 30 Km/h sur de courtes distances à terre.
Sous l’eau, il peut également se déplacer rapidement en marchant sur le fond ou en effectuant des petits bonds.
En cas de danger il s’immerge complètement pendant quelques minutes, le reste du temps il se tient en immersion partielle avec la tête et le dos émergé. Sa morphologie lui permet de se tenir sous l’eau avec uniquement le sommet de la tête (narine, yeux et oreilles) hors de l’eau.
Pour aller s’alimenter, ces animaux sortent toujours de l’eau par les mêmes endroits et façonnent ainsi les berges des mares, lacs et rivières (voir en 8.2.)
Les affrontements entre mâles rivaux vont de simples intimidations jusqu’à des combats violents. Ces affrontements sont plus fréquents en saison sèche lorsque la concurrence est exacerbée par plus de promiscuité.
Les comportements d’intimidation se traduisent par des bâillements suivi de charges gueule grande ouverte. L’adversaire se soumet en baissant la tête et en faisant claquer sa bouche ou affronte son rival de face gueule ouverte. Ces combats sanglants provoquent des blessures profondes infligées par les incisives, l’issue peut être mortelle. Après un combat, le perdant est expulsé et prend en général la fuite.
Vers l’âge de 8 à 11 ans les hippopotames mâles sont suffisamment forts pour affronter le mâle dominant à la tête d’un harem.
Lorsqu’elles ont des petits, les femelles peuvent aussi être agressives.
Combat d’hippopotames amphibies – hippopotamus amphibius – Parc de la Ruaha – Tanzanie
2.2. Communication
Chez l’hippopotame amphibie, la communication vocale est très variée avec un registre vocal conséquent et très sonore allant des infrasons jusqu’à des cris puissants de 120dB.
Ce mammifère est très bavard dans l’eau de jour comme de nuit et notamment lors du retour à l’eau après la phase d’alimentation nocturne.
La communication olfactive est également utilisée chez l’hippopotame par le marquage territorial avec ses excréments «pulvérisés» (urine et fèces) en agitant vigoureusement la queue sur des buissons, des rochers, de grandes touffes d’herbe. Ce marquage par déjections se fait aussi bien à terre que dans l’eau.
2.3. Comportements particuliers
Chez l’hippopotame commun, des comportements particuliers ont été observés. Certains sont rares et exceptionnels, d’autres sont récurrents.
Des hippopotames ont été observés portant assistance à d’autres animaux pour les sauver de la noyade (impala) ou d’attaques de crocodiles.
A contrario, certains ont été vu attaquant et tuant d’autres animaux ou jouant avec des carcasses flottantes.
Certaines populations aiment prendre des bains de mer (Archipel des Bijagos en Guinée Bissau, parc national de Loango au Gabon).
En 1930 dans la province du Cap oriental en Afrique du Sud, un hippopotame solitaire surnommé Huberta a parcouru près de 1.600 km puis a résidé 6 mois dans le village de Port St Johns. Il a été tué par des fermiers et a terminé naturalisé dans un musée.
Dans les années 1980 à Am-Timan au Tchad, une femelle hippopotame solitaire se laissait monter placidement sur le dos par les enfants du coin.
Accouplement d’hippopotames amphibies – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie
3. Reproduction
Les hippopotames amphibies atteignent la maturité sexuelle vers 6 à 8 ans pour les femelles et 7 à 8 ans pour les mâles.
L’accouplement a lieu sous l’eau et est suivi d’une gestation d’environ 8 mois (225 à 250 jours).
Quelques jours avant la naissance, les femelles gestantes s’éloignent du groupe et mettent bas sur terre ou en eau peu profonde.
Les nouveaux nés pèsent de 25 à 55 Kg et suivent rapidement leur mère sous l’eau. Environ 2 semaines après la naissance, la mère et son petit rejoignent le troupeau.
Les femelles hippopotame sont à nouveau en chaleur environ 50 jours après la mise bas et peuvent donner naissance à 1 petit tous les 2 ou 3 ans.
L’allaitement par 2 mamelles inguinales dure environ 8 mois, il a lieu sur terre, puis dans ou sous l’eau. Le petit est sevré vers l’âge de 8 à 14 mois et commence à brouter vers 6 à 8 semaines. Il pait régulièrement vers 4 à 6 mois.
Les Jeunes sont élevés en crèche, il arrive parfois qu’ils soient écrasés par les adultes en cas de panique ou de combats entre mâles.
Vers 4 ou 5 ans, les jeunes mâles quittent spontanément le groupe natal ou sont expulsés vers 6 ans par le mâle dominant.
Femelle et son jeune – hippopotamus amphibius – Parc Queen Elizabeth – Canal Kazinga – Ouganda
4. Biologie et anatomie
L’hippopotame amphibie possède une dentition particulière, avec 2 incisives droites, de section ronde dirigées vers l’avant et 2 canines aplaties latéralement, légèrement courbes vers l’arrière très développées surtout pour la mâchoire inférieure (hypertrophiées chez le mâle). La longueur moyenne de celles-ci (depuis la gencive) est d’environ 22 cm pour le mâle et de 14 cm chez la femelle, mais elles peuvent, chez le mâle atteindre 30 à 40 cm, avec un record de 58,4 cm enregistré au Congo Belge.
La croissance de ces dents, à l’ivoire plus dur que chez les éléphants, est continue et la taille limitée par l’usure.
La bouche de l’hippopotame peut s’ouvrir à 150° et est munie de grosses lèvres, les mâchoires sont muent par de puissants muscles.
Hippopotame gueule ouverte – hippopotamus amphibius – Parc national de Katavi – Tanzanie
L’épiderme de cet animal est fin mais le derme est épais. Epaisseur pouvant aller jusqu’à 6 cm sur le dos et les flancs, il représente à lui seul environ 18 % du poids de l’animal. Sous cette peau, l’hippopotame dispose d’une épaisse couche de graisse.
De rares poils clairsemés sont présents sur le corps, parfois plus abondants sur le mufle. Ceux de l’extrémité de la queue sont longs et raides.
La peau de l’hippopotame commun sécrète une substance alcaline allant de l’incolore au brun rougeâtre. Celle-ci est produite par des glandes sous cutanées et possède des propriétés antiseptiques et filtrantes pour les rayons ultra violets.
Au soleil, les hippopotames se déshydratent rapidement, environ 3,5 fois plus vite qu’un humain.
Cette peau est fragile, des plaies sont souvent visibles sur les flancs et le dos des adultes surtout des mâles. Malgré le fait de séjourner dans des eaux parfois très sales ces blessures s’infectent rarement.
Hippopotame à la peau dépigmentée – hippopotamus amphibius – Rivière Ishasha – Ouganda
Pourvu d’orbites oculaires et de narines surélevées, ce mammifère peut voir, entendre et respirer tout en ayant la quasi totalité du corps en immersion.
Les oreilles sont petites en proportion de la taille de l’animal. L’hippopotame amphibie possède une bonne audition et une bonne vue (y compris nocturne).
Il est capable de faire des apnées de 4 à 5 mn, lors de celles-ci sa fréquence cardiaque chute de 60 à 20.
L’hippopotame possède un gros estomac à 4 compartiments, 3 chambres de fermentation plus 1 pour la digestion gastrique.
Il ne possède pas de vésicule biliaire ni de caecum et bien que sont appareil digestif s’en rapproche, cet animal n’est pas un ruminant.
Cet animal est sensible à la peste bovine et à l’anthrax (Lors de l’année 1987 en Zambie 4.000 hippopotames sont morts de cette dernière).
Empreinte et patte d’hippopotame – hippopotamus amphibius
5. Régime alimentaire
Pour l’anecdote, dans le «Buffon des familles» (vers 1860) il est écrit « il chasse le poisson et en fait sa proie ».
En réalité, l’hippopotame amphibie est un herbivore qui mange de l’herbe, des branches, des rhizomes, des racines, des plantes aquatiques et des fruits comme celui (coriace) de l’arbre à saucisse (kigelia africana).
Il préfère les graminées rases qu’il broute en les pinçant et en les arrachant avec ses lèvres cornées. En cas de pénurie d’herbe il peut consommer des bouses d’éléphants et les jeunes hippopotames peuvent parfois manger les excréments de leurs ainés.
Un adulte consomme quotidiennement environ 40 kg de nourriture mais jeûne parfois en saison sèche.
Il se nourri principalement la nuit et peut parcourir de longues distances en fonction de la disponibilité et de la qualité de la nourriture. Cela peut aller de plusieurs centaines de mètres à quelques kilomètres (observé jusqu’à 30 km).
Après cette période de nourrissage qui dure de 5 à 8 heures, il est en principe de retour dans l’eau avant le lever du soleil mais toujours avant les heures chaudes (variable en fonction des saisons et de la météo).
Lorsque des populations d’hippopotames communs vivent près des humains il est fréquent qu’ils provoquent des dégâts dans les cultures en consommant du maïs ou des choux.
Il arrive parfois qu’ils consomment de la viande sur des carcasses y compris celles de congénères.
Il a été exceptionnellement observé des hippopotames en train de tuer des antilopes (Impala, gnou, bétail).
Hippopotame amphibie broutant – hippopotamus amphibius – South Luangwa – Zambie
6. Prédateurs
Lions surtout pour les jeunes mais parfois des adultes. Possible prédation par des hyènes pour des jeunes et plus rarement par des crocodiles pour les nouveaux nés.
7. Habitat, distribution et évolution des populations
7.1. Habitat
L’hippopotame amphibie est dépendant de l’eau, il habite les rivières, les fleuves, les lacs, les étangs et les marais à condition que les rives de ces points d’eau soient bordés par des pâturages ou à défaut peu éloigné de ceux-ci.
Il préfère les eaux calmes et peu profondes avec si possible une température comprise entre 18 et 35 °C.
Cependant, en saison sèche il saura se contenter de mares de boue même peu profondes.
Il évite les berges rocheuses, abruptes et fortement boisées.
Hippopotames amphibies – hippopotamus amphibius – Fleuve Niger près d’Ayorou – Niger
7.2. Distribution
L’hippopotame commun est endémique de l’Afrique.
Il était autrefois présent dans toute l’Afrique Sub Saharienne et la vallée du Nil avec une abondance plus marquée dans les zones tropicales. Il n’est pas ou peu présent dans les zones forestières équatoriales (peu de pâturage).
La distribution actuelle s‘étend d’Ouest en Est depuis le Sénégal et la Gambie jusqu’au Soudan, à l’ Ethiopie et la Somalie , puis vers le Sud jusqu’au Delta de l’Okavango au Botswana, la rivière Kunene en Namibie et au Nord Est de l’Afrique du Sud (autrefois jusque dans la province du Cap).
Son habitat s’étend du niveau de la mer jusqu’à 2.400 mètres d’altitude.
Il est encore présent dans 34 pays d’Afrique principalement dans des aires protégées.
En 1998, la population totale d’hippopotames commun était estimée à environ 157.000 individus dont la moitié en Afrique de l’Est. Les plus grosses populations actuelles résident en Tanzanie et en Zambie.
7.3. Evolution des populations
Les populations d’hippopotames sont en déclin dans 18 des 34 pays où celui-ci est encore présent, principalement en Afrique de l’Ouest.
Il était encore résident en Egypte jusqu’en 1700 où il peuplait la vallée du Nil jusque dans son delta.
Les causes de sa régression sont multiples, la chasse (principalement pour la viande mais aussi pour l’ivoire), les sécheresses, le braconnage, la perte et la fragmentation de l’habitat lié au changement d’utilisation des terres et à la construction de barrages.
L’hippopotame amphibie était chassé depuis l’antiquité sur les rives du Nil. De nombreuses ethnies pratiquaient des chasses traditionnelles pour la chair, Bisas en Zambie, Tongas au Zimbabwe, Sorkos au Niger. La peau était également utilisée pour fabriquer des cordes (CentreAfrique), des cannes ou des cravaches.
L’ivoire des dents d’hippopotames est depuis longtemps convoité. Vers 1880 le Buffon des familles précise que « cette matière des dents canines de l’hippopotame est si blanche, si nette et si dure qu’elle est de beaucoup préférable à l’ivoire pour faire des dents artificielles et postiche ». Pendant longtemps il en a été également fait des fume-cigarettes et des manches de parapluies.
Plus récemment, les restrictions sur le commerce de l’ivoire d’éléphant ont fait reporter une partie de la demande sur l’ivoire des dents d’hippopotames. Pour exemple, en 1997 les douanes de l’aéroport d’Orly ont saisi 1738 dents d’hippopotames.
Les conflits et guerres civiles sont également responsables de la diminution des populations. En Ouganda entre 1970 et 1980 pendant les troubles, la population d’hippopotames du parc national Queen Elizabeth est passée d’environ 20.000 à 2.000 individus. Pour les même raisons en République Démocratique du Congo, la population d’hippopotames du parc des Virunga est passée d’environ 30.000 à 1.300 dans les années 1970.
Pour l’anecdote, il existe une « population sauvage » d’hippopotames en Colombie. Ces animaux proviennent d’un zoo privé établi dans l’hacienda Napoles, domaine du narco trafiquant Pablo Escobar. Ces hippopotames vivaient là parmi, girafes, zèbres, éléphants ou encore rhinocéros où ils barbotaient dans des mares. A l’origine ces hippopotames ont été importés illégalement depuis un zoo Californien. A la chute du trafiquant, l’Hacienda fut laissée à l’abandon puis transformée en parc d’attraction.
Les hippopotames, bien acclimatés se sont reproduits. Certains ont quitté l’hacienda et se sont dispersés dans la nature où ils ont trouvé un milieu favorable notamment dans le Rio Magdalena à une quinzaine de kilomètres. En 2019, leur population était estimée entre 60 et 80 individus dont certains étaient rendus à 200 km de leur point de départ. Cette population pose problème car en plus d’incidents de cohabitation avec les humains, leur présence pourrait interféré sur le milieu naturel et nuire à la faune sauvage locale.
8. Interactions
8.1 Interactions avec l’homme
Les interactions avec l’homme sont assez fréquentes.
Par facilité ou nécessité, les hippopotames font des dégâts dans les cultures proches des points d’eau, champs de maïs, cultures potagères, etc. Ces pillages peuvent conduire à des représailles.
De nombreux accidents mortels pour les humains sont à déplorer dans les zones où ces derniers côtoient ces grands herbivores. Les accidents souvent nocturnes font suite à des charges, des piétinements ou des attaques d’embarcations ce qui confère à l’hippopotame amphibie le statut de mammifères le plus dangereux d’Afrique pour l’homme.
Hippopotame amphibie dans son chenal – hippopotamus amphibius – Parc de la Kafue – Zambie
8.2 Interactions avec le milieu
Les paysages sont largement façonnés par les hippopotames qui créent à terre des réseaux de pistes et des «toboggans» entre l’eau et les berges. Dans les zones inondées temporairement, ils creusent lors de leurs déplacement de profonds fossés (hippos channel) qui forment à la saison sèche un réseau de tranchées utilisées par les prédateurs comme le léopard pour se déplacer discrètement et attaquer ses proies par surprise (South Luangwa). Dans les sites inondés en permanence ils forment des chenaux qui facilitent l’écoulement des eaux (Okavango).
En cas de forte densité des populations d’hippopotames, ces derniers peuvent conduire à une dégradation des sols par piétinement, érosion et surpâturage.
Les excréments fertilisent les lacs et les rivières mais peuvent aussi provoquer des pollutions du milieu si les animaux sont trop nombreux. Ces excréments transportent de grandes quantités de silicium et de carbone, les hippopotames jouant ainsi un grand rôle dans l’apport de nutriments dans les savanes et les milieux aquatiques.
Photo ci-contre: Sur les rives de la rivière Luangwa en Zambie, « toboggan » permettant aux hippopotames d’aller et venir entre l’eau et les pâturages. Ces accès servent également aux autres animaux qui viennent s’abreuver à la rivière.
Les hippopotames amphibies et certaines espèces de poissons se rendent des services mutuels, les premiers en brassant les fonds vaseux lors de leurs déplacements et par leurs déjections nourrissent les seconds qui consomment également les parasites présents sur les premiers.
Les hippopotames se font même nettoyer l’intérieur de la gueule par certains poissons.
Tantales ibis et marabouts sur hippopotames – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie
Le dos de ces grands herbivores sert couramment de perchoir pour l’observation et la pêche, principalement à des oiseaux comme les hérons, marabouts et cigognes.
Tortue sur hippopotame – hippopotamus amphibius – Parc de Mburo – Ouganda
Les pique-bœufs sont très souvent présents sur les hippopotames pour prélever des parasites sur la peau de ces animaux mais aussi pour fouiller dans les plaies fréquentes sur le dos et les flancs de ces mammifères.
Pique boeufs à bec jaune sur hippopotame – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie
Les hippopotames amphibies adultes cohabitent pacifiquement avec les crocodiles du Nil.
Hippopotame et crocodile du Nil – hippopotamus amphibius – Parc de Katavi – Tanzanie
9. Informations complémentaires
9.1. Origine du nom
Le nom hippopotame est issu du grec ancien et signifie cheval de rivière (composé des mots « hippos » voulant dire cheval et « potamos » pour rivière ou fleuve).
9.2. Origine/espèces fossiles
Les premières traces des hippopotamidés sont hors d’Afrique et datent du début du Miocène.
Au pléistocène, au moins 6 espèces peuplaient l’Eurasie dont Hippopotamus incognitus et Hippopotamus major.
Les plus anciennes traces en Afrique sont du pliocène tardif dans le Rift Occidental H. kaisensis.
Des formes naines ont habité Madagascar. H. madagascariensis et H. lemerlei qui a survécu jusqu’à il y a 1.000 ans environ. Madagascar a également été habité par une grande espèce pendant l’Holocène h. laloumena.
Des études génétiques réalisées en 1997 ont mis en évidence la proche patentée des hippopotames et des cétacés.
Ceux-ci auraient eu un ancêtre commun sans doute semi aquatique dont ils auraient divergé il y a environ 40 millions d’années. Hippopotames et baleines sont dépourvus de glandes sébacées et allaitent leur petit sous l’eau.
9.3. Les hippopotames à travers l’histoire
9.3.1 Mythologie égyptienne
La mythologie égyptienne représente la déesse Taouret appelée parfois Thouéris sous les traits d’un hippopotame.
Cette déesse «écoute les prières des femmes enceintes » car elle est protectrice des accouchements.
9.3.2. Georges l’hippopotame de Cuvier
Georges, dont l’origine du surnom reste un mystère est un hippopotame naturalisé « collecté » par Pierre Antoine Delalande en 1818 dans les marais bordant la Berg River au Nord du Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud.
Sa peau et son squelette furent expédiés en France alors qu’en Europe à l’époque on ne connaît l’animal que par le crâne.
Une première description par Georges Cuvier avait déjà été faite à partir d’un fœtus conservé dans de l’alcool. Cuvier revoit sa description de l’espèce en 1820 à partir du squelette rapporté par Delalande, le seul visible en Europe à l’époque.
Georges est ainsi devenu le spécimen type de la sous espèce hippopotamus amphibius capensis (Desmoulins 1825).
La « peau » naturalisée est au Muséum d‘Histoire Naturelle de Blois (photo ci-contre) qui en a fait l’acquisition en 1913 par un don du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.
Le squelette est exposé au MNHN de paris dans la galerie de paléontologie et d’anatomie comparée.
9.3.2 les hippopotames de Louisiane
En 1910 suite à une crise démographique et une pénurie de viande bovine, un membre du Congrès Américain, Robert Broussard établi une proposition de loi pour l’établissement d’une population d’hippopotames amphibies dans les marais de Louisiane. L’objectif était double, fournir de la viande aux américains et limiter la prolifération des jacinthes d’eau dans les bayous. Cette proposition ne se concrétisera jamais.
9.4. Iconographie
Hippopotame attrapant un crocodile – d’après Pierre Belon 1551
Timbres poste de quelques pays d’Afrique représentant l’hippopotame amphibie.
10. Bibliographie
– Klingel, H. 2013. Mammals of Africa, Volume VI Pigs, Hippopotamuses, Chevrotain,Giraffes, Deer and Bovids, Bloomsbury.
– Brueil, M. Mayeur, J.P. Thille, F. Kenya Tanzanie Le guide du safari faune et parcs, Marcus.
– Dorst, J. 1972. Guide des grands mammifères d’Afrique, Delachaux et Niestlé.
– Stuart, C& M. Guide photo des grands mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Kingdon, J. 2006. Guide des mammifères d’Afrique, Delachaux & Niestlé.
– Bourgoin, P. 1955. Animaux de chasse d’AFrique, La Toison D’Or.
– Lamarque, F. 2004. Les Grands Mammifères du Complexe WAP, ECOPAS CIRAD
– Dubois, A. Vers 1860 Le Buffon des familles, Garnier Frères.
– Smithers, Reay, H.N. 2000. Mammals of Southern Africa, Struik.
– Callou, C. Boukef, A.L. Georges, l’hippopotame du muséum de Blois, Revue Espèces N°38 Décembre 2020.
– Corbara, B. Les hippopotames de Pablo Escobar, Revus espèce N°37 Septembre 2020.
– Carnaby, T. 2006. Beat about the bush, Jacana.
– Estes, R.D. 1991. The behavior guide to African Mammals, The University of California Press.
11. Liens
Identification guide for ivory and ivory substitutes (WWF, CITES, Traffic).
Hippos (Hippopotamus amphibius): The animal silicon pump.
L’ancêtre commun des hippopotames et des baleines était-il aquatique ?
The curious adventure of Huberta the hippo.
Huberta, the Wandering Hippopotamus.
Le pachyderme le plus précieux d’Afrique du Sud : Huberta l’hippopotame.
Hippos unleash poop tornado in response to stranger danger.
Facts about hippos.
Podcast: Hippos, manatees, and how the sounds of African wildlife aid their conservation.
Many hunters leave hippos’ corpses behind and return home with just 12 teeth as their “trophies.”
The river horses of Africa.
Taouret, divinité Egyptienne.